Londres ce week-end. Réunion de famille (non, non, pas de mariage princier).
Le clan français s’était déplacé en Eurostar, jonglant avec le calendrier des grèves SNCF.
Antoine, 30 ans, travaille à Londres depuis deux ans dans le secteur aéronautique au sein d’une entreprise américaine. Jorge, 50 ans, travaille dans la finance à Londres et a été expatrié à Paris et Moscou.
Antoine :
Les trains anglais sont catastrophiques, vieillots, sales, dangereux. Les transports en commun sont chers. Même si les cheminots français ont tort de faire grève, l’expérience anglaise prouve que la privatisation est une erreur. Nous avons de la chance en France d’avoir un aussi bon réseau ferroviaire.
Jorge :
La SNCF a une dette de 55 Mds€. Il y a disons une population active de 30 millions dont un quart est fonctionnaire, ce qui ne fait plus que 22,5 millions d’actifs. Si les finances publiques françaises étaient gérées normalement, chacun de ces actifs devrait en réalité donner 2 400 € à la SNCF. Tous ne prennent pourtant pas le train.
Lorsque je vais à Genève, que je m’installe dans le TGV, dans un fauteuil plus large que celui d’une classe business d’une compagnie arienne et que je paye mon trajet 55 €, je sais que ce n’est pas le vrai prix.
Quand je prends un Corail déglingué pour aller à Nevers ou Bourges, la qualité de trajet est plus médiocre que celle d’un train britannique et le prix presqu’équivalent.
Il faut savoir qui paye et pour quoi. C’est tout. Les transports en commun sont chers en Angleterre parce que les clients les paient.
Les chemins de fer les plus sûrs d’Europe
Le discours sur la calamité de la privatisation des chemins de fer anglais menée entre 1993 et 1997 a la peau dure.
Pourtant, il est démenti par les faits…
Le réseau britannique est le plus sûr d’Europe
(1)
Le nombre de passager a doublé depuis la privatisation.
Le personnel de bord est payé jusqu’à 40% de plus qu’en Allemagne et en France.
Certes, le seul tronçon TGV de Grande-Bretagne est celui de l’Eurostar. Mais y aurait-il des clients au vrai prix ailleurs ?
L’Italie a de son côté connu une expérience plutôt réussie de privatisation avec une baisse du prix des billets.
Dans notre pays, le recours à l’Etat reste la norme ; il est de bon ton d’agiter les épouvantails de la privatisation, des profits et de l’avidité du capitalisme.
Seul l’argent public ne serait pas sale car toujours employé dans l’intérêt public, sur lequel veillent scrupuleusement des fonctionnaires qui ont choisi leur profession par dévouement (et pas en raison de privilèges tels que les systèmes de retraite ou d’assurance maladie plus favorables ou encore de congés pléthoriques).
Non, un pays n’est jamais devenu plus riche parce qu’il lève plus d’impôts ou parce qu’il y a plus de services nationalisés. Les pays riches le sont parce que leurs habitants gèrent bien leurs affaires, qu’elles soient privées ou publiques.
Le problème de l’argent des autres, l’argent public, est qu’on y fait moins attention qu’à son propre argent ; quand il part en fumée, l’argent des autres ne vous manque pas autant que le vôtre…
[NDLR : Comment investir fructueusement dans des entreprises privées qui ne dépendent pas d’argent public, acquérir des actions à un niveau cours sur bénéfice raisonnable et décupler votre mise ? Rejoignez Agora Business Angels pour profiter de ces opportunités.]
Source : https://erail.era.europa.eu/documents/SPR.pdf page 52 https://www.contrepoints.org/2018/04/03/58526-les-mythes-sur-la-liberalisation-des-trains-britanniques