La Chronique Agora

Et si la démocratie n’était seulement qu’un vote de protestation ?

Seule la croissance de la productivité fait augmenter le PIB par habitant. Les lois limitent la productivité.

Cela signifie que sur le long terme, les électeurs seront toujours déçus par ceux qu’ils ont portés au pouvoir. Peu importe la politique promise, elle coûtera plus que ce qu’elle ne rapportera.

Dans l’agitation politique qu’est une démocratie moderne, chaque groupe d’intérêt tente de sécuriser sa part aux dépens des autres. Au final, le coût total éclipse tout bénéfice supposé.

Le droit aux soins de santé empiète sur le droit des médecins. Le droit aux aides sociales retire de l’argent à ceux qui travaillent. Les subventions aux agriculteurs prennent de l’argent aux autres industries. Les systèmes d’accréditation augmentent les prix et réduisent la qualité. Et il faut payer un salaire à tous les fonctionnaires des ministères pour mettre en oeuvre toutes ces catastrophes.

Naturellement, le gouvernement se contente généralement d’emprunter l’argent à quelqu’un. La dette publique augmente régulièrement, puisque c’est le seul moyen pour les responsables politiques d’offrir un semblant de repas gratuit. Cela dure un certain temps. Lorsque la dette atteint un trop haut niveau et que le chèque en blanc est en danger, les gens s’énervent et votent « mal ». Peu importe à présent ce qu’ils votent s’il n’y a plus de financement possible. Voter devient donc une forme de protestation.

Peut-être ce phénomène explique-t-il les surprises politiques que le monde a connues ces derniers temps. Les gens utilisent la démocratie comme vote de protestation au lieu de voter pour la politique qu’ils préféreraient voir appliquée.

Peu de gens ont compris le Brexit, mais beaucoup ont voté pour. Peu de gens se rendent compte de ce que ferait la politique de Jeremy Corbyn à la Grande-Bretagne. Mais les médias ont résumé celle de Theresa May, et elle n’a pas recueilli l’adhésion. Par conséquent, les élections ont été anti-May et non pro-Corbyn.

Ceci est un phénomène international. En Grèce nous avons eu Syriza. L’Amérique d’Hillary Clinton restait plus ou moins à l’identique tandis qu’une victoire de Donald Trump l’humiliait elle et ses amis. Mais le vent a rapidement tourné : aujourd’hui, 60% des Américains désapprouvent la politique de Trump, un record historique. En France, Emmanuel Macron et son parti sont tout neufs, il s’agit également d’un vote de protestation. Les Pays-Bas possèdent déjà une longue liste de partis politiques bizarres, parmi lesquels celui de Geert Wilders. Seule l’Italie semble aller contre la tendance : dernièrement, des nouveaux venus y ont perdu les élections locales.

Démocratie : les gens ne protestent pas uniquement par leurs votes

Lors d’une enquête, 25% des Américains ont déclaré qu’ils boycotteraient les entreprises et les produits selon leurs opinions politiques et en fonction de l’apparente collusion des entreprises avec des politiques. Advertising Age a rapporté ces intéressants résultats :

« Près de 34% des r épublicains, par exemple, ont déclaré boycotter Nordstrom, contre seulement 12% des démocrates. L’étude a été menée en février 2017, au moment où la décision du détaillant d’abandonner la ligne de vêtements d’Ivanka Trump faisait la une des journaux.

L’étude a également été menée juste au moment où Uber décidait de réduire ses prix durant une grève des taxis de l’aéroport ; les lois anti-immigration de Trump ayant déclenché une campagne #DeleteUber. Environ 32% des démocrates interrogés ont déclaré qu’ils boycottaient Uber, comparé à 13% des républicains. »

Selon moi, ce sont d’excellentes nouvelles. Les entreprises devraient être tenues responsables de leurs agissements. Le résultat financier est le meilleur moyen de le faire.

Le problème est que les responsables politiques dirigent un pays, pas une entreprise. Un vote de protestation est très bien s’il empêche un homme stupide et dangereux d’accéder au pouvoir. Mais si le remplaçant est pire ? Les protestataires n’en tiennent jamais compte.

Bien sûr, en démocratie, il n’y a pas de bon choix de leaders. Il est rare que les électeurs votent pour une personne ; ils votent pour appartenir à un groupe, pour en contrarier un autre ou pour protester contre ce qui arrive à leur pays.

Cela augure mal pour la démocratie et pour nos pays. Mais on n’a pas fini de s’amuser.

« Brexit dur » contre « Brexit doux »

May a transformé les négociations du Brexit en un phénomène similaire à la démocratie elle-même. Le côté le moins catastrophique sortira gagnant.

Très tôt, il a été clair que l’UE était une catastrophe. A présent le Royaume-Uni l’est aussi.

May a perdu deux ministres du Brexit et son parti complote pour encourager un Brexit « doux ». C’est très déroutant. La position de May selon laquelle aucun accord vaut mieux qu’un mauvais accord ne signifie pas qu’elle veut un Brexit dur. Elle est certainement en faveur d’un accord.

Les seules personnes qui ne veulent pas d’un Brexit négocié sont celles qui veulent être justifiées dans leur prédiction qu’un Brexit dur ne serait pas du tout une catastrophe. C’est mon cas.

Les définitions de Brexit « dur » et « doux » semblent avoir changé du tout au tout. Avant, un Brexit dur signifiait l’échec d’aboutir à un accord avec l’UE avant le délai imparti, ce qui aurait laissé la Grande-Bretagne sortir de l’Union. Un Brexit doux représentait toute sorte d’accord sur lequel se seraient entendues la Grande-Bretagne et l’UE avant cette échéance.

Aujourd’hui, ces mêmes mots désignent le genre d’accord qui pourrait être atteint. Un Brexit doux pourrait inclure la liberté de mouvement et de résidence dans l’union douanière tandis qu’un Brexit dur ne le permettrai pas.

Modifier le sens d’un mot est une manière admirable de modifier le débat. Si un Brexit dur n’est qu’une version d’un Brexit doux, alors un Brexit doux n’est plus du tout un Brexit. Mais il semble encore respecter le referendum.

Mais quel est l’intérêt d’un Brexit si les Britanniques n’échappent pas aux mauvais côtés de l’UE, telles ses restrictions sur le commerce avec le reste du monde ?

La bonne nouvelle est que Steve Baker, le nouveau numéro 3 en charge du Brexit, a bien compris cela. Il a déclaré sur Twitter :

« Le terme de Brexit ‘dur’ ou ‘doux’ est fallacieux. Nous avons besoin d’une sortie correcte, d’une sortie propre, qui minimise les perturbations et maximise les opportunités. »

Il continue :

« En d’autres termes, nous avons besoin de la sortie la plus ‘douce’ en sortant réellement et en reprenant le contrôle de nos lois, de notre monnaie, de nos frontières et du commerce. Cela signifie mettre en oeuvre le contenu du Livre blanc afin que les [ministres] puissent continuer à faciliter le commerce en Grande-Bretagne et avec le monde. »

Des vaches laitières au Qatar

Lorsque les gouvernements échouent, l’économie de marché renait. C’est pourquoi la concurrence est vilipendée par les gouvernements, tout comme le marché noir, la contrebande et la thésaurisation. La liberté met en exergue les défauts de l’interventionnisme qui nécessitent d’être cachés.

Un exemple récent ? La mise au ban du Qatar. Un certain nombre de nations islamiques se sont regroupées pour sanctionner le Qatar pour ses méthodes dévoyées de sponsoring du terrorisme ou d’exportation du gaz, ou les deux – cela dépend à qui vous le demandez.

Dans les faits, les Qataris travaillent à contourner les blocus. Selon Bloomberg, l’homme d’affaires Moutaz Al Khayyat a acheté 4 000 vaches en Australie et aux Etats-Unis et les a fait venir par avion au Qatar pour lancer une toute nouvelle industrie laitière locale. D’ici le mois prochain, il espère satisfaire un tiers de la demande locale de produits laitiers grâce à ces vaches. L’acheminement lui a coûté 8 M$.

Auparavant, le Qatar dépendait des importations de l’Arabie Saoudite. Le capitalisme a rapidement résolu ce problème.
[NDLR : Investir au coeur de l’économie de marché mais à l’écart des marchés financiers brouillés par l’interventionnisme des politiques monétaire peut-être très profitable. Cliquez ici pour découvrir comment faire.]

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