▪ Eh bien eh bien… voilà qui devient intéressant…
« Comment les consommateurs zombie menacent l’économie mondiale », titre un article de Stephen Roach, professeur à l’université de Yale. M. Roach utilise le terme « zombie » à mauvais escient, mais il commence à comprendre ce qui est vraiment en train de se passer.
Enfin, disons qu’il commence à voir les choses comme nous !
La dette grecque à deux ans rapportait plus de 30% vendredi. Tout le monde dit que la situation est sombre. Et tout le monde tombe d’accord pour dire que, cette fois-ci, les Grecs ne vont probablement pas s’en sortir sans un défaut d’une sorte ou d’une autre.
C’est un grand moment pour la vie intellectuelle et morale de la planète. Les gens réalisent soudain qu’on ne peut pas faire disparaître les mauvaises dettes en empilant de nouvelles dettes par-dessus. Oui, quand on fait des erreurs, il faut les payer.
Peut-être cette idée pourrait-elle être approfondie pour permettre une compréhension plus large de la manière dont le monde fonctionne. Il est peut-être vrai, après tout, qu’on ne peut pas créer de la vraie richesse en imprimant des morceaux de papier. Et il est peut-être également vrai que les économistes travaillant pour les banques centrales ne savent pas mieux gérer une économie qu’une fourmilière. Peut-être que la planification centrale ne fonctionne pas, finalement ?
Et peut-être qu’il ne faudrait simplement pas faire certaines choses… comme dépenser trop d’argent. Ou tuer des gens, même si on ne les aime pas. Ou molester des femmes de chambre.
Oui, cher lecteur, peut-être que certaines choses sont bonnes… et d’autres sont mauvaises — quel que soit votre degré d’intelligence.
▪ Comme l’expliquait M. Yanis Varoufakis, professeur d’économie à l’Université d’Athènes, à l’International Herald Tribune :
« Lorsqu’on est insolvable, on ne résout pas les choses avec de nouveaux prêts plus élevés ».
En Europe, les autorités financières très intelligentes se sont passé la patate chaude. A présent, elles se brûlent les doigts.
Aux Etats-Unis, la pomme de terre brûlante a atteint la taille d’un baril.
Le problème de l’Europe, c’est la dette souveraine — la dette gouvernementale — et la dette bancaire. Le problème des Etats-Unis, c’est la dette privée maintenant, la dette gouvernementale plus tard.
L’Europe pourrait résoudre ses problèmes relativement facilement. La Grèce n’a pas vraiment d’importance pour quiconque — pas même pour les Grecs. On pourrait l’abandonner. La libérer. Lui permettre de faire faillite, comme nous l’avions prédit il y a quelques temps.
Le problème, c’est que l’os de la cheville est lié à l’os de la jambe… et l’os du pied est lié à l’os de la cheville. Sans pieds ni jambes, l’Europe ne peut pas marcher. Les grandes banques — en particulier les banques françaises — détiennent de la dette grecque. Si les prêts tournent vraiment mal, les banques feront probablement faillite aussi. Voilà pourquoi Moody’s a rétrogradé les banques la semaine dernière.
Selon la presse, les autorités s’inquiètent du fait qu’une chose en mène à une autre… et bientôt, tout sera hors de contrôle. Ils disent avoir peur d’un « nouveau Lehman ». Mais ce qui les effraie vraiment, c’est autre chose. C’est un « nouveau Creditanstalt » qui leur fait le plus peur.
Creditanstalt était une banque autrichienne qui a fait faillite en 1931. Avant qu’elle ne coule, la plupart des gens n’en avaient jamais entendu parler. Une fois qu’elle s’est retrouvée dans l’incapacité de payer ses dettes, elle est devenue très célèbre. La banque devait beaucoup d’argent à beaucoup d’autres banques… si bien qu’elles aussi se retrouvèrent incapables de payer leurs factures… puis le système bancaire tout entier fit faillite. Il en résulta la Grande dépression — au cours de laquelle, rien qu’aux Etats-Unis, près de la moitié des 25 000 banques firent faillite.
Les autorités veulent éviter une Grande dépression. C’est bien compréhensible. Alors quel est le plan ? Faire passer la patate chaude un peu plus loin ? Que feront-elles quand elle leur reviendra ?