La Chronique Agora

Nos élus, ces grands enfants qui ont des lacunes

élus

Difficultés avec la langue française, en mathématiques et en économie : décidément nos élus et parasitocrates ont dû sécher bien des cours.

Nos politiciens ont de sérieux problèmes avec la langue française. Voilà que notre président, qui avait déjà du mal à tenir des propos concordants selon qu’il s’exprimait en français ou en anglais, s’est mis à s’exprimer dans une espèce de franglais passablement ridicule, ce qui permet à la journaliste de Contexte Diane de Fortanier d’ironiser.

Mais aujourd’hui, nous laissons le français de côté et nous allons plutôt nous intéresser au rapport que les décideurs entretiennent avec les autres disciplines.

Ceux qui ont séché le cours de maths

Vous vous souvenez peut-être de Luc Ferry, ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche sous Chirac entre 2002 et 2004. Voici ce que cet ancien professeur de philosophie et de sciences politiques a déclaré mi-février au micro de LCI :

Voilà qui me rappelle le diagnostic d’un bloggeur que j’apprécie et que je cite de mémoire :

« Un gauchiste, c’est quelqu’un qui ne sait pas compter ».

Je n’émettrai pas d’avis définitif sur le fait que Luc Ferry entre dans cette catégorie. Cependant, peut-être faudrait-il un jour s’assurer que nos dirigeants ne sont pas en proie à un « inumérisme » décomplexé qui explique peut-être en partie pourquoi la dette de l’Etat frôle les 100% du PIB…

On compte une kyrielle d’anciens ministres ayant affiché sans vergogne leur dédain pour les bases de l’arithmétique. Xavier Darcos, un successeur de Luc Ferry au ministère de l’Education nationale (sous Sarkozy, entre 2007 et 2009), s’est trouvé incapable de faire une règle de trois sur le plateau de Grand Journal le 3 mars 2008. Il a finalement dû se faire expliquer cette méthode de calcul de niveau école primaire par une chroniqueuse.

Bruno Le Maire, notre actuel ministre de l’Economie et des Finances, s’est quant à lui ridiculisé le 22 février 2011 sur le même plateau, avec pour seule excuse qu’il n’avait « jamais été doué en maths ».

D’où l’hypothèse suivante : Bruno Le Maire aurait-il été choisi en tant que ministre de l’Economie et des Finances non pas en dépit de ses carences, mais plutôt du fait de celles-ci, pour occuper un simple rôle de représentation ?

Vous pourriez m’objecter qu’avec Luc Ferry, Xavier Darcos et Bruno Le Maire, on a affaire à trois hommes de lettres, qu’ils disposent de leur logique propre et qu’ils peuvent par conséquent se passer des maths. Le contraire se défend :

Ceux qui ont séché le cours d’économie

Certains cheminots sont en grève et pourrissent ainsi le quotidien de millions de Français (oui, je suis un peu plus remonté que d’habitude car il m’arrive de prendre le train, et pas qu’un peu). Non contents de vouloir conserver les innombrables privilèges qu’ils ont vis-à-vis du reste de leurs concitoyens, à aucun moment leurs représentants ne font preuve ne serait-ce que d’une once de prospective économique.

Tous n’étant pas des professionnels de la politique, on pourrait peut-être les excuser.

En revanche, quelqu’un qui serait diplômé de l’Ecole centrale de Paris, comme c’est par exemple le cas de Delphine Ernotte, n’a aucune excuse lorsqu’elle nous sort ce genre d’ineptie économique :

Outre le fait que l’existence même d’un service audiovisuel public est pour le moins discutable, quelles sont à votre avis les chances de succès du projet de la présidente de France Télévisions, lorsque l’on se souvient du résultat des précédentes tentatives du genre ? C’est la question que pose l’avocat Rubin Sfadj :

Les actions de madame Ernotte ont certes des répercussions sur vos finances, mais au moins ce n’est pas elle qui enseigne l’économie à vos enfants.

Il y a de quoi être plus inquiet lorsque de ce sont des profs d’économie qui profèrent de tels propos dans les médias :

A gauche, Christophe Ramaux, maître de Conférences à l’Université Paris I et chercheur au Centre d’Economie de la Sorbonne. Ce monsieur a expliqué au micro d’Eric Brunet que « la fonction publique, c’est plus juste, ça réduit les inégalités et c’est moins coûteux que le privé«  avant de conclure qu' »il n’y a pas de lien entre l’emploi public et la dette publique ».

Bref, pour ce membre du collectif des « Economistes atterrés », la « loi de Parkinson », n’existe pas. Rappelons que cette loi empirique établit que quelle que soit la taille de l’enveloppe allouée à une administration (budget, personnel ou temps), elle finira systématiquement cramée dans son intégralité, indépendamment de la légitimité et de la difficulté de la tâche affectée à ladite administration.

S’il n’y a aucun lien entre dette publique et dépense publique, mais alors… pourquoi ne pas en profiter pour nationaliser l’ensemble de l’économie ?

A droite, Thomas Porcher, professeur associé d’économie à la PSB Paris School of Business. Au micro d’Europe 1, cet autre « économiste atterré » omniprésent dans les médias a récemment expliqué que « le blocage de l’économie » est un excellent moyen pour protéger le pays des vilaines réformes du gouvernement.

Plutôt qu’un doctorat en économie, ces deux messieurs n’auraient-ils pas dû faire « l’économie d’un doctorat » ? C’est la question que pose le twittos Vincent Lepage…

Hommes politiques, syndicalistes, patrons de grandes sociétés nationales, professeurs d’économie… j’aimerais bien pouvoir écrire que notre tour d’horizon se termine mais, parfois, même les fonctionnaires de la Banque de France pondent des notes aux conclusions saisissantes :

Pour les agents de l’hôtel de Toulouse, « depuis la crise, on ne constate pas de prise de risque excessive par rapport au marché » au niveau des collatéraux déposés par les banques commerciales auprès de l’Eurosystème (BCE + banques centrales nationales des 19 Etats ayant adopté l’euro).

Tout va très bien : les 700 milliards d’euros de créances douteuses sont un mythe, il n’y a pas de déséquilibre financier entre les pays de la Zone euro (le système de compensation Target 2 ne fait pas le grand écart) et il n’y a bien sûr aucun « zombie dans le placard de la BCE », contrairement à ce qu’on vous raconte dans ces colonnes.

Ma foi, si c’est la Banque de France qui le dit, alors ça doit être vrai…

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