La Chronique Agora

Guerre des droits de douane : Trump frappe, les agriculteurs paient

Derrière la rhétorique de fermeté commerciale, une réalité implacable : inflation, déficit et subventions d’urgence.

AOL News rapporte :

« Le président Trump a annoncé lundi un plan d’aide agricole de 12 milliards de dollars, une somme qui, selon lui, ‘n’aurait pas été possible sans les droits de douane’.

‘Nous accordons une aide aux agriculteurs parce qu’ils ont été maltraités par d’autres pays’, a déclaré Trump. »

Maltraités ? Ont-ils été bousculés à la frontière ? Moqués pour leur accent rural ou leurs vestes Carhartt ? Contraints de révéler les produits chimiques qu’ils utilisent ?

AOL précise pourtant :

« Certains agriculteurs et économistes ont rapidement souligné que les difficultés rencontrées par le monde agricole — et les ‘mauvais traitements’ évoqués — sont en grande partie la conséquence directe des mesures tarifaires prises par Trump lui-même. »

Depuis 1999, les exportations agricoles américaines avaient triplé. Les agriculteurs produisaient. Les acheteurs achetaient. Les conditions étaient négociées librement. Les désaccords se réglaient — tant bien que mal — sans intervention massive de Washington.

Puis le gouvernement fédéral est intervenu.

Rappelez-vous la règle générale : plus le gouvernement fédéral s’immisce dans l’économie, plus la situation empire. Les revenus baissent… les prix des actifs réels chutent et les occasions d’escroquer le public se multiplient. Voici le dernier exemple en date :

Donald Trump a déclenché une guerre commerciale. D’autres pays ont riposté. Les exportations agricoles ont chuté. Les revenus agricoles ont également chuté. Ainsi, au lieu de tirer leurs revenus de leurs clients, les agriculteurs devraient désormais recevoir 12 milliards de dollars des contribuables.

Qui décide qui reçoit quoi ? Comment, quand, où ? C’est là que l’arnaque commence. Tout comme la fausse monnaie, l’aide agricole n’est pas accordée en échange de biens et de services honnêtes, mais provient du Grand Chef à Washington… qui peut la distribuer plus ou moins comme bon lui semble.

Et d’où viendra l’argent ? Reuters rapporte :

« Les Etats-Unis affichent un déficit budgétaire de 173 milliards de dollars en novembre »

En d’autres termes, le déficit d’un seul mois est presque équivalent à l’ensemble des exportations alimentaires de l’année précédente. Et si les déficits se poursuivent à ce rythme, le déficit annuel atteindra 2 000 milliards de dollars, tandis que la dette nationale dépassera les 40 000 milliards de dollars.

Mais inutile de s’inquiéter, nous dit-on. ABC News nous explique que l’argent destiné à indemniser les agriculteurs proviendra des recettes douanières. Donald Trump a déclaré à ce sujet :

« Je suis ravi d’annoncer que les Etats-Unis prélèveront une petite partie des centaines de milliards de dollars que nous percevons en droits de douane… et nous allons les donner et les fournir aux agriculteurs sous forme d’aide économique. Et nous aimons nos agriculteurs… »

Le problème est que ces recettes tarifaires étaient déjà intégrées dans le budget fédéral. En retirer 12 milliards de dollars pour les redistribuer aux agriculteurs signifie mécaniquement une augmentation de la dette. Et les coûts liés au service de cette dette sont supportés par les mêmes ménages qui doivent désormais payer plus cher pour pratiquement tout.

The Independent rapporte :

« Les taxes radicales imposées par le président Donald Trump sur les importations ont coûté près de 1 200 dollars à chaque foyer américain moyen depuis son retour à la Maison-Blanche cette année… »

Et selon un rapport des démocrates de la commission économique mixte du Congrès :

« La part des consommateurs américains dans la facture s’est élevée à près de 159 milliards de dollars, soit 1 198 dollars par foyer, entre février et novembre… »

Officiellement, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 26 % depuis 2020. Mais quiconque a acheté un hamburger chez McDonald’s ou mis les pieds dans un Whole Foods a du mal à y croire. Les prix de la restauration rapide, par exemple, ont augmenté de 77 % sur la même période.

Et les consommateurs n’apprécient manifestement pas cette évolution. The Daily Beast rapporte :

« Trump enregistre son pire taux de popularité en matière d’économie. »

Même au sein du Bureau ovale, il a fallu reconnaître l’ampleur du problème. La BBC rapporte :

« Le président américain Donald Trump a signé un décret autorisant une série de produits alimentaires, notamment le café, les bananes et le bœuf, à échapper à ses droits de douane généralisés.

Cette décision intervient alors que son administration fait face à une pression croissante liée à la hausse des prix. Après avoir longtemps minimisé les inquiétudes concernant le coût de la vie, Trump s’y intéresse désormais davantage depuis les mauvais résultats de son parti républicain aux élections de la semaine dernière. »

Au sein du pays, les autorités fédérales tentent ainsi de réparer une partie des dégâts qu’elles ont elles-mêmes provoqués, en réduisant leur programme favori et en achetant le soutien des agriculteurs à coups de subventions directes.

Lundi, nous verrons qui remportera la guerre des droits de douane à l’étranger.

Les Chinois, pour leur part, ont été frappés par un droit de douane de 145 %, à la suite de la performance de Trump lors du « Jour de la libération ». Ce taux a ensuite été ramené à 30 %. Mais le message a été parfaitement compris. Pékin a vu qu’il ne pouvait pas faire confiance aux Etats-Unis et a commencé à se diversifier.

CNN rapporte :

« La réponse de la Chine aux droits de douane ? Un excédent commercial de 1 000 milliards de dollars. »

Il y a tout juste un an, les fabricants chinois, craignant une nouvelle guerre commerciale, s’étaient empressés d’augmenter leurs exportations après la victoire électorale du président américain Donald Trump, qui avait promis d’imposer des droits de douane punitifs sur les importations chinoises en raison du déficit commercial croissant des Etats-Unis. Un an plus tard, Trump a tenu sa promesse. Mais la Chine, elle, a changé de cap et augmenté ses exportations.

La guerre commerciale n’est peut-être pas terminée. Mais jusqu’à présent, une question demeure : qui est en train de l’emporter ?

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