La Chronique Agora

La crise derrière la crise économique

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Ce n’est pas juste une question d’inflation, d’emploi ou de production. Tout le modèle est à repenser.

La vraie crise, c’est la crise de la pensée : la pensée théorique utilisée en Occident est fausse, archi fausse et c’est elle qui nous conduit à la catastrophe.

La pensée théorique occidentale est dualiste, au sens où elle sépare le réel de son intelligibilité et relativise tout.

Cette pensée prend l’homme pour Dieu. Elle disjoint. Elle nie les objectifs référents.

A l’inverse de la pensée matérialiste qui, elle est moniste.

La pensée Russe ou Chinoise est plus proche du matérialisme, mais c’est nuancé.

Ce que produire signifie

La pensée occidentale pousse à l’extrême les vices de la pensée spiritualiste archaïque, qui en arrive à se persuader que le réel n’existe pas ! On y retrouve les illusions de toute puissance des enfants.

L’occidental est proche de l’enfant-roi. C’est d’ailleurs ainsi qu’il élève ses enfants : comme des princes. Et l’assistanat est d’ailleurs maintenant généralisé!

C’est une conséquence directe du capitalisme, qui disjoint la production de l’effort et du travail. L’exploitation du travail des autres produit une culture d’enfants-rois.

Dans nos sociétés, on sait de moins en moins ce que veut dire produire.

L’esprit occidental n’est pas matérialiste, il n’est pas ancré, il est suspendu dans les airs comme sa monnaie. Le langage, la parole est d’argent !

La pensée occidentale est merveilleusement résumée par cette affirmation première : le réel n’est rien, les perceptions sont tout.

Cette affirmation s’applique à tous nos domaines et ce n’est pas un hasard si elle s’applique aussi bien à la valeur, la monnaie, les jugements, les opinions, les élections, le genre, etc.

Cette affirmation s’applique même à la guerre en cours… il suffit de propagander, et l’Ukraine gagne. On verra si cette propagande suffit à chauffer les foyers européens cet hiver !

C’est une affirmation prométhéenne, démiurgique, qui conduit à la surestimation des gouvernants et à la sacralisation de leurs actions et propos par les citoyens imbéciles transformés en croyants de la religion moderniste du progrès.

Les autorités et les élites ont compris et assimilé le fait que les marchés n’ont aucune conviction, aucun point de repère, et qu’ils sont sans autre boussole que celle fournie par les autorités monétaires, les too big to fail et les médias qui les aident. Tout cela c’est le nouveau clergé ! Quelle régression !

Marchés flottants

Si les marchés n’ont plus aucune conviction ou repère, ils sont désancrés ; ce qui veut dire qu’ils sont comme des bouchons sur les flots : ils flottent au gré des courants et des vents.

Les vents, ce sont les propos des gouverneurs. Les courants, ce sont les données auxquelles ils se réfèrent pour naviguer – étant posée la question de savoir si ces données sont bonnes, mais c’est une autre histoire.

Ce que l’on voit donc, ou en tous cas ce qu’il nous est donné de voir, c’est la résultante de l’action d’un côté des courants, et de l’autre des vents qui sont soufflés.

Contrairement à ce que pensent les élites impériales, elles ne créent pas la réalité non, surtout pas ; mais en revanche elles ont le pouvoir par leurs paroles, par leurs effets de langage de créer la nôtre… Notre imaginaire.

« Nous sommes un Empire, nous créons la réalité et vous vous adaptez, mais lorsque vous vous y êtes adaptés, déjà nous avons créé une nouvelle réalité. » C’est la déclaration complète de l’époque.

C’est une déclaration de pure domination, et de mise en esclavage.

Le défi noble, n’est pas de créer la réalité des observateurs et de les déjouer. Non, cela est maintenant facile et cela a été bien exploré. Non, le défi c’est de piloter en même temps la réalité que constitue le marché et la réalité objective que constitue la situation économique et financière.

La faille n’est pas entre les autorités et les observateurs, les observateurs sont matés et asservis. Elle est entre la nouvelle réalité ainsi créée, et la réalité objective qui a ses propres lois.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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