La Chronique Agora

Du dollar à l'euro, la solution miracle aux déficits américains

▪ Cette semaine, les politiciens américains ont débattu des propositions destinées à lutter contre la faillite nationale. Tout ce qu’il en est ressorti, ce sont de nouvelles preuves — non qu’il y en ait eu besoin — que les Etats-Unis sont gouvernés par des idiots et des canailles.

Mais nous avons une proposition. Une proposition hardie et courageuse, qui permettra à la fois de résoudre la crise du dollar et de protéger l’intégrité des finances américaines — d’un seul coup.

Pour remettre les choses en perspective, nous commençons avec un peu d’actualités.

Robert Gates, le chef des armées américaines, déclare que les Etats-Unis « perdront de l’influence » si les réductions budgétaires sont mises en place.

Nous soupçonnons M. Gates de plaider sa propre cause. C’est-à-dire qu’il a un carnet de l’épaisseur de Guerre et paix avec les noms des personnes et des entreprises qui profitent des dépenses du Pentagone. Des coupes budgétaires seraient très certainement mal vues par tous ces gens.

Mais seraient-elles aussi mal vues par les contribuables ?

▪ Nous répondrons à cette question en deux temps. D’abord, nous nous demandons en quoi « l’influence » des Etats-Unis leur est utile, très concrètement ? Le pays dépense des milliards pour des garnisons situées dans des parties diverses et insignifiantes de la planète. Il envoie des troupes mener plusieurs « guerres » sans aucun raison particulière sinon qu’elles sont disponibles. On pourrait supposer que les Etats-Unis « influencent » les gens proportionnellement à l’argent qu’ils leurs versent, ou à ce qu’ils peuvent dépenser pour les protéger de groupes rivaux.

Mais à quoi sert cette « influence » ? Aucune explication n’a jamais été donnée.

L’empire américain a toujours été une catastrophe du point de vue financier. Son activité principale est, grosso modo, le racket. L’empire établit sa paix… et demande qu’on lui paie des tributs en retour. Il fait souvent la guerre… pour étendre ses parts de marché et piller les vaincus.

Les Etats-Unis n’ont jamais attrapé le coup de main. Ils torturent quelques personnes. Ils en assassinent une ou deux. Ils envahissent. Ils occupent. Ils dépensent. Mais où est la récompense ?

Certains analystes affirment que l’objectif impérial a toujours été le même : maintenir le flot de pétrole à bas prix. La civilisation américaine, en tant que telle, en dépend. Mais attendez. Le Japon, l’Allemagne et tous les autres pays du monde achètent du pétrole eux aussi — exactement aux mêmes termes. Les Etats-Unis fournissent la protection, mais ils n’en tirent aucun avantage.

Influence, mon oeil. C’est un mauvais business model. Plus vite les Etats-Unis l’abandonneront, mieux ils se porteront.

▪ Venons-en à la seconde partie. Non seulement « l’influence » n’a aucune valeur… mais elle ne peut durer que tant que les Etats-Unis ne font pas faillite. C’était là la brillante idée de Ben Laden ; il avait réalisé qu’il pouvait réduire l’influence des Etats-Unis en les poussant à dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas dans une guerre qu’ils ne pouvaient gagner. Il avait raison. Si les Etats-Unis continuent à dépenser à leur rythme habituel, ils mettront bientôt la clé sous la porte.

Vous pouvez faire le calcul vous-même. Ajoutez quelques déficits à 1 500 milliards de dollars à la dette américaine. En cinq ans, vous obtiendrez une dette équivalant à 50% du PIB. Additionnez ça à la dette existante, et arrondissez à 20 000 milliards de dollars. Maintenant, calculez un taux d’intérêt de 5%. Abracadabra ! Vous avez effacé deux tiers des recettes fiscales rien qu’avec les intérêts.

Même les membres du Congrès US peuvent voir le désastre arriver. Ils parlent de mesures visant à faire dérailler la dette. Voici ce qu’en dit le Wall Street Journal :

« Des officiels de la Maison Blanche et du Congrès ont déclaré mardi qu’ils se rapprochaient d’un accord budgétaire installant un ‘versement initial’ de plus de 1 000 milliards de dollars de réduction des déficits fédéraux au cours de la prochaine décennie ».

Eh bien, qu’en pensez-vous ? Des mots, des mots, des mots. Les autorités affirment être sérieuses concernant les réductions de dépenses, n’est-ce pas ?

Mais 1 000 milliards de dollar sur 10 ans ? Vous appelez ça sérieux ? Alors que les Etats-Unis accumulent des déficits de plus de 1 000 milliards chaque année ? S’ils continuaient au rythme des trois dernières années, cette proposition signifierait une dette additionnelle de 14 000 milliards de dollars « seulement », au lieu de 15 000 milliards.

Sérieuses ? Pas le moins du monde.

Les autorités financeront plus probablement ces gigantesques déficits grâce à une version ou une autre de l’assouplissement quantitatif — c’est-à-dire l’impression monétaire.

▪ La solution à tout ça ? Passer à l’euro ! Les Etats-Unis devraient abandonner le dollar et adopter l’euro. Ça semble insensé ? Réfléchissez aux avantages.

Premièrement, l’euro est plus coloré. Il est plus joli à regarder et plus amusant à utiliser.

Deuxièmement, l’euro vaut plus que le dollar ; plus besoin d’avoir autant de monnaie en poche.

Troisièmement, plus besoin de convertir ses devises lorsqu’on voyage d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique.

Quatrièmement, l’Europe est la plus grande unité économique au monde. Le fait d’avoir une devise commune facilitera le commerce.

Cinquièmement, la Fed ne contrôle pas la valeur de l’euro. Elle est plutôt contrôlée par les banquiers européens, qui sont généralement faits d’une étoffe plus rude que Bernanke et al.

Sixièmement, les banquiers européens n’imprimeront pas des euros à tour de bras simplement pour aider les Etats-Unis à poursuivre leur programme de dépenses imprudentes.

Septièmement, incapables de bidouiller leur propre devise et de faire jouer l’inflation pour effacer leurs dettes, les Etats-Unis devront réduire leurs dépenses.

Huitièmement, les pleurnichards, les escrocs et ceux qui attendent quelque chose en l’échange de rien aux Etats-Unis pourront gémir tout leur soûl : Jean-Claude Trichet s’en fichera comme d’une guigne.

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