La Chronique Agora

Des bulles prêtes à éclater et le commencement de la fin pour le dollar ?

▪ La séance du mardi 6 octobre a certainement marqué un tournant sur le marché des changes alors que toutes sortes de rumeurs circulent autour du dollar. L’Arabie Saoudite et la Russie ont démenti dans l’urgence leur intention de chercher un substitut au billet vert en règlement des exportations pétrolières. Cependant, le principe d’une diversification des modes de paiement semble inéluctable aux yeux des cambistes… ainsi qu’aux nôtres, et depuis fort longtemps !

Il n’y a probablement pas de fumée sans feu, en l’occurrence. Le quotidien anglais The Independent fait état de discussions avancées parmi les pays arabes producteurs de pétrole, mais aussi en Chine, en Russie, au Japon, au Brésil et en France afin de préparer l’enterrement de la cotation du baril en dollars. Il serait remplacé par un panier de devises comportant également le yuan (qui à ce jour demeure non convertible), sans oublier un pourcentage d’or à définir.

Le métal précieux a bondi de 2,5% pour établir nouveau record algébrique absolu à 1 045 $/once — tandis que le billet vert décrochait sous les 1,4750/euro et les 88,75 yens. Dans la même logique d’arbitrage, le baril de pétrole grimpait de 2% jusque vers 71,8 $ sur le NYMEX. Pourtant, aucun chiffre publié ce mardi n’atteste d’une accélération de la croissance mondiale ou d’un pic de la demande en prévision de la période hivernale.

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Les choses bougent pour l’or : profitez-en !
Dans les circonstances actuelles, l’or représente sans aucun doute LA meilleure solution pour vous protéger contre le chaos qui engloutit les marchés actuellement.

Nous sommes sans doute sur le point de connaître la plus grande hausse du cours de l’or de toute l’histoire des marchés… une hausse qui a toutes les chances d’emmener le métal jaune jusqu’à 2 000 $… voire au-delà.

Continuez votre lecture pour découvrir pourquoi… et surtout pour savoir exactement comment vous positionner pour en profiter !

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Le mouvement de repli du dollar était déjà bien amorcé depuis la veille, suite au manque de volonté de stabiliser le marché des changes affiché par les membres du G7 réunis à Istanbul. Ils ne proposent aucune stratégie claire et se bornent à préconiser une réduction des déficits budgétaires… ce qui revient à émettre un voeu pieux en cette période de sortie de crise.

▪ Comme si cela ne suffisait pas à torpiller le dollar, la Banque centrale australienne annonçait mardi matin un relèvement de 0,25% de son principal taux directeur (à 3,25%). Il serait le premier d’une longue série, à en croire son communiqué de politique monétaire.

Mais pas question de laisser gamberger les investisseurs américains. Le patron de la Fed de New York, William Dudley, s’est employé à rassurer Wall Street en affirmant que les taux américains demeureraient exceptionnellement bas… très, très longtemps.

De l’argent gratuit, des actions qui offrent un retour sur investissement de 50% en six mois… La mécanique haussière estivale est relancée — exactement pour les mêmes motifs, avec les mêmes stratégies d’allocation d’actifs en faveur des bancaires, des cycliques et des parapétrolières.

▪ Paris n’a donc pas été déstabilisé par la chute du dollar sous les 1,4750. Le CAC 40 s’est envolé de 2,6% et enregistre sa plus forte hausse depuis la séance du 21 août dernier. Cette ruée sur les actions a de quoi laisser perplexe : aucune statistique, aucun résultat trimestriel n’a été publié aujourd’hui.

L’euphorie était générale en Europe (l’Euro-Stoxx 50 a bondi de 2,65%). Wall Street, anticipé stable en tout début de journée, affichait pratiquement +2% à la mi-séance ; le Dow Jones a repris 350 points en un peu plus de 48 heures, le S&P 500 près de 4%.

Si la rechute du dollar favorise les exportatrices américaines et soutient les indices américains… comment expliquer que les entreprises qui vendent dans des devises grimpant de façon symétrique puissent monter plus vite que celles cotées à Wall Street ?

▪ Toutes les règles de logique économique les plus communément admises semblent voler en éclats ! Rassurez-vous, leur pertinence demeure intacte : elles sont simplement éclipsées par autre phénomène apparenté à la mécanique des fluides, très pervers mais… très puissant.

Vous le constatez tout comme nous, les milliers de milliards de dollars déversés dans le système ne permettent même pas de créer de l’inflation au sens classique du terme. Elles servent tout juste à gonfler des bulles d’actifs, car les mauvaises habitudes ont bien vite repris le dessus.

L’argent injecté par les banques centrales évite soigneusement d’aller se perdre dans les sables de l’économie réelle. Il ne prend pas non plus de nouveaux risques avec des emprunteurs devenant potentiellement insolvables. Il n’est pas plus utilisé à des fins peu rémunératrices comme des crédits immobiliers à 15 ou 20 ans rapportant moins de 4% (adieu les marges de 500 points sur les subprime).

Non… il y a tellement mieux à faire ! Tenez, par exemple, on peut emprunter de l’argent gratuit auprès de la Fed en lui offrant en garantie des portefeuilles de créances douteuses. Ensuite, on investit avec effet de levier sur des émissions obligataires d’entreprises offrant des rendements de 6% et plus… ou de préférence sur des bons du Trésor émis par des pays dont la monnaie est en train de grimper, comme le dollar australien (d’une pierre deux coups… et tout le monde est content !).

▪ Les béquilles économiques mises en place il y a un an ont été prêtées par les contribuables américains mais ils ne sont pas près  de pouvoir à leur tour s’appuyer dessus. Elles ont permis à la fracture financière de sédimenter (après le choc Lehman/AIG) — cependant, les muscles de l’économie américaine demeurent atrophiés faute d’exercice : les banques ne lâcheront leurs béquilles qu’une fois achevée leur rééducation.

Le terme est largement inapproprié, toutefois, car elles n’ont pas renoncé à leurs mauvaises habitudes : brasser de l’argent, spéculer encore et toujours, pour produire plus de profits que ce que permet l’exercice de leur métier originel dans un contexte encore largement récessionniste (emploi/consommation/investissements).

Elles viennent de réactiver à grande échelle les mécanismes de carry trade. C’est une perversion économique née de la déconfiture de l’économie japonaise, victime d’une reprise en "L" durant pratiquement une décennie, ce qui a entraîné la mise en oeuvre d’une politique de taux zéro puis d’assouplissement quantitatif dans l’Archipel. Il en a résulté l’émergence d’une bulle de liquidités à l’échelle planétaire… un exemple que Ben Bernanke s’est empressé d’imiter en 2008, le dollar s’apprêtant à remplir le même rôle que le yen.

Rappelons-nous que le carry trade yen/rouble (un échange de rendement à fort effet de levier) avait très mal tourné à l’automne 1998 pour le fonds LTCM… Ce n’était qu’un échantillon en regard de ce que la titrisation de mauvaises créances immobilières — en l’échange de bons du Trésor américain (et d’autres émissions de banques centrales occidentales) — allait engendrer 10 ans plus tard.

Nous sommes en train d’assister à la réédition de ce scénario, avec des masses d’argent encore plus colossales. Cet argent n’est plus emprunté par les banques les unes auprès des autres mais directement auprès des banques centrales (qui s’appuient sur la garantie du contribuable). Des flux de capitaux se déplacent sans connexion avec l’économie réelle au gré des différentiels de rendement (les spreads) que l’évolution des marchés fait apparaître.

Un phénomène qui se résume par l’expression "cash-driven rally", que nous pourrions traduire par "marché de bulles successives". Elle répond à cette seule interrogation qui importe aux spéculateurs : qu’est-ce qui d’ici demain — ou une semaine tout au plus — va générer le maximum de profit pour une prise de risque apparemment minimum ?

Le vrai risque est assumé, sans qu’ils en soient pleinement conscients, par les "suiveurs". Chacun d’entre eux se pense plus malin que son voisin pour échapper au piège… chacun se croit capable de détecter à temps le bref grincement des mâchoires métalliques avant qu’elles ne se referment sur leur main.

Mais la mécanique est désormais trop bien huilée. Son déclenchement sera à notre avis parfaitement furtif ; le seul indice précurseur en sera une trop grande frénésie de la meute autour de l’appât, le tout accompagné d’un soudain trou d’air sur le dollar. Nous y voilà !

PS : Retrouvez Philippe Béchade le samedi 10 octobre à 11h pour une intervention exclusive sur les perspectives du CAC 40. Où, quand, comment ? Il suffit de vous inscrire icic’est GRATUIT !

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