** "Quelle est votre solution ?" demandait un lecteur en réponse à nos réflexions de lundi. "A moins qu’il n’y en ait pas ? Si la population mondiale doit imploser, est-ce que ce sera par une famine/déshydratation de masse ? Ou bien allons-nous nous trouver à court de bière, et finir par nous entretuer ? A moins qu’une bombe terroriste ne nous élimine tous d’abord ? La technologie nous sauvera-t-elle ? Tout ça n’est-il pas la survie du plus fort ? La survie du plus fort est-elle ce qui convient à l’humanité ? N’est-ce pas plus une question de ‘chance’ ?… Y a-t-il une solution ou bien restons-nous assis, à regarder le monde tomber en pièces ?"
** Nous n’avons pas la réponse — mais d’autres réflexions, de la part de notre correspondant de Pittsburg, Byron King :
* "’Les prières des pauvres sont plus chères au coeur du Seigneur’, dit un vieil hymne anglican."
* "Eh bien, à 138 $ le baril de pétrole, je pense que nous allons bientôt découvrir si ces prières lui sont vraiment si chères que ça. Parce que si l’on ajoute au pétrole le désastre agricole imminent dû aux niveaux de culture bas et aux mauvaises conditions météo, de grandes parties de la classe moyenne américaine vont se retrouver plus pauvres".
* "Aux Etats-Unis, les pauvres et les travailleurs pauvres sont déjà marginalisés. A présent, avec la flambée des prix du pétrole, la classe moyenne suffoque financièrement".
* "Rien que jeudi et vendredi de la semaine dernière, les prix du carburant en gros ont grimpé de 33 cents. Ce n’est pas une faute de frappe : +33 cents en deux jours. Alors arrondissons la somme et ajoutons 500 $ de plus à la facture de carburant annuelle nécessaire pour faire fonctionner une automobile moyenne aux Etats-Unis. Pour les ménages possédant deux voitures, le chiffre monte à 1 000 $ — juste pour une hausse de deux jours. Et cela ne compte pas l’impact sur le diesel (qui tue le transport routier et l’agriculture) et le carburant pour avion (qui tue les compagnies aériennes)".
* "Nous voyons l’éviscération rapide des tripes de l’économie américaine. Nous voyons les débuts d’une Récession énergétique, sinon d’une Dépression énergétique".
* "Durant la Grande dépression des années 30, les choses étaient différentes. Il y avait de vastes ressources naturelles et énergétiques, mais les usines étaient fermées. Il y avait des usines, bien entendu, mais les travailleurs étaient mis à pied. Il y avait des travailleurs, mais personne ne pouvait les payer. Les banques avaient fait faillite par manque de fonds. Dans l’ensemble, il n’y avait tout simplement pas assez d’argent pour amorcer la pompe et faire bouger les choses".
* "Le problème aujourd’hui ? Les ressources sont épuisées. Bon nombre d’usines disparaissent et ne sont pas remplacées. En fait, nous avons une culture ‘opposée’ aux usines par de nombreux aspects. Le système éducatif a produit une main d’oeuvre bancale, de sorte qu’on se retrouve avec une pénurie de savoir-faire critiques dans des domaines essentiels de l’économie (comme l’énergie)…"
* "Et il y a bien trop d »argent’ qui flotte partout. En fait ce sont juste des excès de devise américaine sous forme d’instruments de crédit. Une bonne partie a coulé dans les mains de gens qui ne sont pas américains. Quelques régions clé dans la production de ressources, ainsi que des gouvernements étrangers et des fonds souverains, contrôlent d’immenses quantités de cash flow mondial. Avec la hausse rapide des prix de l’énergie, ils siphonnent les capitaux quotidiens des Etats-Unis".
* "La vue générale est donc… pas assez de ressources, pas assez de capacités de production (en particulier pour l’énergie), pas assez de main d’oeuvre qualifiée, et un système financier décapitalisé-endetté-illiquide-insolvable qui n’a pas assez de traction pour avancer".
* "Et quand on n’avance pas, on recule".
* "Commencez à prier"…
** Ici à la Chronique Agora, nous n’avons pas de solutions… ni de prières (si nous avons quelque espérance d’une intervention divine dans nos vies, nous n’allons pas la gâcher sur l’économie). Au lieu de cela, nous restons assis et laissons le monde aller où bon lui semble. Nous essayons simplement de comprendre où il va… en essayant d’avoir une place de parking avant que la foule n’arrive !