La Chronique Agora

La dérive monétaire pollue tout

La frénésie de crédit gratuit et de fausse monnaie reprend de plus belle. Elle pollue toute l’économie et les prix des actifs financiers.

Nous dérivons, nous dérivons, cher lecteur. Emportés par l’immense masse de « liquidités » des banques centrales, nous vous parlons de moins en moins des marchés financiers et de plus en plus de politique, et bien sûr de politique monétaire.

Comme nous vous l’expliquions hier, il existe aujourd’hui 100 unités d’actifs financiers pour 15 unités d’actifs réels et l’industrie financière est devenue l’industrie prépondérante. La finance n’est plus servante, elle est maîtresse, prétentieuse et folle.

Voici l’allure du bilan de la Fed, c’est-à-dire de tous les titres financiers rachetés par cette institution pour faire monter les prix.

Bilan de la Fed à la fin de la « normalisation »

Nous sommes passés de 8 Mds$ à 4 000 Mds$. Les zombies – qui auraient dû être exterminés par la faillite – pullulent.

La Chine procède de son côté à des injections massives de liquidité et la Banque centrale européenne parle de reprendre ses rachats obligataires. Quant au Japon, il défie les lois de la mécanique des fluides monétaires.

Nous dérivons, nous dérivons, cher lecteur, sur ces océans de milliers de milliards… Nous essayons de conserver quelques balises pas flottantes, quelques repères…

Par exemple…

Quand les taux d’intérêt sont bas, tout ce que vous achetez est plus cher que s’ils sont hauts. Quand le crédit est bon marché, les acheteurs sont plus nombreux.

Quand la création monétaire est à ce point abondante, tout ce que vous achetez est cher. Des acheteurs aux poches gonflées par les facilités de crédit des banquiers centraux enchérissent bien avant vous.

Quand les taux d’intérêt sont bas, des entreprises insolvables trouvent à se refinancer.

J’aimerais pouvoir vous dire que j’ai une recommandation géniale qui va vous rendre riche dans deux ans si vous achetez dans les heures qui suivent le code ISIN US66613666.

Mais j’en suis incapable, je vous l’avoue tristement. La marée de liquidités pollue tout.

Comment savoir qui est vraiment solvable de nos jours ? Aussi bien du côté des entreprises que du côté des clients. Comble d’infortune, le trading n’est pas du tout ma spécialité.

[NDLR : Cependant, si vous avez un téléphone mobile et si vous êtes prêts à consacrer aux marchés quelques minutes par jour en vous exposant pour des durées courtes, ce service de trading est fait pour vous ! (Et si vous n’avez pas de téléphone mobile… eh bien, nous avons une surprise pour vous. Lisez vite.)]

Voilà pourquoi nous vous parlons tant de politique, finalement, dans La Chronique.

Prenez toute cette affaire de « guerre commerciale » sino-américaine ou de Brexit, par exemple. Considérez-la avec un peu de recul. Vous verrez que c’est d’une grotesque imbécillité.

Dans un pays donné, délimité par des frontières gardées par des douaniers empressés, tout le monde est consommateur et quelques-uns sont producteurs de tous les biens et services qui s’y échangent. L’intérêt commun est donc celui des consommateurs, pas celui des producteurs.

Une démocratie se doit d’œuvrer dans l’intérêt commun, nous dit-on. Alors pourquoi introduire des droits de douanes qui sont payés par les consommateurs pour servir les intérêts restreints de quelques producteurs nationaux ? Cela n’a aucun sens.

Seul le libre-échange unilatéral a du sens. C’est d’ailleurs ce qu’appliquent les pays les plus prospères de la planète. Si l’industrie nationale n’est pas compétitive, elle fera faillite. Mais c’est comme cela que le capitalisme honnête fonctionne. Les gens consacreront leur énergie et leur argent à une industrie compétitive nationale qui le deviendra encore plus.

Le mauvais meurt, le bon prospère. Les filets sociaux sont là pour aider les gens ponctuellement à passer un mauvais cap et à retrouver du travail chez les bons plutôt que rester chez les mauvais.

Mais si vous avez des filets sociaux plus des droits de douanes plus des subventions, il ne faut pas vous étonner de vivre dans un  pays où les zombies prolifèrent, où vous êtes surtaxé et où tout est cher.

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