La Chronique Agora

De l'inquiétude à la panique

** Votre chroniqueur revient tout juste du "pow-wow" qui se tient tous les deux mois dans nos bureaux de Baltimore, où, avec mes collègues américains, nous avons discuté et débattu de diverses idées d’investissement. Votre correspondant est arrivé à la réunion très inquiet de l’état de la bourse américaine et de la santé de l’économie des Etats-Unis. Il est reparti complètement paniqué.

– Bien sûr, quelques-uns de mes collègues ont défendu la cause d’une valeur ou deux. Mais d’autres ont présenté des scénarios très probables de ruine ou/et de catastrophe. Ces collègues prudents ne voulaient effrayer personne, ils ont seulement présenté des chiffres et des observations qui laissent supposer que des jours difficiles attendent le consommateur américain.

– Plus précisément, le prix des maisons continue de s’effondrer, les emplois continuent de disparaître et le crédit continue de se retirer de l’économie. Ces trois difficultés auraient pu être surmontables, si ce n’est que le prix de la nourriture et de l’énergie atteignent en ce moment des sommets. Le coût de la vie explose au moment même où les sources de liquidités et de crédit des consommateurs s’assèchent.

– "Mon fioul de chauffage a dépassé les cinq dollars le gallon", s’est plaint un rédacteur habitant le Connecticut. "L’hiver dernier, ça m’a coûté 1 500 $ par mois pour chauffer ma maison. Qui peut se permettre ce genre de dépense sans réduire les coûts sur autre chose ?"

– "L’époque de l’énergie et de la nourriture bon marché est terminée", a annoncé un autre confrère. "Ce n’est pas une bulle des matières premières. C’est la nouvelle situation mondiale. Evidemment, on pourrait voir le maïs tirer son épingle du jeu, et on pourrait voir le brut tomber de 20 $ ou 30 $ pendant une rechute à court terme. Mais les prix des matières premières vont rester haut… l’inflation rugit de nouveau et le consommateur américain n’y est pas préparé".

** "Absolument", a renchéri Byron King, rédacteur de la lettre Outstanding Investments. "Les choses pourraient devenir vraiment épouvantables dans les 12 prochains mois".

– Byron a détaillé l’une de ses inquiétudes principales dans la lettre envoyée mercredi dernier à ses abonnés :

– "Les ouragans dans le Midwest ont causé des dégâts terribles, et ont dévasté l’agriculture. Nous avons maintenant ce qu’un expert météo a appelé ‘la pire inondation depuis plus de 500 ans’. Pensez-y. Si on prend ça à la lettre, la dernière fois qu’il a autant plu, c’est quand Christophe Colomb et les Espagnols exploraient les Caraïbes".

– "Ce sont désormais des régions entières dans lesquelles les récoltes sont perdues. Selon un rapport, 16% de la terre cultivable de l’Iowa est sous les eaux. Et ils ne font pas pousser du riz en Iowa — ils cultivent du maïs".

– "D’ici à ce que la terre sèche, il ne restera plus la moindre chance aux agriculteurs de planter quelque chose qui vaille la peine d’être récolté en automne. Et ça, c’est s’ils peuvent encore assumer les coûts toujours plus élevés de ce que l’on appelle poliment les ‘facteurs de production’. Inondation ou pas, le prix des semences, de l’essence pour le tracteur, du fertilisant, et de tout le reste est bien trop élevé. Pour beaucoup d’agriculteurs, il est déjà trop tard pour faire quelque chose, si ce n’est demander une assurance fédérale pour leurs cultures et attendre un an".

– "Je m’attends à ce que les services des faillites des tribunaux américains soient très occupés l’année prochaine, à régler tous les dossiers qui vont leur tomber dessus. Le pays va perdre des fermes et des fermiers. Nous allons perdre beaucoup de commerçants et de vendeurs qui travaillent dans le domaine de l’agriculture, et certains de leurs banquiers. Je m’attends à ce que beaucoup de silos à grain soient abattus, tout comme les coopératives de certains fermiers. Et ne soyez pas surpris quand de nombreuses usines d’éthanol finiront entre les mains d’un administrateur américain".

– Malgré ce genre d’observations, les esprits rassemblés dans cette réunion n’ont pas fait QUE râler et se plaindre : ils ont également proposé des idées d’investissements qui pourraient prospérer dans l’environnement économique difficile qu’ils anticipent. Quelques rédacteurs ont suggéré les entreprises de forage pétrolier. Un autre a chanté les louanges d’une entreprise hydroélectrique en faillite. Et un autre a parlé d’une entreprise aurifère qui espère extraire le précieux métal des sols sous-marins. Même un vent mauvais peut apporter de bonnes choses… et vous pouvez compter sur nous pour vous en faire part !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile