La Chronique Agora

Contre la nationalisation des banques !

** Les gens travaillant dans le secteur financier étaient mieux payés que toute autre classe professionnelle…

* … ce qui n’était pas si épouvantable, déclare Floyd Norris dans le New York Times, lorsqu’ils semblaient être les gens les plus intelligents de la planète.

* Maintenant qu’on a découvert qu’ils sont en fait les plus grands benêts au monde, les salaires élevés mettent de l’huile sur le feu.

* Durant la Bulle Epoque, toutes les mamans voulaient que leurs enfants deviennent banquiers en grandissant. Parce que c’était là qu’on pouvait gagner gros. A présent… on ne peut plus gagner.

* Les banques sont ruinées. Et les gens qui travaillent dans le secteur financier subissent de grosses amputations de salaires. Pour commencer, leurs primes — qui dépendent de la profitabilité du secteur — sont automatiquement réduites. Ensuite, ce sera au tour de leur salaire.

* Les salaires du secteur financier grimpent en même temps que le cycle du crédit, affirme une étude menée par le Bureau américain de la recherche économique.

* "Les salaires de la finance étaient excessivement élevés aux environs de 1930, puis à partir du milieu des années 90 jusqu’en 2006", déclare le rapport.

* Lorsque l’instinct animal est au plus haut, en d’autres termes, l’industrie financière peut s’en mettre plein les poches. Lorsqu’il est au plus bas, les salaires du secteur chutent. Et lorsque les revenus de l’industrie financière baissent, il en va de même pour les économies qui en dépendent.

* Ce n’était pas une coïncidence si la ville de New York a fait faillite dans les années 70, continue le rapport. Les spéculateurs étaient rares, le crédit était limité et le secteur financier était en crise. Bientôt sur vos écrans : une baisse des prix de l’immobilier à Manhattan et Londres.

* Les mamans devraient désormais pousser leurs bébés à intégrer d’autres métiers — la politique, peut-être. Le secteur financier tout entier est sur la paille. Et si le secteur financier est ruiné, le reste de l’économie ne peut fonctionner — c’est du moins l’argument avancé. Les politiciens et les économistes cherchent donc désespérément des solutions. Et quelle solution ont-ils trouvé ? Remettre plus de pouvoir et d’argent… surprise… aux politiciens ! Les banquiers sont peut-être ruinés, mais les politiciens agissent comme si l’argent n’était pas un problème. "Combien vous faut-il ?" demandent-ils.

* "N’assurez pas les banques — nationalisez-les", écrit James Saft dans le International Herald Tribune. Selon lui, la nationalisation — la prise de contrôle totale par le gouvernement — est le moyen le plus efficace et le moins cher de ramener les banques à la vie.

* Il y a quelques mois seulement, "nationalisation" était presque un gros mot. Personne — sinon un bolchevique lobotomisé — n’aurait trouvé désirable qu’une bureaucratie gouvernementale gère l’argent du capitalisme. A présent, rares sont ceux qui pensent qu’il y a mieux.

* L’idée est d’une naïveté typique. Lorsque les banquiers ont aperçu la possibilité de revenus plus hauts sans risque, la dernière chose qu’ils voulaient, c’était des interférences. Comme des gangsters, ils ont lutté pour empêcher leurs rivaux de s’imposer sur leur territoire. Mais aujourd’hui, les salaires du péché tombent… et les risques semblent trop élevés. Ils risquent la faillite et ils sont découragés.

* Tout le monde veut faire passer les risques du secteur financier sur les épaules du contribuable.

* Mais attendez… comment le capitalisme peut-il fonctionner sans que des capitalistes dirigent son secteur le plus important ? Sans parler du coût additionnel. Dans le privé, le secteur financier alloue des capitaux et prend des risques. Les banquiers font des erreurs… mais au moins leurs intentions sont pures ; ils sont motivés par l’avidité. Entre les pognes du gouvernement, en revanche, les décisions seront plus politiques — elles seront prises pour apaiser les groupes de pression, pour favoriser les causes en vogue, pour indemniser des partisans ou punir des opposants. D’un point de vue économique, cela ralentira la véritable croissance… et provoquera d’étranges allocations de capital ainsi que des distorsions financière. Au lieu d’être conduite par l’avidité pure et simple, en d’autres termes… l’économie sera aiguillonnée par la corruption, le favoritisme et des programmes politiques voilés.

* A la Chronique Agora, en tout cas, nous sommes carrément contre la nationalisation des banques. Non que nous pensions que les bureaucrates ne feront pas bien leur travail ; comment pourraient-ils faire pire ? Simplement, nous ne pensons pas qu’ils seront aussi amusants à observer.

** "C’est un désastre", déclarait un ami l’autre soir — grand promoteur immobilier en Europe.

* "On ne développe pas de gros projets avec de l’argent de poche", expliquait-il. "Il faut avoir des poches profondes. On se tourne donc vers les grandes banques. Mais à présent, même Warren Buffett ne parviendrait pas à obtenir un prêt pour un projet immobilier. J’ai passé toute la journée à argumenter avec des banquiers. Ils ont promis des lignes de crédit. Ils se sont engagés. Ils soutenaient ces projets. Et maintenant, ils se retirent. Ils utilisent la moindre excuse pour renier leurs obligations… contraignant bon nombre de projets à la faillite".

* "Dans l’un des projets, nous avons amélioré les plans… de sorte que les maisons ont été terminées pour moins cher… et étaient un meilleur produit. Mais la banque a annulé notre financement parce que selon elle, nous avions fait des changements sans accord préalable".

* "En France, actuellement, il y a pénurie de logements. Voilà pourquoi les prix des maisons ne chutent pas en France comme ils le font dans le reste du monde. Il n’y a pas assez de maisons".

* "Pourtant, nous avons dû arrêter des projets partout dans le pays… parce que nous n’arrivons pas à obtenir l’argent pour les terminer".

* "Nous avions un projet dans le Sud de la France où il nous restait environ 100 unités à vendre… toutes terminées. J’ai donc dit aux acheteurs que je leur donnerai un chèque de 40 000 euros s’ils achetaient l’un de ces appartements… se vendant à environ 300 000 euros. C’était une excellente affaire. Et les gens savaient que c’était une excellente affaire. En une semaine, j’avais 50 contrats signés. Mais sur ces 50, devinez combien ont abouti ? Devinez combien ont pu obtenir le financement nécessaire pour acheter ces appartements ? Trois… juste trois. Tous les autres ont perdu leurs dépôts".

* "C’est un cauchemar… si seulement j’avais pris ma retraite il y a six mois !"

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