La Chronique Agora

Les cycles économiques sont morts ! Vraiment ?

Depuis l’invention de la pierre philosophale des taux bas « pour toujours », peut-on pour autant rêver d’une croissance positive sans fin ?

Avant, l’économie, c’était simple. Il y avait des cycles, avec une alternance de périodes d’expansion et de récession. En jouant habilement des outils budgétaires et monétaires, les autorités prétendaient amortir les chocs et relancer la machine.

Face aux aléas de la « conjoncture », il suffisait de trouver le bon « policy mix », ou si vous préférez, la bonne combinaison des deux, le bon réglage en matière de politique budgétaire et politique monétaire.

Lorsque l’économie montrait des signes de surchauffe, les autorités, par le biais de la politique monétaire, faisaient monter les taux d’intérêt, de telle sorte que les agents économiques, particuliers et entreprises, modéraient leur enthousiasme à consommer à crédit et à investir avec effet de levier, car cela coûtait de plus en plus cher.

En période euphorique, l’être humain est ainsi fait qu’il a le sentiment qu’il suffit de prolonger les courbes ascendantes des graphiques, que demain sera encore meilleur. Donc, on achète des actifs immobiliers à tour de bras, on construit de nouvelles capacités de production, etc. comme si la demande était sans limite.

Ces demandes élevées de crédit, se manifestant toutes ensemble, risquaient de provoquer des tensions inflationnistes. Celles-ci, à terme, ruineraient les épargnants, torpilleraient la confiance, et rendraient vains tous les calculs de retour sur investissement. Et sans investissements, plus de croissance.

Il fallait donc éradiquer dès que possible cette hydre économique, et en matière de politique économique avec une hausse des taux d’intérêt.

Lorsque les taux montent, particuliers et entreprises ont tendance à placer leurs liquidités disponibles en obligations — publiques de préférence, car jugées moins risquées, tout en offrant un bon rendement — plutôt que d’utiliser leur épargne comme mise de fonds partielle.

Peu à peu, faute de nouveau carburant, l’économie ralentit et les craintes inflationnistes s’estompent.

C’était vraiment simple.

A l’inverse, lorsque l’économie ralentissait, la politique monétaire devenait plus accommodante ; les taux d’intérêt baissaient, jusqu’au moment où ils devenaient à nouveau attractifs pour celui qui envisageait des investissements. Des investisseurs, précurseurs, reviendraient s’endetter pour lancer de nouvelles lignes de productions, contribuant à relancer progressivement la machine économique.

Dans le même temps, les rangs des chômeurs grossissant, les autorités sortaient l’arme préférée des politiciens, à savoir la « relance budgétaire ».

Comme chacun sait, cela consiste à distribuer du pouvoir d’achat tous azimuts. L’avantage est double, acheter les voix des électeurs avec l’argent des autres, celui gagné par le travail et la créativité et, grâce au pouvoir d’achat supplémentaire ainsi distribué, relancer la machine économique.

Du moins en théorie.

On pourrait applaudir à de telles initiatives. Mais si nos consommateurs aiment des produits que nos industriels ne sont pas capables de fabriquer, et qu’il faut donc importer en masse, la relance n’est pas vraiment une bonne idée lorsqu’on ne peut plus dévaluer pour renchérir les importations, par exemple du fait de la monnaie unique.

Ca commence mal.

L’autre condition pour une relance vertueuse est que l’argent distribué vienne de réserves constituées lors des années de vaches grasses, avec l’accumulation d’excédents budgétaires (ce que font les Allemands en ce moment…).

Mais nos dirigeants ont oublié les conseils de Joseph à Pharaon.

Cela consistait à remplir les granges à blé les bonnes années, pour pouvoir subvenir aux besoins de la population lors des périodes de disette.

Comme nos gouvernements successifs n’ont jamais été capables de dégager des excédents budgétaires lorsque l’économie allait mieux (au contraire, on parlait de « cagnotte » qu’il fallait à tout prix distribuer), la relance budgétaire ne peut qu’être financée à crédit, c’est-à-dire par les impôts futurs…

Comme chacun peut le constater, cette belle mécanique dite de « policy mix », consistant à jouer à la fois sur le solde budgétaire et les taux d’intérêt, pour tantôt calmer les tensions inflationnistes en cas de surchauffe, et tantôt relancer la croissance lorsque celle-ci s’affadit, appartient désormais aux livres d’histoire.

Nous verrons lundi les conséquences que cela emporte pour votre épargne.

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