** Il se passe de drôles de choses. Et pas uniquement dans les banques.
* Les autorités US ont fermé quelques établissements bancaires dans l’Illinois et le Michigan. Les grandes banques ne vont pas fermer ; elles seront "recapitalisées" — et partiellement reprises par le gouvernement. Ce processus est déjà en cours en Grande-Bretagne. Les dirigeants européens se sont réunis et ont déclaré qu’ils feraient la même chose.
* "L’Europe d’accord sur le sauvetage bancaire", titrait la une de l’International Herald Tribune hier.
* Les autorités financières américaines sont en train de préparer la même manoeuvre. Où la Constitution US autorise-t-elle le gouvernement fédéral à se lancer dans le secteur bancaire ?
* Ceci dit, il n’y a rien de très bizarre là-dedans. Les banques ont fait des sottises. A présent, les politiciens font des sottises. C’était à prévoir. La partie "drôle" reste à venir…
* "Le FMI avertit d’un effondrement financier", déclare un autre gros titre. Si l’on parcourt le reste de la presse, c’est le même sentiment qui prévaut. Si l’on en croit les journaux, la peur a envahi les rues.
* "Anatomie de la crainte", clame un titre de Newsweek. "Le G7 peut-il sauver le monde ?" demande TIME.
* Et partout dans le monde, les gens comptent leurs pertes et commencent à transpirer.
* Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais il nous semble que la semaine dernière a dû engloutir plus de "richesse" qu’aucune autre semaine de l’histoire. Les actions ont chuté lundi et n’ont plus arrêté avant la clôture de vendredi. Lorsque les gens se sont risqués à ouvrir leurs portefeuilles samedi, des milliers de milliards de dollars étaient manquants.
* Eh bien, ce n’étaient que des "profits papier", me direz-vous. Peut-être. Mais c’était de la richesse sur laquelle les gens comptaient — pour leur retraite, pour des vacances, pour de nouvelles voitures… Et maintenant, elle a disparu — pouf ! Que faire ensuite ?
* "J’envisage de retourner travailler"… déclarait un retraité interrogé par le New York Times. Un autre dit qu’il ne pourra pas prendre sa retraite quand il l’avait prévu.
* Mais ces braves gens n’ont fait que commencer à transpirer. Les emplois étaient abondants durant les années de boom — si faciles à obtenir que les gens pensaient pouvoir toujours trouver du travail. Voilà qui pourrait aussi changer rapidement. Le chômage grimpe. Et après la semaine dernière, tous les cadres occidentaux sont sans doute en train de réfléchir à un gel des embauches… et au licenciement des salariés "non-nécessaires" aussi vite que possible. L’entreprise moyenne dépense plus pour la main-d’oeuvre que pour tout autre poste. Dans une récession, la main-d’œuvre est le seul coût qu’un employeur peut contrôler. Le travailleur de base pourrait bientôt se retrouver sans argent… sans crédit… et sans emploi. Retourner travailler ? Où ça ?
** Oui, cher lecteur, le Pays de la Liberté a été mis à mal la semaine dernière.
* A présent, bon nombre de gens se demandent si les Etats-Unis seront capables de se relever…
* "La dette sape la puissance américaine", déclare David Leonhardt dans le New York Times. Dans les faits, les Etats-Unis ont dépensé de l’argent qu’ils n’ont pas encore gagné. A présent, ils doivent éviter de dépenser pour rembourser ce qu’ils ont déjà dépensé. Cela donne au pays un immense handicap compétitif, puisqu’il n’a plus les ressources nécessaires pour financer de nouveaux projets.
* Notre éditorialiste préféré, Thomas L. Friedman, appelle cela "le monde post-bringue". Nous ne lisons pas Friedman pour avoir des idées sur ce qui se passe vraiment — Friedman n’en a aucune idée. Mais il donne corps à des préjugés populaires ; il nous dit ce que veulent les masses non-pensantes.
* Et nous y voilà :
* "Ce processus de rétablissement promet d’être douloureux, compliqué et long", explique-t-il. Pas de quoi paniquer, en d’autres termes. Tout va s’arranger. Il offre ensuite du réconfort en citant les mots apaisants de l’homme le plus riche de la planète :
* "Je n’ai pas la moindre idée de ce que va faire la bourse le mois prochain ou dans les six mois qui viennent", déclarait Warren Buffett vendredi. "Ce que je sais, c’est que l’économie américaine, à terme, s’en sortira très bien — et les gens qui en possèdent une partie s’en sortiront bien".
* Le Sage des Plaines n’a pas révélé d’où il tenait ces choses. Peut-être a-t-il raison, peut-être pas. Mais ici, à la Chronique Agora, nous avons conseillé à nos lecteurs de paniquer au sujet des actifs US il y a longtemps déjà. Nous leur conseillons de rester sur leur lancée… et de profiter du rebond qui s’est enclenché pour vendre.