La Chronique Agora

La désindustrialisation se poursuit

La corruption qui conduit Washington à dépenser à tort et à travers l’argent qu’il n’a pas le conduit à saper les « services » qu’il est censé fournir.

Quel monde merveilleux et loufoque !

Le Dow Jones a franchi la barre des 40 000 points. Mais, corrigé de l’inflation, il reste bien en deçà d’un véritable nouveau record historique. Si nous avons raison, les actions perdront de la valeur dans les années à venir, en termes réels, au lieu d’en gagner.

Nous verrons bien.

Il y a quelque chose d’amusant dans tout cela… quelque chose de faux… que nous essayons de comprendre. Nos entreprises deviennent-elles vraiment plus rentables ? Si les salaires réels n’augmentent pas, d’où viennent les acheteurs ? Le pays s’enrichit-il vraiment ?

Si nous ne comprenons toujours pas ce qui se passe, nous continuerons à avancer, en examinant comment la corruption s’autoalimente et ce qu’elle signifie.

William Pesek a décrit la situation dans le Asia Times, mardi :

« Cette semaine, Joe Biden va dévoiler des plans visant à quadrupler les taxes sur les importations chinoises de véhicules électriques et à imposer des droits de douane considérables à d’autres secteurs clés. Les nouvelles taxes sur les VE du continent monteront en flèche pour atteindre 102,5%. D’autres secteurs prioritaires pourraient voir leurs droits de douane doubler ou tripler. »

Il s’agit du dernier stratagème de M. Biden pour l’emporter sur M. Trump et, en fin de compte, d’un autre élément qui fragilisera le niveau de vie des Américains. Il risque également de provoquer des représailles de la part de la Chine, qui auraient un impact néfaste sur les consommateurs et les investisseurs américains.

Tenter de l’emporter sur Trump n’est peut-être pas une décision judicieuse. Mais cela suit le schéma familier de la corruption, qui aggrave les choses pour presque tout le monde.

Michael J. Hicks commente :

« Les tarifs douaniers annoncés vont augmenter les prix des biens de consommation dans les mois à venir. »

Bien évidemment. Mais pourquoi augmenter les prix à la consommation ? Parce que les consommateurs ne s’en rendront compte qu’après les élections ? Parce qu’entre-temps, de puissants intérêts particuliers – l’industrie automobile et les Travailleurs unis de l’automobile – aimeraient être protégés de la concurrence ?

Et il se trouve que le Michigan est l’un des « swing States » qui détermineront l’issue de l’élection… Simple coïncidence ?

A long terme, la protection des constructeurs automobiles américains contre la concurrence garantira que les véhicules électriques de Détroit ne seront jamais compétitifs.

On peut donc dire adieu à une industrie américaine supplémentaire.

Nous pensons, ils transpirent

Mais attendez, plier de l’acier (comme pour fabriquer des automobiles) est une « vieille » industrie ; c’est quelque chose qui concerne d’autres pays, pas nous !

Nous pensons, ils transpirent, pas vrai ?

Et si le produit de tant de réflexion n’était pas si intelligent que cela ?

Prenons l’exemple de l’Ukraine, où le pliage de l’acier est extrêmement populaire. Les Russes le plient autour des chars, des canons et des obus d’artillerie… et semblent gagner la guerre.

Une question : comment se fait-il que « l’Occident » ne puisse pas gagner, alors que l’adversaire est 30 fois moins important que lui en termes de PIB ? Les Etats-Unis et leurs alliés ont un PIB 30 fois supérieur à celui de la Russie. Et pourtant, ce sont les Russes qui gagnent du terrain, et non les Américains, qui font la guerre par procuration.

Comme nous le verrons la semaine prochaine, peut-être que le pliage de l’acier est important après tout… et peut-être qu’une grande partie du marché boursier américain, de son PIB, de sa « richesse » et de sa puissance militaire est aussi bidon que son faux dollar.

Rappelons qu’en mai 2022, Zelensky et Poutine ont failli conclure un accord pour mettre fin à la guerre. Le mois dernier, le magazine Foreign Affairs a publié les résultats de son enquête sur la façon dont l’accord de paix a déraillé. Kit Klarenberg rapporte qu’il a échoué pour ces raisons :

« Le Premier ministre britannique Boris Johnson a offert au président Volodymyr Zelenskyy le plus blanc des chèques en blanc pour continuer à se battre. »

Les Etats-Unis et leurs alliés voulaient que la guerre continue. Ils ont affirmé qu’elle « affaiblissait la Russie ». Rien ne prouve que ce soit le cas : la Russie s’est au contraire renforcée, tant sur le plan économique que militaire.

Mais une chose que l’aide de l’OTAN a certainement accomplie, c’est de transférer une plus grande partie de la richesse du public vers l’industrie de la puissance de feu, et ses nombreux partisans au Congrès et dans les médias.

Il s’agit d’une forme de corruption naturelle et organique… un aspect normal de la vie. Comme les cheveux gris ou les taches de vieillesse, elle peut être atténuée avec de la crème – mais la décomposition se poursuit en dessous.

Aujourd’hui, la victoire semble inaccessible. Mais l’équipe de Biden ne permettra certainement pas que l’affaire soit réglée maintenant… pas avant les élections de novembre. Ce serait très mauvais pour la campagne de réélection. Hélas, davantage d’Ukrainiens et de Russes devront mourir pour entretenir la chimère de la victoire.

En y regardant de plus près, nous constatons que le Pentagone et ses partenaires de l’industrie de la puissance de feu préfèrent les gros budgets. Ils préfèrent également les armes coûteuses et sophistiquées : les marges sont plus importantes… les factures de « soutien », de « formation » et de « maintenance » sont plus élevées… et lorsqu’elles tombent en panne, ce qui est souvent le cas, les remplacements constituent une autre source de profit énorme.

Les questions de sécurité nationale passent au second plan. Andrew Cockburn rapporte :

« Les systèmes qui ont successivement ‘changé la donne’ – tels que le drone Switchblade, le char M-1 Abrams, les missiles de défense aérienne Patriot, l’obusier M777, le missile de précision HIMARS, les bombes guidées par GPS et les drones Skydio dotés d’une intelligence artificielle – ont tous été envoyés au ‘combat’, comme les militaires aiment à l’appeler, en fanfare et avec de grands espoirs. Tous étaient voués à l’échec… Le drone Switchblade, d’une valeur de 60 000 dollars, produit en nombre limité en raison de son coût, s’est avéré inutile contre les cibles blindées et a été rapidement abandonné par les troupes ukrainiennes au profit de modèles commerciaux chinois à 700 dollars commandés en ligne. Le char Abrams, d’une valeur de 10 millions de dollars, s’est non seulement révélé terriblement vulnérable face aux drones d’attaque russes, mais il est de toute façon tombé en panne à plusieurs reprises et a été rapidement retiré du combat… »

Gustav C. Gressel ajoute des détails :

« C’est pourquoi l’Ukraine laisse derrière elle les équipements de combat occidentaux les plus lourds, comme le char de combat principal M1 Abrams. Il est trop lourd, et s’il s’enlise dans la boue, sa récupération prend trop de temps et nécessite l’assistance d’au moins deux autres chars de combat. Un tel assemblage serait immédiatement pris pour cible par les Russes. »

La corruption qui conduit Washington à dépenser à tort et à travers l’argent qu’il n’a pas le conduit à saper les « services » – tels que la sécurité nationale – qu’il est censé fournir. Elle semble également déformer l’ensemble de l’économie pour la transformer en une chose étrange, contre nature – comme une amante sinistre, qui flatte sa victime et la mène à sa perte.

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