La Chronique Agora

Dette des Etats européens : comment en sommes-nous arrivés là ?

▪ Jetons un oeil à la manière dont la situation de la dette européenne s’est développée.

Lorsque l’Europe a mis l’euro en place en 2002, tout a changé. Soudain, on pouvait prêter de l’argent à l’Irlande ou la Grèce sans s’inquiéter de la livre irlandaise ou de la drachme grecque. Tous utilisaient l’euro, qui était géré par les Allemands. Alors pourquoi ne pas prêter à l’un de ces états périphériques en Europe et gagner ainsi un peu d’intérêts supplémentaires ?

Les choses ont commencé à évoluer rapidement. Les taux d’intérêt en Espagne et en Irlande ont chuté. Les gens se sont mis à acheter des maisons. Les promoteurs immobiliers construisaient un peu partout. Les prix grimpaient. C’était similaire à ce qui se passait aux Etats-Unis — en plus vaste. L’Irlande, par exemple, avait toujours été un pays relativement pauvre. Mais en 2007, la hausse des prix des maisons avait fait des Irlandais — au moins sur le papier — les gens les plus riches d’Europe.

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Le krach suit le boom. Cela a toujours été le cas. Cela sera toujours le cas. Et lorsque le krach est arrivé en Europe, ses banques détenaient une quantité remarquable de dette immobilière. Le problème, c’est que les débiteurs n’avaient pas assez de revenus pour la rembourser. Paniqués, les investisseurs se sont débarrassés des valeurs bancaires… pensant que les banques feraient faillite.

Mais les gouvernements sont intervenus. Ils ont essayé de mettre fin à la correction. Ils ont donné des garanties. Ils ont pris des engagements. Ils ont dit au monde qu’ils s’assureraient que les grands prêteurs récupéreraient leur argent. Comment ? Les gouvernements eux-mêmes étaient profondément endettés… mais ça ne les a pas arrêtés. Ils ont continué — à divers degrés — à garantir la dette bancaire.

Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. L’Irlande garantit la dette de ses banquiers. L’Europe garantit la dette de l’Irlande. Qui garantit la dette de l’Europe ?

▪ Et pourquoi se donner autant de peine ?

Pourquoi ne pas simplement laisser les spéculateurs encaisser leurs pertes ?

Ils ont pris la décision d’investir de leur propre chef. Cette décision s’est retournée contre eux. Ne devrait-on pas les laisser apprendre de leurs erreurs ? Pourquoi pas ?

Nous n’avons jamais entendu d’explication convaincante à ce sujet. Et nous soupçonnons que personne d’autre n’en a entendu. On entend plutôt une menace implicite… un murmure… une chose trop terrible pour être envisagée. "Psst… les banques sont trop grosses pour faire faillite".

Ah oui ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passerait exactement ? Les banques les plus faibles feraient faillite. Elles seraient rapidement reprises par des banques plus solides. La dette gouvernementale liée de trop près aux banques faibles disparaîtrait elle aussi. La devise papier pourrait même s’effondrer, si les gens craignaient que "tout le système" soit en train de s’effondrer.

Les gouvernements devraient peut-être avoir recours à une devise adossée à l’or — une devise en laquelle les gens pourraient avoir confiance. Alors, dans l’incapacité d’emprunter plus, ils devraient vivre selon leurs moyens. Et les banques survivantes sauraient qu’elles feraient mieux de ne pas prendre des risques plus importants que ce qu’elles peuvent couvrir. Est-ce que ce serait vraiment si terrible ?

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