La Chronique Agora

Le Dow Jones à 20 000 ?

Bourse, Dow Jones, krach, inflation

Alors que la chute des Bourses se poursuit, certains médias se demandent jusqu’où elle ira. Pour nous, ce n’est qu’une partie de la question…

« Le Dow Jones passera-t-il sous la barre des 30 000 ? » C’est la question que pose le titre d’un récent article de Barron’s.

Eh bien… oui… ce sera probablement le cas.

Au cours des 40 dernières années, la Fed a favorisé les investisseurs avec des taux d’intérêt artificiellement bas. Maintenant, comme le ferait un mauvais ami, elle se retourne contre eux.

La Fed augmente les taux et met un frein à l’inflation qu’elle a provoquée. Le problème est que, au cours des 13 dernières années, les investisseurs, les entreprises et les ménages se sont tous habitués à emprunter de l’argent à des taux anormalement bas. Ils en sont venus à s’y fier. Maintenant, ils doivent avoir l’impression que la Fed les a piégés… pour ensuite leur couper l’herbe sous le pied.

Où le krach finira-t-il ?

Les 30 000 points seront-t-ils le niveau le plus bas ? Pour nous, 20 000 serait le plus probable. Parce que des taux plus élevés affectent l’économie aussi bien que le marché boursier. Les ventes et les profits diminuent. Très vite, le Dow Jones passe sous la barre des 30 000 et se rapproche des 20 000. Bloomberg :

 « Le ‘docteur Catastrophe’ Nouriel Roubini s’attend à une ‘longue et horrible’ récession et à une chute des actions de 40%.

‘Même dans une récession ordinaire, le S&P 500 peut chuter de 30%’, a déclaré M. Roubini, président et directeur général de Roubini Macro Associates, dans une interview lundi. En cas de ‘véritable atterrissage brutal’, auquel il s’attend, il pourrait chuter de 40%. »

Bien sûr, le Dow Jones pourrait ne pas baisser du tout. Il pourrait ne pas avoir à le faire. Il pourrait simplement rester où il est… et la hausse de l’inflation ferait baisser le prix réel des actions. C’est ce que l’as des investisseurs Stanley Druckenmiller semble prévoir. Markets Insider :

« L’investisseur milliardaire Stanley Druckenmiller prévoit que le marché boursier restera plat pendant une décennie.

Cela est dû à un recul de la mondialisation et à une politique monétaire accommodante.

La Fed a déjà augmenté les taux d’intérêt quatre fois cette année. »

Richesse coupée en deux

Druckenmiller rappelle ce qui s’est passé entre 1966 et 1982. A la fin de cette période, les cours des actions étaient à peu près au même niveau qu’à son début. Entre-temps, l’inflation avait effacé 70% de leur valeur réelle.

La baisse des cours a déjà fait perdre environ 15,5% au Dow Jones, depuis un an. En outre, sur cette même période, l’inflation a été d’environ 8%. Les investisseurs ont donc perdu environ 23,5% de leur richesse, en termes réels. Si l’année prochaine se déroule de la même manière, la richesse du marché boursier sera presque réduite de moitié. D’une manière ou d’une autre, les investisseurs vont perdre de l’argent.

Tout cela serait logique, et satisfaisant. Justice a été rendue. Ce qui monte, redescend. La fausse richesse retourne d’où elle vient. Et les spéculateurs obtiennent ce qu’ils méritent.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ; c’est toujours le cas. Même si les marchés étaient autorisés à corriger leurs excès – dans un type de marché baissier décrit par le Dr Catastrophe – il y a toujours ces 90 000 Mds$ de dettes. Que faire avec cela ?

Nous rappelons aux lecteurs d’où vient cette dette. Quand la Fed a mis les taux à des niveaux absurdes – zéro ! – cela a fait grimper le prix des actions. Mais cela a aussi encouragé les gens à emprunter. Le plus gros emprunteur de tous a été le gouvernement américain, qui a ajouté 24 500 Mds$ à sa dette depuis 1999 et qui est maintenant dans un gouffre de 30 000 Mds$.

Lorsque vous devez 100 $, vous pouvez vous demander comment vous allez rembourser votre dette. Mais lorsque vous devez 90 000 Mds$, vous vous demandez comment vous allez pouvoir faire défaut. C’est vraiment le thème financier central de notre époque.

La « basse-flation »

Dans les Etats-Unis d’aujourd’hui, les décideurs – gauche et droite… républicains et démocrates – ne sont pas d’accord sur grand-chose. Il y a tout de même un point sur lequel ils s’alignent comme des soldats de plomb : quelqu’un va payer pour toutes les erreurs, les gabegies et les bêtises du gouvernement américain, mais ce ne sera pas eux.

Pour l’instant, nous n’en sommes qu’aux premiers stades de ce qui promet d’être une énorme correction. Pendant plus de 30 ans, la Fed a créé un monde imaginaire de taux d’intérêt ultra-bas (comme si l’argent n’avait aucune valeur)… de « faible inflation »… et de prix des actifs en hausse éternelle.

Cette époque de bulle est terminée. Les prix à la consommation augmentent. La Fed est piégée. C’est « l’inflation ou la mort ». Si elle maintient les taux d’intérêt à un niveau inférieur au taux d’augmentation des prix à la consommation – et « imprime » plus d’argent – l’inflation va s’aggraver… et détruire l’économie, le gouvernement, et notre société civile aussi. Tous les Américains en paieront le prix, en d’autres termes.

Mais si elle continue à augmenter les taux pour contrôler l’inflation, l’économie de la bulle meurt rapidement – et l’élite, qui a causé le problème – paiera la majeure partie de l’addition. Les actions chutent… le Dow pourrait descendre sous les 20 000… et les décideurs (qui possèdent la majorité de nos actions et obligations) perdront, disons, 50 000 Mds$. Ils perdront aussi une grande partie de leur marge de manœuvre. L’époque des déficits illimités sera également révolue. Ils ne pourront plus distribuer des milliers de milliards de dollars à leurs amis et partisans.

Ils ne vont pas aimer ça. Mais que peuvent-ils faire ? Nous verrons cela demain…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile