La Chronique Agora

Dépenses publiques : à quand de vraies coupes budgétaires ?

La presse et les économistes soutiennent les dépenses et les déficits.

Simone Wapler nous explique que, malgré la dégradation par Standard & Poor’s de la note de la France en début du mois, les agences de notation gardent confiance dans la dette du pays. « Cette indulgence des agences ne fait que conforter nos hommes politiques de tous bords dans ce qu’ils savent le mieux faire : dépenser, réguler, encadrer, taxer. Donc nous appauvrir. »

En effet, les dirigeants, en particulier depuis l’annonce d’élections législatives, mettent de côté les inquiétudes sur les déficits. A la place, ils ont plus de projets de dépenses.

« On n’a pas un excès de dépenses, mais un déficit de recettes », explique par exemple Eric Bocquet, sénateur communiste, dans La Voix du Nord. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dans L’Opinion, met les déficits au compte de « mauvaises surprises sur les recettes ». En somme, ils voient peu d’intérêt aux coupes budgétaires.

Même les acteurs de la finance portent soutien aux projets à déficits. Les dépenses « ont été maîtrisées : elles augmentent de +3,7% après +4,0% en 2022 » estiment les économistes de la Banque Postale, et n’atteignent plus que 57,3% du PIB, contre 59,6% en 2021.

Simone poursuit : « Il est vrai que ces braves gens d’économistes continuent toujours à tout rapporter au PIB, comme si la totalité de l’activité économique devait revenir à l’Etat, le secteur privé étant une anomalie. »

Depuis la déception des élections européennes – pour le gouvernement –, les partis mettent en avant plus de projets de dépenses.

Selon La Tribune, ils proposent, de tous les côtés, « [une] explosion de la dépense publique pour financer une politique de la demande plutôt que de l’offre, baisses d’impôts, ou encore le retour sur la réforme de l’âge de la retraite ».

L’expérience de la tronçonneuse en Argentine : moins de dépenses

Simone rappelle à nos lecteurs une expérience en cours concernant les coupes de budget :

« Javier Milei, nouvellement élu président de l’Argentine, a promis de tourner le dos au péronisme (socialisme) et de tailler à la tronçonneuse dans les dépenses publiques. Il est confiant que les recettes reviendront avec le temps. L’austérité est pour le moment acceptée par les Argentins qui voient avec satisfaction baisser de façon sensible les indices de hausse des prix.

Contrairement à ce que prévoyaient les médias français (nourris aux subventions et détenus par des adeptes du capitalisme de connivence), Milei n’a pas été balayé en quelques semaines. ‘Les mesures économiques nous touchent, il faut bien l’avouer. Mais nous étions déjà dans une situation catastrophique. La priorité était d’en finir avec les péronistes’, confie au Figaro une retraitée argentine. »

En France, une partie de la population exige une réduction des dépenses. Selon un récent sondage Odoxa :

« Deux tiers des Français (67%) pensent que la réduction du déficit public et de la dette de la France serait positive pour l’économie. Les Français sont donc largement favorables à la mise en place de mesures très ‘dures’ pour y parvenir : 59% sont pour la réduction des aides sociales (+7 points en deux mois) et 57% sont pour la réduction du nombre de fonctionnaires (+3 points). Près d’un Français sur deux serait aussi favorable à la réduction des aides aux entreprises. »

Le graphique ci-dessous montre les propositions des participants au sondage pour effectuer ces coupes de dépenses :

Pourtant, selon Simone, la tendance aux déficits et à la dette reste en place : « [Il] faudra bien plus que la vertu de l’exemple de la tronçonneuse pour en terminer en France avec le socialisme, le capitalisme de connivence, le ‘gaullisme social’ et autres miroirs aux alouettes. »

Liberté d’entreprise : peu de défenseurs

Les économistes, les universitaires et la presse défendent généralement les programmes des gouvernements. A l’inverse, ils critiquent les entreprises et toute recherche de bénéfices.

Olivier Babeau, président et fondateur de l’Institut Sapiens, fait exception à la règle. Dans Les Echos, il remet en cause la foi dans les solutions du gouvernement :

« La France a, par vagues régulières, la tentation du tout public. Nous sommes tellement élevés dans l’idée que l’Etat a vocation à prendre en charge l’intégralité de notre existence qu’on en vient sérieusement à recommander qu’il absorbe la partie privée pourtant marginale de certains secteurs. 

Santé et éducation sont à cet égard deux cas très comparables. Dans les deux cas, nous consacrons une part de notre richesse nationale tout à fait au niveau des autres pays. Mais les résultats ne sont plus là. La qualité du service rendu n’est plus au rendez-vous. »

Mais M. Babeau fait bien partie d’une minorité. La majeure partie des économistes et des auteurs dans la presse offrent leur soutien au gouvernement, en opposition à la liberté d’entreprise et aux échanges entre particuliers.

Les économistes contre la recherche de bénéfice

Anton Brender, professeur à Dauphine et directeur de stratégie pour Candriam, un fonds d’investissement à 139 milliards d’euros, exige, de son côté, plus de contrôle de la part du gouvernement.

Pour lui, la quête du bénéfice – une nécessité pour la survie d’une entreprise – nuit au particulier.

Dans une interview accordée au Revenu, il explique les problèmes que pose, selon lui, la recherche de profit. Son idée est la suivante : la vie d’une personne n’a pas de prix sur le marché. Les entreprises se font donc peu de souci pour le bien-être des gens. Il explique :

« Les luttes sociales, la loi, les institutions que les sociétés démocratiques mises en place ont contraint le capitalisme à accepter une hausse du ‘prix de la vie des hommes’. Le capitalisme est naturellement aveugle à tout ce qui n’est pas marchand. La règle du jeu capitaliste est la recherche du profit. Cette recherche fait son efficacité et son dynamisme. A nous de faire en sorte qu’elle mène là où nous voulons aller. Pour cela, il faut faire continuellement pression sur lui, le guider, régler son fonctionnement, donner un prix aux choses qui, comme l’environnement, n’en ont pas… Il nous faut aussi nous occuper des infrastructures sociales non marchandes, qui sont le fondement de notre cohésion sociale. L’école, l’hôpital, la police, la justice, les prisons sont en dehors de la sphère marchande, car la démocratie veut que le prix – et le respect – accordé à la vie de chacun soit ici le même. »

Selon ces économistes, c’est le gouvernement, et non le marché, qui améliore la vie des gens.

En réalité, la création de la richesse provient de la production de biens et services, puis des échanges entre personnes.

Les directives, à l’inverse, réduisent la richesse et le bien-être. En effet, elles bloquent, elles taxent, ou elles contrôlent les échanges et n’incitent pas à la création de biens et services.

L’amélioration des vies de gens, par l’effort et le travail de particuliers et d’entreprises, a lieu en dépit des règles du gouvernement… et non pas grâce aux choix des dirigeants.

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