La Chronique Agora

Des ivrognes dans le placard

** Les nouvelles de la semaine n’étaient guère réconfortantes pour les investisseurs… et n’avaient rien pour réjouir le cœur des économistes — s’ils avaient un cœur.

* Les marchés ont grappillé quelques points. Mais le marché obligataire s’est enfin donné la peine de regarder plus loin que le bout de son nez… et n’a pas aimé ce qu’il a vu.

* "Les craintes inflationnistes se propagent aux obligations longues", déclare le Wall Street Journal.

* Le rendement sur le bon du Trésor US à 10 ans est repassé au dessus des 4%… et le rendement des obligations longues — le T-Bond à 30 ans — a grimpé à 4,63%.

* "L’inflation atteint des sommets douloureux en Europe et aux Etats-Unis", déclare le International Herald Tribune. En dépit de la ligne dure adoptée par la Banque centrale européenne contre l’inflation — le taux directeur de la BCE est près de deux fois supérieur à celui de la Fed — l’inflation atteint quasiment les mêmes niveaux en Europe qu’aux Etats-Unis.

* Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation a grimpé de 1,1% en juin, alimenté par les prix de l’énergie, qui ont grimpé de 53% sur les 12 mois précédents.

* Pendant ce temps, le pétrole a baissé. Et l’or a regagné du terrain. S’ils réagissaient tous les deux simplement aux forces économiques — ils baisseraient. S’ils réagissaient simplement aux forces monétaires — ils grimperaient.

** C’est bien là le problème des investisseurs et des économistes : nous sommes tous pris entre deux forces opposées… entre la force inéluctable de l’inflation d’un côté et l’objet inamovible de la déflation de l’autre.

* M. le Marché ne sait pas trop quoi en penser ; il ne sait pas s’il doit reculer ou avancer. L’or grimpe parce que l’inflation menace la valeur de la monnaie papier. Le pétrole baisse parce que la déflation risque de réduire la demande d’énergie.

* Les actions grimpent parce que l’inflation pousse les consommateurs à se débarrasser de leur argent. Ensuite, les actions baissent parce que les investisseurs craignent un resserrement de la politique de la Fed dans la lutte contre l’inflation. Puis elles regrimpent lorsqu’elles pensent que la Fed va en fait se consacrer à la déflation.

* Mais tous ces va-et-vient ne sont qu’une distraction. Ce qui se passe réellement, c’est que la fête est finie… et qu’il faut faire le ménage. Il y a des cadavres de bouteilles partout. Des traces de brûlures de cigarette sur le tapis. Et sur le divan se trouve un banquier qui a tellement bu qu’il n’a pas pu rentrer chez lui.

* Tous les jours, les titres des journaux apportent de nouveaux détails :

* Pertes subprime, Bear Stearns, Fannie, Freddie, Northern Rock, indice immobilier Case-Shiller, saisies… dans le salon, la scène est devenue si familière que c’est à peine si les journaux se donnent encore la peine d’en parler.

* Nous passons désormais à la cuisine et à la bibliothèque… et nous n’allons pas tarder à trouver des ivrognes dans les placards à balais.

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