La Chronique Agora

Démondialisation et guerre des fraises

démondialisation

Lundi, les médias commentaient le dernier communiqué du G20. « Le traditionnel consensus des plus grandes économies en faveur du libre-échange et contre le protectionnisme appartient au passé » note Le Monde.

Retour aux octrois, aux monnaies locales, à l’obscurantisme. Grave recul de l’ultra-libéralisme ?

Mardi, un entrefilet dans Le Figaro nous confirme la menace : « un producteur picard de fraises attaque l’Espagne pour concurrence déloyale ». La Camarosa, la fraise espagnole, se vend en effet 2 € le kilo à Rungis et la fraise bio picarde 8 € le kilo. C’est très injuste.

Notre producteur est allé en territoire ennemi.

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Tout est ici.

Suite à sa visite de plantations en Andalousie, notre héros combattant a constaté que la Camarosa, la fraise locale, est empoisonnée. Les producteurs espagnols utilisent des traitements interdits par Bruxelles en raison de leur forte toxicité. Claude Terlet (c’est son nom). a remarqué un bidon made in China d’endosulfan. En plus, les Chinois produisent de l’endosulfan à 3 € le litre seulement, nous apprend Le Figaro (salauds de Chinois, toujours dans les mauvais coups).

Remarquez le courage notre combattant : il n’attaque pas un producteur en particulier, mais l’Espagne. Rien que ça !


Source Wikimedia commons

La lecture d’un tel drame ne peut laisser insensible.

Bruxelles a certainement décidé d’interdire ces substances à bon escient en raison de nombreuses victimes. De nombreux cas d’intoxication grave, de cancers, de cécité ont dû être signalés après l’ingestion de fraises espagnoles par de malheureux consommateurs ignorants.
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Mais, soudain, le doute m’assaille.

Le motif de « concurrence déloyale » invoqué par le plaignant paraît un peu léger face à l’empoisonnement voire aux meurtres avec préméditation que commettent ces producteurs de fraises peu scrupuleux.

Ou bien ces organochlorés sont réellement dangereux et toxiques. Ceux qui l’utilisent à de mauvais dosages sont emprisonnés et condamnés pour empoisonnement ou tentatives d’empoisonnement.

Ou bien ce n’est pas le cas. Des fonctionnaires européens, qui n’ont jamais approché un potager de leur vie, régissent l’utilisation de produits auxquels ils ne connaissent rien dans le cadre d’une activité qu’ils ignorent.

Dans ce cas, on laisse le consommateur choisir s’il préfère payer le supplément fraises bio picarde car il estime que la fraise espagnole est fade, cotonneuse ou creuse. S’il préfère les fraises de son potager ou celles de son voisin ou de la marchande du marché locale qui n’ont aucun label, on lui fiche la paix !

« Si l’on ne fait rien, il n’y aura bientôt plus de producteurs de fraises en France », selon le plaignant.

C’est donc bien ça, il ne s’agit pas d’un danger sanitaire mais d’une pure guerre commerciale. Tant qu’à faire, notre Picard aurait pu aussi plaider que l’Andalousie bénéficiant d’un ensoleillement plus favorable que la Picardie devrait être taxée pour avantage concurrentiel en matière de culture de fraises. Ou bien demander une subvention européenne pour compenser le manque d’ensoleillement de la Picardie.

En réalité, le libre-échange n’existe plus dans nos contrées. Ce qui existe, en revanche, c’est un empilage de lois, normes, réglementations, taxes et barrières protectionnistes dans un espace donné pour établir un même jeu faussé pour tous. Ces réglementations ne sont pas faites pour les individus mais pour le profit de la Parasitocratie.

Il sera intéressant de voir, au printemps prochain, si les Britanniques produisent des fraises et si nous pourrons y goûter…

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