La Chronique Agora

Dette, la meilleure et la pire des choses

La question de la dette est indissociable de celle de la monnaie. Les banques centrales se démènent pour gérer les deux, et ce faisant, elles sont entrées dans un engrenage implacable…

Le système de la dette est un système double face, ce qui n’a rien d’étonnant philosophiquement.

C’est un système Janus avec un côté pile et un côté face, avec la coexistence conflictuelle indissociable du meilleur et de la pire de choses. Je dis souvent que la dette, c’est comme la langue d’Esope : la meilleure et la pire des choses.

Passif douloureux pour les uns, actif enrichissant pour les autres, la dette n’est pas un en-soi, c’est un rapport social.

Ce que j’appelle la médaille de la dette tient par une tranche – et cette tranche, c’est le rapport social.

Le rapport social, c’est une chose complexe faite de sociologie, de pouvoir, de politique, de culture, etc. Quand les rapports sociaux changent, la dette change – c’est ce que nous montre l’exemple des emprunts russes ou celui des vieux emprunts placés en France au début du siècle précédent !

Monnaie = dette

Il est important de le dire et le redire, car notre monnaie, c’est de la dette.

Ce n’est pas, comme veut le faire croire « l’économie-bidon-classique-de-l’establishment », une marchandise dont le prix s’établit par l’offre et la demande. Ce n’est pas non plus un jeton d’institution d’Etat, comme veulent le faire croire les égarés de la TMM (Théorie monétaire moderne).

Non, la dette, la monnaie – tout cela, c’est du rapport social.

Et ce rapport social, il est concret, décentralisé ; il est fragmenté, il est divers, variable – il est fragile. C’est du rapport social qui vient d’en bas.

Face à cette diversité et à cette fragilité, les banques centrales emploient toutes leurs forces pour unifier, pour socialiser, pour centraliser. Elles créent de la « monnaie banque centrale » ; elles font tenir dans des corsets de taux, elles absorbent les pertes – et donc, dans leur bilan, elles socialisent et nationalisent.

Elles déploient une énergie considérable pour faire tenir le système, pour imposer des prix et des rapports de prix. C’est le déploiement de cette énergie de centralisation/socialisation qui va les perdre.

Elles sont prises dans un engrenage dont on ne sort pas.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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