A tous les niveaux, les risques s’accumulent. Croissance, inflation, dette, démographie… La crise pourrait être sans précédent – et ce seront les classes moyennes qui en paieront les pots cassés. Il est temps de vous préparer.
Les dettes continuent de s’accumuler, le bilan des banques centrales augmente et la croissance laisse à désirer, disions-nous hier.
A cela vient s’ajouter un autre point important aux Etats-Unis et en Europe : la démographie. C’est l’un des moteurs de la croissance déterminant pour la croissance potentielle… et il est en chute libre avec la crise sanitaire.
Je rappelle les niveaux de fécondité d’avant crise : 1,87 en France, 1,29 en Italie, 1,26 en Espagne.
Or cette crise sanitaire a provoqué un nouvel effondrement de la natalité. En Espagne, en décembre et janvier, le nombre de naissances a encore chuté de 22,6% par rapport à décembre 2019 et janvier 2020.
Des baisses similaires, écrit le journal El País, ont été enregistrées en Italie (-21,6%) ou même en France (-13%). « Mais », estime le quotidien, « la chute est particulièrement préoccupante en Espagne, qui connaît déjà l’un des plus bas taux de fécondité au monde. »
Il n’y a pas que l’Europe…
Le phénomène se retrouve aussi aux Etats-Unis (voir graphique ci-dessous), où la différence entre naissances et morts, en temps normal de plusieurs centaines de milliers par mois, est tombée à 45 000 en février en mars 2021. Il n’y a pas que les banques centrales qui se japonisent, les utérus aussi.
Cela va peser de façon importante sur le vieillissement de la population à l’avenir, donc sur l’épargne des ménages, la dépendance, la vente de leurs actifs par les retraités pour maintenir leur niveau de vie. Il n’y aura guère plus que la Fed pour acheter les énormes déficits budgétaires et autres par la planche à billets.
Il n’y a plus de marché
Peut-être que le marché va se rendre à l’évidence qu’un cycle de resserrement de la Fed est impossible ?
Vous pouvez constater que même si les taux à 10 ans (graphique ci-dessous) ont remonté depuis leurs plus bas, nous ne sommes revenus qu’au niveau d’avant la crise du Covid, et que cela a nécessité un martèlement continu de déclarations optimistes d’une croissance explosive à l’avenir. Alors les taux vont-ils continuer à monter ?
Pour cela, il faudrait qu’il y ait un marché. Ce n’est pas le cas.
Je vous rappelle que nous sommes dans un régime de prix administrés : les prix de marchés n’existent plus, ce sont les banques centrales – par leurs achats massifs – qui fixent les prix.
De plus, l’activité, très faible, ne génère pas d’inflation classique, celle qui vient d’un décalage entre l’offre et la demande. Dans le cas présent, le risque d’inflation vient de la perte de confiance dans la monnaie car, pour le reste, la situation est plutôt déflationniste sur le long terme même si ici et là quelques tensions peuvent survenir.
Donc, les banques centrales vont-elles continuer de monter les taux directeurs ? La réponse est non.
Vont-elles laisser les taux de marchés continuer à monter ? Encore non.
Vont-elles réduire le rythme de l’imprimante ? Toujours non.
Vont-elles financer de plus en plus les énormes déficits des Etats ? Cette fois : oui !
Quel est le risque ?
Le dernier banquier central indépendant – et probablement le seul – fut Paul Volcker, à la tête de la Fed – et ça remonte à 40 ans. N’attendez donc pas que les banquiers d’aujourd’hui aillent à l’encontre des politiques.
En revanche, en Europe, les problèmes ne viendront pas de la banque centrale, mais plutôt de certains Etats dits frugaux qui manifestent régulièrement leur énervement vis-à-vis des pays du club Med – dont nous faisons partie – qui dépensent sans compter et surtout sans faire le moindre effort pour contrôler la dépense publique tandis qu’eux se serrent la ceinture.
Si les marchés sont sous contrôle de la Fed, quel est le risque ? La dépendance envers les marchés des banques centrales limite en effet la casse possible. Comme celles-ci ne sont pas limitées dans leur volume d’achat, elles iront jusqu’au bout.
Vous remarquerez qu’à chaque fois qu’il y a eu un recul significatif, les banques centrales sont intervenues fort opportunément, au moment critique, pour remonter les marchés. Je serais très surpris qu’elles changent de stratégie maintenant.
C’est l’économie réelle qui va trinquer : ce qu’il reste des classes moyennes, la société dans son ensemble.
C’est ce qu’on vit depuis 2008 : les banques centrales se fichent totalement de l’économie réelle, leur seul mandat est de perpétuer le système et de tout financiariser, même les besoins vitaux comme l’eau, quel qu’en soit le prix.
Le vrai risque serait donc économique et social ? L’exercice d’équilibriste va être de plus en plus compliqué, même pour des maîtres du « en même temps » et de la déformation du sens des mots.
Des illusions, désillusions
Il va falloir expliquer aux chômeurs qu’ils ont l’illusion d’être chômeurs, aux entrepreneurs en faillite qu’ils ont l’illusion d’être en faillite, aux neuf millions de pauvres en France qu’ils n’ont que l’illusion d’être pauvre…
Lorsque la population ne pourra plus se loger parce que les loyers seront hors de prix, que les gens ne pourront pas manger parce qu’ils n’auront pas de quoi se payer un repas, qu’ils ne pourront plus se déplacer – pour ceux qui auront encore un travail – parce que les prix de l’essence auront pris encore 20%, que le pays sera complètement désorganisé, et que les banques seront fermées tandis que les Bourses creuseront toujours l’écart entre les 0,1% et les autres…
… La situation risque de dégénérer rapidement.
Alors rentre-t-on dans une période de stagflation ? Malheureusement, je ne crois pas qu’on s’arrête là. On atteindra plutôt l’effondrement. On s’est trop enfoncés dans l’incompétence et la corruption.
Pour ce qui est de l’inflation, je pense qu’on passera directement à l’effondrement des monnaies, donc à l’hyperinflation.
Maintenant que vous connaissez l’épilogue de ce mauvais film, il faudra vous protéger de l’effondrement de la monnaie. Vous devez diversifier vos devises, acheter des métaux et des actifs réels dans des secteurs résilients, vous débancariser au maximum (dans des banques privées suisses pour ceux qui en ont les moyens, et par achat de métaux pour les autres), vous méfier de l’immobilier et en général de tout ce qui est à la portée des mauvaises intentions de ceux qui nous dirigent.
Je ne sais pas si cela sera suffisant face à des gens prêts à toutes les bassesses dans une illusion de démocratie mais, en tout état de cause, ce sera mieux que de rester dans le déni et de ne rien faire.