La Chronique Agora

La corruption, fléau du XXIe siècle

Nous devons nous attendre à ce que la tendance principale – vers la baisse des prix des actifs réels, la hausse des taux d’intérêt, l’inflation… ainsi que le chaos et la corruption – se poursuive.

Une corruption profonde est en train de détourner les politiques du bien-être du public et de la nation, au profit des intérêts de l’élite.

Les industries, les projets favoris et les groupes d’électeurs clés reçoivent de l’argent qu’ils n’ont pas gagné… et la prochaine génération va hériter d’une bombe de 35 000 milliards de dollars de dettes.

Commençons par la guerre russo-ukrainienne. Les Russes semblent la gagner. Mais ce n’est qu’un détail. Ce qui importe, c’est que les Ukrainiens sont en train de perdre et d’entraîner les Etats-Unis dans leur chute.

L’implication des Etats-Unis a commencé sous l’impulsion des idéologues néoconservateurs de Washington et de l’industrie de la puissance de feu qui les finance et profite de leur bellicisme.

La guerre en Ukraine a suivi le modèle du Viêt Nam, de l’Irak et de l’Afghanistan. En d’autres termes, l’engagement des Etats-Unis commence par des mensonges et des idées fausses, se poursuit par des pots-de-vin, un double jeu et des dépenses excessives, et s’achève dans la disgrâce.

En Ukraine, les Etats-Unis vont encore plus loin. Ils montrent au monde que leurs stratèges militaires sont incompétents, que leurs sanctions sont impuissantes et que leurs armes modernes et de haute technologie ne font pas le poids face aux Russes.

En d’autres termes, soutenir les Ukrainiens a été plus qu’un simple gaspillage d’argent. Il a révélé à tous que l’empire de « l’Occident » est loin d’être aussi fort qu’il le prétend… et qu’il invite ses adversaires à le défier.

L’échec des sanctions

Les ressources combinées (PIB) des alliés de l’OTAN sont trente fois supérieures à celles de la Russie. Que des troupes russes aillent faire du bateau sur la Seine n’a donc jamais été un danger réel. Et mettre un terme à l’invasion de l’Ukraine par Poutine semblait être un jeu d’enfant. Lorsque les Etats-Unis ont commencé à appliquer leurs sanctions, on pensait qu’elles paralyseraient l’économie russe, que Poutine serait bientôt mis à la porte et que l’Occident triompherait.

Mais les sanctions n’ont pas fonctionné.

On estime aujourd’hui que l’économie russe croît trois fois plus vite que celle des Etats-Unis. Et les restrictions financières ont rapproché la Chine, l’Iran, la Russie, la Turquie et l’Inde – soit la majeure partie de la population mondiale – pour qu’ils mettent en place leurs propres systèmes commerciaux.

Les dernières nouvelles proviennent du Straits Times :

« La Malaisie rabroue les Etats-Unis sur les ventes de pétrole iranien et déclare qu’elle ne reconnaît que les sanctions de l’ONU. » 

Puis, les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont envoyé leurs armes les plus récentes. Selon la presse, ces armes allaient changer la donne et montrer clairement la supériorité de la technologie « occidentale ». Mais que s’est-il passé ?

« L’Ukraine a mis de côté les chars de combat Abrams M1A1 fournis par les Etats-Unis dans sa lutte contre la Russie, en partie parce que la guerre des drones russes a rendu trop difficile leur utilisation sans être détectés ou attaqués », ont déclaré deux responsables militaires américains à l’Associated Press. 

Les chars américains capturés ont été exposés à Moscou, leur technologie et leur construction ont été minutieusement analysées par des experts russes.

D’autres armes américaines étaient « trop sophistiquées » ou tout simplement « inadaptées » au terrain. Ou alors, il n’y en avait pas assez. Le « jeu » s’est poursuivi, sans changement.

Aujourd’hui, la presse rapporte que les forces russes ont repris l’initiative et progressent vers l’ouest. Et les lignes de défense, que l’aide américaine est censée avoir payées, ne sont pas là. Selon la presse, des entrepreneurs corrompus n’ont jamais fait le travail et ont disparu avec l’argent.

Une politique étrangère raisonnable aurait consisté à ne pas s’immiscer dans la politique ukrainienne. L’argent et les armes des Etats-Unis auraient mieux fait de rester chez eux. Le Pentagone aurait pu tirer profit de la guerre en tant qu’observateur, en étudiant soigneusement les armes et les tactiques russes, plutôt que de se faire battre lui-même.

La corruption a eu raison d’une politique sensée. L’argent du lobby de la puissance de feu empêche toute réponse honnête et raisonnable. (L’argent envoyé en Ukraine, comme Joe Biden nous l’a fait savoir, « nous revient »… ou, du moins, la partie qui n’est pas volée… aux industries d’armement de Virginie du Nord.)

Mais la corruption est accompagnée d’un fusible… et il est allumé. A l’étranger, elle renforce les « ennemis » désignés de l’empire et accélère le jour de son propre effondrement.  Et voici ce que nous dit le Comité pour un budget fédéral responsable :

« Au cours des sept premiers mois de l’année fiscale 2024, les dépenses en intérêts nets ont atteint 514 milliards de dollars, dépassant les dépenses en défense nationale (498 milliards de dollars) et en assurance-maladie (465 milliards de dollars). Les dépenses totales s’élèvent à ce jour à 3 900 milliards de dollars. Les dépenses d’intérêts sont également supérieures à toutes les sommes consacrées cette année aux anciens combattants, à l’éducation et aux transports.  »

Le problème n’est pas politique… il est mégapolitique.

La mégapolitique nous apprend que les gens ne disent pas toujours ce qu’ils veulent, ne savent pas toujours ce qu’ils veulent et n’obtiennent pas toujours ce qu’ils veulent. Au lieu de cela, ils pensent et font ce qu’ils veulent faire… et obtiennent ce qu’ils méritent. Et ils finissent là où ils devraient être, portés par les courants profonds de l’Histoire.

Personne ne veut mourir, par exemple, mais tout le monde meurt. Personne ne veut que la Sécurité sociale fasse faillite. Mais si l’on ne remédie pas au problème, elle fera faillite. Trump et Biden ont tous deux promis de ne pas toucher aux programmes d' »assurance » du pays ; le problème ne sera pas réglé.

C’est ainsi que même le plus grand empire se dirige vers son propre enterrement. Cela se passe à la vue de tous, comme un vieil homme qui se meurt dans une maison de retraite. C’est une corruption naturelle, organique, un peu comme la pourriture qui s’installe dans les vieux arbres. Ils se creusent et puis ils se brisent.

Les Etats-Unis ont une dette de 35 000 milliards de dollars, et celle-ci augmente au rythme d’environ 5 milliards de dollars par jour, tandis que les seuls intérêts (d’après les derniers chiffres ci-dessus) s’élèvent à 2,4 millions de dollars par jour.

Qui veut de cela ? Qui veut mourir ? Qui veut faire porter à ses propres enfants le fardeau d’une dette à vie ?

Mais qui peut l’arrêter ?

En pensant à nous-mêmes et à nos chers lecteurs, la réponse est la suivante : probablement personne. Nous devons donc nous attendre à ce que la tendance principale – à savoir la baisse des prix des actifs réels, la hausse des taux d’intérêt, l’inflation… ainsi que le chaos et la corruption – se poursuive.

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