La Chronique Agora

Le deuil des dettes

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Alors que 50 000 Mds$ semblent prêts à s’envoler vers le paradis des monnaies, qui versera une larme à leur enterrement ?

Flash info : nous n’en avons pas fini avec l’inflation. Breitbart rapporte :

« L’indice des prix à la consommation (PCE) a augmenté de 3,3% en juillet par rapport à l’année précédente, selon le bureau de l’analyse économique. C’est la première accélération du rythme du PCE depuis avril, après un niveau de 3% observé en juin. »

Et le Daily Mail :

« La mesure d’inflation préférée de la Fed remonte à 4,2% alors que les coûts de logement et de santé augmentent. »

La question clé est : et ensuite ? Est-ce que l’inflation va repartir à la hausse ? Jusqu’oùu va-t-elle retomber ?

Il y a 95 000 Mds$ de dettes aux Etats-Unis, dont environ 50 000 Mds$ de dettes « excessive » – de la dette qui ne pourra probablement pas survivre à un cycle entier de hausses de taux d’intérêt. D’une manière ou d’une autre, une grande partie de ces 50 000 Mds$ devront disparaître – soit par l’inflation, soit par la déflation.

Pour anticiper ce changement, aujourd’hui, nous allons nous tourner vers l’avenir… ce qui signifie, en pratique, que nous enfilerons un costume sombre pour aller au cimetière. Nous voulons voir qui sera présent… et qui aura le cœur brisé.

Des larmes sur la tombe

Nous avons déjà établi que la dette excessive est une erreur du passé. (La Fed a gardé son taux trop bas pendant trop longtemps… provoquant la création de beaucoup trop de dettes.) Mais essayer de résoudre ce problème avec de l’inflation sape les perspectives futures. L’instabilité des prix va faire souffrir l’économie entière. Les salaires réels n’arrivent pas à suivre. Les investissements dans les industries qui construisent de la richesse sur le long terme disparaissent. Les taux de croissance diminuent. La classe moyenne disparaît peu à peu. Les gens s’appauvrissent.

Mais nous savons aussi que laisser la bulle de la dette mourir (par la déflation) frappe les riches et les puissants particulièrement fort. Ils sont ceux qui détiennent des actifs financiers. Quand les prix baissent, ils perdent leur richesse.

D’une manière ou d’une autre, il y a environ 50 000 Mds$ qui se dirigent vers le paradis des monnaies. Ils peuvent s’y rendre rapidement, lorsqu’un krach a lieu. Ou bien, ils peuvent prendre les escaliers pour y parvenir… écrasés sous le poids de l’inflation.

Alors, qui sera au rendez-vous, en deuil… des mouchoirs recueillant doucement les larmes… tandis que l’odeur des lys se répand dans l’air ? Va-t-on y voir des costumes italiens… des sacs à main Chanel ? Ou des vêtements achetés en soldes, et un ensemble porté pour la dernière fois 20 ans plus tôt, à l’enterrement d’un parent ?

Qui sont ces gens qui pleureront autour de la tombe ? Qui regrettera le défunt ?

S’il n’en tenait qu’à nous, ce seraient les riches hommes au nord de Richmond. Ils sont ceux qui ont le plus profité de l’« erreur » de la Fed. Ceux à qui a été donné le plus sont ceux qui peuvent rendre le plus.

D’après Statista, deux des régions métropolitaines les plus riches des Etats-Unis se trouvent… de manière surprenante… juste au nord de Richmond. Le Maryland – où habitent de nombreux fonctionnaires fédéraux – avait en 2021 un revenu médian des ménages de 97 332 $. Washington DC est juste derrière, avec un revenu médian de 90 000 $.

En 1971, les dettes des foyers, entreprises et gouvernement américains réunies atteignaient moins de 2 000 Mds$. Et c’étaient des dollars au sang rouge, fiables, adossés à l’or, et qui fumaient des cigarettes, à l’époque. Mais cette année-là, les autorités ont changé la nature du dollar. Il est devenu par la suite une chose étrange et contre nature ; nous savions à peine quoi en faire.

La grande séparation

Il y a rapidement eu plus de ces étranges dollars en circulation qu’il n’y avait jamais eu de leur prédécesseur. Et vous pouvez deviner où ils sont partis.

Voici les chiffres remarquables donnés par l’ex-directeur du budget de la Maison-Blanche David Stockman :

« En 1989, la richesse nette collective du 1% de foyers les plus riches des Etats-Unis pesait 4 800 Mds$, soit 6,2 fois les 775 Mds$ de la richesse nette collective des 50% de foyers les moins riches. Au premier trimestre 2022, en revanche, ces chiffres étaient plutôt de 45 000 Mds$ contre 3 700 Mds$, ce qui signifie que le rapport entre les deux chiffres était désormais de 12,2.

En arrondissant ces chiffres, par conséquent, les 1% les plus riches ont accumulé 40 000 Mds$ durant ces 33 années, contre 3 000 Mds$ pour les 50% les plus pauvres.

Exprimé différemment, il y a actuellement 65 millions de foyers dans ces 50% les plus pauvres, qui disposent d’une richesse nette moyenne de seulement 56 000 $. Ce chiffre est à comparer avec les 1,2 millions de foyers formant les 1% les plus riches, qui affichent une richesse nette moyenne de 38 M$. »

Si la Fed laissait la bulle du crédit « mourir »… une grande partie de ces 38 M$ par famille riche disparaîtrait. Dépréciations, défauts, marchés baissiers et banqueroutes… les riches subiraient les pertes qu’ils méritent.

Ils ont mesuré leur richesse non pas par la vraie production de l’économie, mais par la monnaie surévaluée de Wall Street. Si Paul Volcker était toujours à la tête de la Fed, il aurait probablement un commentaire à faire sur le sujet. Au début des années 1980, il a mis le système entier à genoux – avec un taux directeur de la Fed à 20% – et restauré la confiance dans le dollar. Avant qu’il ait terminé son œuvre, l’inflation était battue et les actions se sont retrouvées à des prix plus bas que jamais. Une mesure similaire aujourd’hui séparerait les riches d’une grande partie de leurs gains mal acquis. Chacun de ces foyers pourrait se retrouver avec seulement 20 M$ de richesse environ. Les larmes suivraient.

« Au moins, ils (les valeurs des actifs morts) n’auront pas souffert trop longtemps », pourraient se rassurer les proches en deuil. « Quand la fin est venue… elle est venue vite. »

En 1983, l’inflation aux Etats-Unis avait chuté à 3,2% – un niveau plus bas qu’aujourd’hui. Le travail fut vite achevé. Et avec succès. L’économie américaine est repartie de plus belle pendant les deux décennies suivantes.

Mais nous rêvons, n’est-ce pas ?

Mort par décision politique

Inflation ? Déflation ? Ce sont largement (même si pas entièrement) des décisions politiques. Et les décisions politiques sont prises par les riches hommes au nord de Richmond.

Nous supposons que ce n’est pas ceux que nous trouverons assemblés au cimetière. Ce n’est pas leur monnaie qui mourra. A la place, ils choisiront la première option, la panacée déjà bien éprouvée des gouvernements négligents à travers les âges – l’inflation. Partant de là, imaginez l’assemblée endeuillée.

Pas de costumes italiens. Pas de sacs à main Chanel. Pas de Mercedes sur le parking. Pas de portefeuille exhaustif… pas de gains boursiers considérables. Nous parlons des Etats-Unis moyens, pas des 1% les plus riches. Ils paieront plus cher leur lait et leur fromage… leur maison et leur voiture.

Eux, les gens dont l’épargne a été réduite en morceaux par les taux bas de la Fed… dont les salaires ont stagné pendant un demi-siècle… dont les emplois ont été délocalisés en Chine… dont les valeurs traditionnelles ont été moquées par les élites…

… leurs têtes baissées… leurs portefeuilles vides… ils continueront à payer des prix à la consommation plus élevés pour garder la bulle des élites bien gonflée.

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