▪ Comme vous le savez, nous nous interrogeons sur l’épuisement de l’innovation engendrée par la Révolution industrielle… et la faillite de l’Etat-Providence qui en résulte.
Nous tenons tous pour acquis qu’une économie saine « se développe ». Nos gouvernements en dépendent pour payer la facture. Nos investissements en dépendent eux aussi ; nous achetons des investissements en espérant qu’ils prendront de la valeur à la revente et croîtront avec l’économie. Mais si toutes nos suppositions sur ce qui est « normal » étaient fausses ? Si la poussée de croissance que nous avons connue ces 300 dernières années était l’exception, plutôt que la règle ? Si elle touchait désormais à sa fin ?
Nous sommes allé en Suisse la semaine dernière. Zurich est vraiment une belle ville.
Propre… prospère… charmante. Le soir, on aurait dit qu’il y avait plus de gens profitant de la soirée de mai que d’habitants. Les cafés, les restaurants et les bars étaient pleins à craquer. Tout le monde était dehors… flânant… bavardant… buvant. Les Suisses doivent avoir la belle vie.
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PRET POUR L’ONDE DE CHOC ?
Ça vaudrait mieux pour votre portefeuille, en tout cas, puisqu’elle pourrait vous rapporter des gains de l’ordre de 28% en moins de trois jours… 24% en 48 heures… 20% en huit jours… 25% en trois jours… et encore 22% en trois jours.
Toutes ces plus-values ont été engrangées depuis la mi-avril — mais comment ?
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« Oui, c’est un très bon endroit pour vivre. Sauf si on est salarié », expliquait un banquier. « Il y a tant d’Allemands qui s’installent ici — parce que c’est une ville magnifique… et parce que les gens vous laissent tranquille — que les prix ont grimpé. Un citoyen ordinaire peut tout juste se permettre de vivre à Zurich. Quand je descends la Bahnhofstrasse, j’entends rarement la langue locale. J’entends du haut allemand, du russe, du turc, de l’anglais ».
Nous pouvons confirmer que les prix sont élevés. Pas pour quelqu’un comme DSK… mais à nos yeux. Notre hôtel près de la gare n’était pas particulièrement luxueux. Mais notre modeste chambre coûtait quand même près de 700 $ la nuit.
▪ Notre ami Rolf Dobelli, de GetAbstract, nous a interviewé. Il a relevé notre « théorie sur la fin du progrès ».
« Ce n’est pas vraiment une théorie » — nous avons couvert nos arrières. « Ce n’est qu’une idée. Nous ne sommes pas certain d’y croire. Ou de l’aimer. Nous l’essayons simplement pour voir comment elle va ».
« Oui, mais les gens prennent les idées au sérieux. Ils auraient pu en arriver à la même conclusion en 1979 », a-t-il dit. « Ils auraient pu penser que les années de boom étaient terminées à l’époque. Mais il s’est avéré que la croissance allait encore rapporter de gigantesques dividendes — principalement grâce aux communications électroniques et aux gains en efficacité qu’elles permettent ».
« Peut-être », avons-nous répondu. « Mais la majeure partie de la croissance réelle, au-dessus de la moyenne, enregistrée depuis 1979, se trouve dans les économies énergétiques, qui augmentent encore leur consommation par personne. Les économies matures ont enregistré des améliorations incrémentielles depuis, mais elles étaient en grande partie factice — nourries par des augmentations de la dette et des dépenses gouvernementales. Et il n’est pas clairement démontré que les avancées en matière de communication apportent de réelles améliorations en termes de richesse. Pensez à la télévision. Elle existe depuis plus d’un demi-siècle. Elle a probablement pesé sur la richesse, depuis. Et maintenant, avec tous ces e-mails auxquels il faut répondre… Facebook et Twitter à suivre… Il se pourrait qu’ils soient plus une corvée qu’un facteur de production de richesse ».
« C’est comme tout le reste. Les plus gros gains sont faits au début. On invente l’arc et les flèches, par exemple. On chasse plus efficacement. On peut ensuite les améliorer. Mais on ne peut rien améliorer éternellement. Après l’invention de l’arc et des flèches, les humains ont attendu longtemps — avec peu ou pas de progrès — jusqu’à ce que l’arme à feu soit inventée. Et notez que les fusils — comme toutes les autres grandes avancées humaines — étaient, dans les faits, une manière d’utiliser plus d’énergie. On envoyait un projectile plus loin et plus vite en exploitant des sources d’énergie condensées. En gros, l’énergie, c’est de la richesse. Plus on en utilise, plus on est riche ».
« Mais qu’en est-il des mesures d’économie d’énergie ? La plupart des pays européens ont stabilisé, voire réduit leur consommation ces dernières années ».
« C’est bien l’idée. On a obtenu d’importants gains de productivité et de richesse grâce aux premières avancées basées sur le pétrole. On finit ensuite par atteindre un point où les rendements diminuent, où les gains sont rares. On devient plus efficace. On utilise mieux l’énergie. Mais la ‘croissance’ atteint un plateau aussi ».
« Nous en voyons un reflet dans la démographie. Les taux de natalité sont élevés dans les économies émergentes — où l’utilisation d’énergie augmente rapidement. Ils sont bas dans les pays où cette utilisation plafonne. En Allemagne et au Japon — qui sont probablement parmi les utilisateurs d’énergie les plus efficaces au monde — on enregistre une croissance démographique zéro depuis 10 ans. La population japonaise est même en chute. L’économie japonaise s’effondre. Elle stagne depuis 20 ans, et au premier trimestre de cette année, elle se contracte au taux de 3,7% ».
« A mesure que les pays utilisent plus d’énergie, leur taux de natalité décroît. Je ne suis pas certain qu’il y ait un lien de cause à effet, mais c’est ce qui se produit. C’est comme si les gens savaient, inconsciemment, qu’ils sont en train d’atteindre les limites de leur nouvel environnement nourri par le pétrole. Les dernières estimations démographiques montrent que la population mondiale grimpe… mais de plus en plus lentement… jusqu’à ce que la croissance prenne fin en 2050 à peu près, avec environ neuf milliards d’habitants dans le monde. Il est très probable que ce soit à ce moment-là que les gains provenant des ajouts d’énergie plafonneront eux aussi ».