Annuler les dettes peut sembler être une proposition tentante, mais il suffit d’examiner ce qu’il s’est passé en Grèce en 2012 pour comprendre que c’est une mauvaise idée. Et la France n’est pas si loin de la république hellénique…
La récession est une remise à zéro… normalement.
Mais cette fois-ci, on parle d’annuler la dette, et on maintient sous perfusion une économie en mort cérébrale et on se réjouit que le nombre de faillites soit inférieur à celui qui était attendu, que le nombre de chômeurs soit moins catastrophique que prévu.
Le problème, c’est qu’un jour… il faudra débrancher. C’est à ce moment-là qu’on constatera les dégâts réels et que l’addition nous sera présentée.
Ladite facture pourrait même arriver encore plus tôt pour le secteur bancaire, comme nous avons commencé à le voir hier : les banques vont même moins bien qu’en 2007.
Elles continuent de se faire prendre dans des investissements à fort effet de levier, comme l’a montré l’affaire Archegos qui a fait perdre près de 5 Mds$ à Credit Suisse.
C’est dans cet environnement que Bruno a cette belle idée de leur faire encaisser des pertes sur des crédits en décidant de les annuler, les fragilisant encore un peu plus.
Et puis, si Bruno a un moyen de pression sur les banques françaises, qu’en est-il pour les banques étrangères qui ont prêté à des entreprises françaises ? Cet homme est un génie !!
Voyons cela de plus près…
Copinage à tous les étages
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que cette annulation de dettes est un bon outil pour renvoyer l’ascenseur aux copains.
Prenons l’exemple de la société que le jeune Arnaud s’applique à démolir brique par brique depuis la mort de son père. Lagardère a bénéficié d’un prêt garanti par l’Etat, autrement dit par nous, pour sa future participation active à la campagne de monsieur Macron en vue de sa réélection en 2022.
En passant, c’est déjà en soi un scandale. Dans ce cas, vous l’aurez compris, le Covid-19 n’est absolument pas responsable des déboires de Lagardère, mais c’est un bon prétexte.
Ce n’est pas tout ! Arnaud a aussi une montagne de dettes à titre personnel qu’il remboursait avec les dividendes de son entreprise. Or, l’obtention d’un prêt garanti par l’Etat suspend le versement de dividendes. Arnaud a donc un petit problème et il ne serait pas étonnant que Bruno vienne à la rescousse…
On peut dire qu’Arnaud est ici fidèle à la devise des Lagardère : « si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! »
On peut aussi aider monsieur Drahi qui a monté tout son groupe avec une dette abyssale et d’autres encore fortement endettés dans la presse ou dans la communication… Après un si beau geste en leur faveur, ils seront peu enclins à mordre la main qui les a nourris.
Le seul problème, c’est que…
L’argent prêté n’est pas sorti de la poche de monsieur Le Maire, mais d’une banque. Donc, si vous annulez les dettes, les banques seront en perte et devront être soutenues par l’Etat qui, d’une manière ou d’une autre, nous le fera payer.
Vu les montants en jeu, j’ai peur que les fonds propres, en moyenne d’une cinquantaine de milliards par banque, soient très insuffisants.
Il ne serait donc pas étonnant que les banques se servent alors sur les comptes de leurs clients pour payer les conséquences des idées géniales de Bruno. C’est exactement ce qu’il s’est passé en Grèce en 2012.
Evidemment, rien ne se passa comme prévu ! Les grands fonds internationaux refusèrent, sous prétexte que leurs obligations étaient de droit international et non de droit grec. La BCE fit de même sous prétexte qu’elle était la BCE.
Seules les banques autochtones ne purent refuser. Elles furent contraintes d’annuler 75% de la dette ce qui les mit – contre toute attente – en faillite. Puis elles furent obligées de faire appel à l’Etat et aux différents mécanismes européens pour se recapitaliser.
Résultat des courses : quelques semaines après avoir soi-disant réduit la dette de la Grèce, cette dernière avait en fait grandi de plusieurs milliards. Elle est aujourd’hui au-dessus de 205% du PIB, alors qu’elle était de 103% en 2007
Pour ceux qui se gaussent en voyant les chiffres de la dette grecque, qui se disent que c’est normal car ce sont des tricheurs, qu’ils ne payent pas l’impôt et qu’ils ne font rien, sachez qu’avec la même méthode de calcul notre dette sera en 2021 entre 160% et 170% du PIB…
C’est pour cela que le coq est notre emblème national !