▪ Cette séance de mercredi s’est avérée bien grise en Asie, en Europe ainsi qu’à Wall Street (qui recule de 0,3%). Les brasseurs d’argent se sont ennuyés ferme toute la matinée à New York, mais ils ont supporté la lourdeur du marché sans se plaindre car ils savaient que cette journée serait illuminée par la « grande révélation » !
Donald Trump avait promis de faire une annonce susceptible de faire basculer la campagne électorale américaine et il a tenu parole. Le milliardaire viscéralement anti-Obama propose de verser cinq millions de dollars à une oeuvre de charité du choix du président si ce dernier accepte de produire son acte de naissance et ses certificats de diplômes universitaires.
Un défi lourd de sous-entendus et qui suscite déjà des spéculations sur la façon dont Barack Obama va produire des « faux » ayant l’air plus vrai que des vrais.
▪ Barack Obama et Mitt Romney : des candidats aux frontières du réel ?
Certains pensent que de tels documents (vrais ou faux) n’existent pas car le président est en fait un extra-terrestre et qu’il a été protégé et soutenu par les mêmes équipes qui ont réalisé les fausses images du premier homme marchant sur la lune. C’est d’ailleurs pourquoi Neil Armstrong n’a jamais accepté de répondre à une interview jusqu’à sa mort : il aurait été trop facilement démasqué.
Nous soupçonnons hélas que Barack Obama ne soit pas le seul extra-terrestre en lice pour la présidentielle du 6 novembre. Son adversaire, Mitt Romney, confond Bachar el Assad avec le Ghanéen Kofi Annan (le secrétaire général des Nations unies) ; il présente la Syrie comme le corridor d’accès à la mer de l’Iran — après avoir suggéré que les commandants de bord feraient bien d’ouvrir les hublots quand la fumée envahit la cabine où sont assis les passagers.
Manifestement, le candidat républicain ne provient pas non plus de la planète Terre. Son briefing durant son trajet intergalactique comporte quelques bugs et imprécisions — comme par exemple le fait qu’un gouverneur américain doit éviter de mentionner en public qu’il détient des classeurs « pleins de femmes ».
Mais les E.T. qui coachent Mitt Romney ont retenu la leçon des élections de novembre 2000. Quand un candidat est en retard dans les sondages et que ses compétences sont mises en doute, comme ce fut le cas pour Georges W. Bush, la multiplication des gaffes lui procure un capital de sympathie qui garantit son élection.
Vu le nombre de gaffes que je commets moi-même chaque jour en écrivant mes chroniques, j’aurais dû me lancer en politique mais mes sponsors d’un monde lointain semblent avoir égaré mon identifiant cosmique (avec un « s »… j’insiste !).
▪ L’Europe, un vrai casse-tête
Pour en terminer avec nos deux extraterrestres présidentiables, nous espérons qu’ils retrouveront la trace de l’Europe en étudiant une mappemonde. C’est vrai qu’il y a un piège puisque le Vieux Continent est atomisé en une trentaine de pays et de principautés exotiques. Pour compliquer la chose, la moitié d’entre eux seulement — mais aucune carte n’indique lesquels — partagent la même monnaie.
Sans oublier, comble de l’absurdité, que deux îles pas plus grandes que Terre Neuve (Chypre et l’Irlande) contraignent leurs visiteurs américains à changer de devise en passant du nord au sud (et réciproquement).
Maux de tête garantis pour qui voudrait faire le malin en citant les 15 monnaies des pays hors Zone euro.
Juste pour s’échauffer, commençons par les trois républiques baltes avant d’enchaîner par la Bulgarie, l’Albanie et la Macédoine. Voilà de quoi se mélanger les pinceaux et fous rires garantis pour le grand jury.
Eh oui, il est bien facile de se moquer. Mais citez-nous ne serait-ce que l’un des trois Etats américains frontaliers du Delaware ; sinon, nommez spontanément la capitale du Connecticut, laquelle a pour particularité « d’assurer un max » — puisqu’il s’agit de la ville qui héberge le plus de siège de compagnies d’assurance des Etats-Unis.
Hartford (c’est son nom), est située à mi-chemin entre New Haven qui héberge l’université de Yale et Springfield, la ville de naissance (présumée) d’un autre extraterrestre déjà mentionné : Georges W. Bush.
▪ La démocratie a un prix
Si vous n’avez jamais séjourné dans la région — comme l’écrasante majorité des touristes qui se contente de visiter les villes toutes proches de New York ou Boston — vous avez toutes les chances d’apparaître totalement ridicule et incultes aux yeux de la bonne société de la côte Est. Cette dernière sponsorise généreusement (à hauteur de 1,6 milliard de dollars) Barack Obama ou Mitt Romney — officiellement originaire de Detroit, une ville beaucoup moins proprette que New Haven, je vous le certifie !
Certains d’entre vous ont peut-être du mal à se figurer ce que les dépenses électorales déjà engagées représentent aux Etats-Unis. La barre des 1,5 milliard de dollars a déjà été franchie. Sachez simplement que cela équivaut au PIB du Burundi et à deux fois celui de la Guinée Bissau.
Chère démocratie !
Mais au-delà des généreux sponsors, il y a également Ben Bernanke qui déploie tous ses efforts pour soutenir Wall Street — ce qui booste le patrimoine boursier des plus riches donateurs.
Face à la rechute des indices américains, Wall Street espérait beaucoup du communiqué de la Fed hier soir.
Les opérateurs entretenaient l’espoir qu’elle leur adresserait un message d’encouragement, mais elle se contente de reprendre l’intégralité des éléments figurant dans la précédente édition du 13 septembre dernier.
Contrairement à ce que certaines rumeurs laissaient présager lundi soir, la Fed n’évoque pas l’accroissement de ses achats mensuels de MBS — le montant de 40 milliards de dollars demeure donc inchangé.
Janet Yelen — pressentie pour succéder éventuellement à Ben Bernanke — avait fait part de son sentiment que le QE3 devrait être musclé pour produire des effets tangibles sur la croissance. Pourtant, plus de 60% des entreprises ayant publié leurs résultats revoient leurs perspectives pour fin 2012 et début 2013 à la baisse.
▪ Baisse de régime pour Wall Street
Dès la publication des conclusions du FOMC, les indices américains ont subit un trou d’air de 0,25% (rien de bien méchant). Wall Street termine donc dans le rouge pour la seconde séance consécutive : c’est le quatrième repli sur une série de cinq séances.
Les écarts ne sont pas spectaculaires (-0,2% pour le Dow Jones, -0,3% pour le S&P et le Nasdaq) mais cela représente un repli moyen de 2% en 48 heures.
Wall Street avait laissé passer vers 16h une des dernières occasions de se reprendre après les 1,7% perdus mardi soir en ne saluant pas — comme c’était attendu — le chiffre des mises en chantier de logements neufs. La hausse de 5,7% du mois de septembre s’avère inférieure aux attentes… très élevées après le bond de 15% des mises en chantier le mois dernier.
Mais attendez… quelque chose nous intrigue ! Un bond de 15% des mises en route de chantiers de maison individuelles aurait dû s’accompagner d’une hausse comparable du nombre de travailleurs du secteur (terrassiers, couvreurs, plombiers, électriciens…). Mais chose étrange, nous n’en trouvons pas de trace dans les derniers chiffres, pourtant si bluffants, de l’emploi américains concernant le mois de septembre.
Peut-être les Américains font-ils appel à de la main-d’oeuvre extraterrestre qui ne figure naturellement dans aucune statistique officielle ?