La Chronique Agora

Crise de la dette souveraine : la Grèce et la BCE donnent le mauvais exemple

▪ Plus tôt cette année, l’espace d’un instant, beaucoup d’investisseurs ont évoqué la crise de l’Eurozone au passé. Mais aujourd’hui, il semble que cette crise doive bien se conjuguer au présent et au futur. « Les inquiétudes sur la Grèce font tomber l’euro à son plus bas depuis trois mois », titre Bloomberg News. « Alexis Tsipras, dont le parti Syriza est arrivé en deuxième position aux élections grecques le 6 mai… a déclaré qu’il ne souhaitait pas une coalition avec la Nouvelle Démocratie et le Pasok, les deux partis qui ont soutenu les mesures d’austérité en échange de l’aide financière internationale ».

« Lorsque celui qui est censé former la coalition annonce un moratoire sur l’ensemble de la dette », explique un stratégiste en devises à Bloomberg, « et que le renflouement n’est pas nécessairement en place, il y a de quoi rendre les gens un tantinet nerveux ».

En effet… et cet agacement se ressent outre-Atlantique. Ici aux Etats-Unis, les transactions risk-off sont de retour. Les actions et les matières premières sont en baisse ; les obligations et le dollar en hausse. Même si les principaux indices boursiers américains s’accrochent encore pour être positifs en 2012, le S&P 500 est en baisse de près de 4% depuis début avril.

Ces signes modérés d’inquiétude de la part des investisseurs inspireront sans aucun doute un renouvellement des efforts de renflouement/austérité/manipulation de la part des opérateurs financiers des gouvernements européen et américain. Comme nous l’avons observé à maintes reprises depuis la crise de 2008, il n’y a pas de signal à la baisse de l’économie qui ne soit pas en même temps un appel à agir — un appel à l’action gouvernementale.

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L’Etat-Providence a signé son propre arrêt de mort ! A présent, c’est chacun pour soi

Mais dans cette nouvelle donne, une poignée de Français pourrait être jusqu’à quatre fois plus riche d’ici deux ans.

Comment en faire partie ? Il suffit de suivre le guide…

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Malheureusement, la plupart de ces actions gouvernementales traitent les symptômes plutôt que la maladie elle-même. Elles « guérissent » des membres gangréneux avec de l’aspirine plutôt que par amputation. Résultat : un petit nombre de banques et d’entreprises liées au monde politique sont redressées mais l’économie dans son ensemble reste fatalement malade.

▪ De l’argent créé à partir de rien… et pour rien
Les interventions européennes de ces deux dernières années sont très révélatrices. Les contribuables d’Europe du nord ont envoyé des centaines de milliards d’euros à leurs voisins du sud, tandis que la Banque centrale européenne a imprimé plus de mille milliards d’euros en destinant la plus grosse partie de cet argent aux grandes banques européennes. Résultat de toutes ces manigances, la situation de beaucoup de grandes banques européennes est bien meilleure. Mais des millions de contribuables sont appauvris… et les Grecs eux-mêmes ne s’en retrouvent pas plus riches.

En 2010, avant le premier renflouement, le gouvernement grec devait près de 310 milliards d’euros à des banques ainsi qu’à d’autres membres du secteur privé. Aujourd’hui, 73% de la dette grecque appartient à la BCE, aux Etats de la Zone euro et au FMI. Lorsque l’Union européenne et le FMI auront terminé d’envoyer leurs euros de sauvetage à la Grèce en 2015, la dette grecque totalisera environ 316 milliards d’euros, dont à peu près 100% sera détenue par la BCE et d’autres agences gouvernementales.

En d’autres termes, la monstrueuse dette de l’Etat grec sera aussi importante en 2015 qu’elle l’était en 2010. Mais les agences gouvernementales seront tenues d’assumer ces dettes contrairement aux banques européennes et autres investisseurs privés.

Est-ce vraiment là une solution ? Si oui, pour qui ?

Ce genre de solution récompense les banques imprudentes, punit les contribuables et condamne les Grecs à des années de servitude. Et elle condamne probablement toute l’économie européenne à une longue période de croissance entre faible et négative.

Malheureusement, alors que de telles « bonnes actions » gouvernementales échouent presque toujours à redonner bonne santé et viabilité à une économie malade, elles réussissent presque toujours à alimenter beaucoup de « mauvais comportements ». En récompensant l’imprudence — encore et toujours — les renflouements soutenus par les gouvernements encouragent les mauvais comportements… encore et toujours.

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