La Chronique Agora

La dette des Etats n'est qu'une partie d'un phénomène bien plus vaste

▪ Que se passe-t-il ? Nous n’en savons rien. Mais nous voyons beaucoup de peaux de banane sur les trottoirs financiers en ce moment. Soyez prudent, cher lecteur ; soyez très prudent.

Un journal nous dit que le plan français de sauvetage grec a été abandonné. Un autre nous annonce qu’un nouveau plan de sauvetage est à l’étude. Un autre encore contredit les deux premiers.

L’Allemagne ne veut pas d’une Europe où l’argent est transféré à des fourmis vers les cigales ; elle ne veut pas que les Grecs et les Portugais utilisent la carte de crédit des Teutons. La France ne veut pas d’une Europe dans laquelle on laisse les banques faire faillite simplement parce qu’elles sont incompétentes. Et l’Italie ne veut pas d’une Europe sans bunga-bunga.

Dans le monde actuel, une personne douée de réflexion ne peut qu’être embarrassée par son propre gouvernement, où qu’elle se trouve — mais l’Italie est quand même un cas à part. Le pays est le troisième débiteur de la planète, avec une dette équivalente à 120% du PIB.

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Etant donné la situation, les Italiens ne peuvent laisser aucun doute quant à leur capacité à gouverner leur pays de manière responsable et rembourser leurs dettes. Pourtant, le Premier ministre, Silvio Berlusconi, a viré la seule personne en Italie en laquelle les investisseurs avaient confiance, son ministre des Finances.

« Il n’a pas l’esprit d’équipe », a déclaré M. Berlusconi. « Il pense qu’il est un génie, et que tous les autres sont des crétins ».

Parallèlement, le Telegraph rapporte que M. Tremonti vit dans une maison — sans payer de loyer — appartenant à un allié politique qui vient d’être arrêté pour corruption.

« Le gouvernement a cessé d’exister il y a des mois », selon un commentaire éditorial de La Repubblica. « Nous avons une bande de poltrons dansant sous le volcan, et le volcan est sur le point d’entrer en éruption ».

Les lecteurs de la Chronique Agora observent le panache de fumée grimper depuis des mois — et pas uniquement depuis le Vésuve en Italie. Nous voyons de la fumée s’élever depuis le Krakatoa en Asie, et Mt Saint Helens en Amérique du Nord également.

Il ne fait aucun doute que l’Europe a des problèmes. George Soros est d’avis qu’il lui faut « un plan B ».

Mais de la manière dont nous voyons les choses, le monde entier a besoin d’un plan B. Peut-être même d’un plan C.

En Europe, les gouvernements sont ruinés. Ils ont trop emprunté. Ils ne peuvent rembourser leurs dettes que si les taux d’intérêt restent bas… ou s’ils obtiennent un renflouage. Pour l’instant, les autorités centrales sont venues en aide aux états de la périphérie. La Grèce, par exemple, est tellement insignifiante que les autorités européennes peuvent se permettre d’aggraver ses problèmes. C’est-à-dire qu’elles peuvent lui donner de plus en plus de crédit pour qu’elle puisse faire semblant d’être solvable.

Mais les prêteurs ont récemment commencé à se dire que les plus grands débiteurs — notamment l’Espagne et l’Italie — ne vont pas tarder à avoir eux aussi des problèmes.

▪ Comparez les deux pays aux Etats-Unis, toutefois, et vous vous rendrez compte qu’ils ne vont pas si mal. L’Italie, par exemple, a un déficit inférieur de moitié à celui des Etats-Unis. Quant à la dette, elle est à peu près au même niveau que celle des Etats-Unis, selon la manière dont on la calcule. Mais tandis que le ratio dette/PIB du gouvernement italien ne s’est dégradé que de 11% au cours des 10 dernières années, le ratio dette/PIB des Etats-Unis a empiré de pas moins de 45%.

Les investisseurs jugent pourtant que les Etats-Unis présentent un bon risque de crédit. Ils achètent encore des notes US à 10 ans avec un rendement d’à peine 2,9%. En ce qui concerne les Italiens, les investisseurs ont plus de doutes. Leur credit default spread a grimpé de 92% depuis début mai, ce qui porte le coût de l’emprunt à près de 6%, augmentant de manière substantielle le risque de défaut de paiement. A 7% environ, on sonne la fin de partie.

L’Italie est confrontée à un défi de refinancement considérable. Entre début août et la fin 2013, elle doit emprunter 500 milliards de dollars environ pour continuer à fonctionner.

« L’Italie doit elle-même envoyer un signal important en acceptant un budget répondant au besoin de frugalité et de consolidation », a déclaré Angela Merkel. « J’ai pleine confiance dans le fait que le gouvernement italien passera exactement ce genre de budget ».

D’où vient cette confiance ?

Selon nous, elle est mal placée. Les Italiens s’avéreront aussi incapables de contrôler leurs dépenses que les Grecs… et les Américains ; les gouvernements n’acceptent pas l’austérité à moins d’y être forcés. Nous nous concentrons sur l’ensemble du tableau. Nous ne voyons pas un problème italien, ni un problème grec, ni un problème américain.

▪ Selon nous, toute la structure des Etats-Providence démocratiques, modernes et développés est prête à s’effondrer. Pas uniquement à cause de la dernière crise financière. Celle qui a commencé en 2007 n’est qu’un point de rupture… faisant simplement partie d’un gigantesque changement qui se déroule depuis des années.

Devinez de combien l’économie italienne s’est développée depuis 10 ans ?

Zéro.

Devinez de combien les salaires moyens nets en France ont grimpé depuis 1975 ?

Zéro.

Devinez combien de nouveaux employés, toujours net, les Japonais ont ajouté à la main-d’oeuvre ces 20 dernières années ?

Zéro.

Devinez combien de nouveaux emplois l’économie américaine a créé ces 10 dernières années ?

Zéro.

Devinez de combien le salaire horaire moyen a grimpé aux Etats-Unis depuis 1975 ?

Zéro.

Devinez de combien l’économie réelle du secteur privé américain s’est développée au cours de la dernière décennie ?

Zéro.

Devinez de combien l’immobilier US — et la richesse des ménages — s’est développé depuis le début de XXIe siècle ?

Zéro.

Cela semble presque incroyable, parce que ça contredit tout ce que nous pensions savoir. L’Italie est peut-être mal gérée. La Grèce est peut-être un cas incurable, mais les Etats-Unis étaient censés être l’économie la plus dynamique, adaptable, capitaliste, progressiste, technologique, orientée vers la croissance que le monde ait jamais vue. Comment a-t-elle pu stagner pendant plus d’une décennie ? Comment le labeur d’un Américain n’a-t-il pas vu sa valeur augmenter alors que l’économie devient plus efficace et plus productive ?

A suivre…

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