La Chronique Agora

Où l’on continue de nourrir les bestioles du marigot

Le mouvement de fond est inversé ; l’avidité est en train de laisser place à la crainte. Cela se voit dans la teneur des politiques mondiales – et dans le cours de l’or.

La nuit dernière, nous sommes allé dîner dans le bâtiment le plus haut du monde – le Burj Khalifa, une immense tour de métal poli et de verre miroitant.

De notre restaurant, au 122ème étage, nous pouvions voir l’hôtel au-dessous :

La vue depuis le 122ème étage du Burj Khalifa à Dubaï

L’expérience était bizarre et artificielle, mais pas déplaisante.

Marchés ou politique, une dynamique très différente

Pendant ce temps, le Dow Jones a repris du terrain – sans toutefois rejoindre son sommet historique du 3 octobre 2018.

Il y a plus important : le ratio Dow/or. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est à 19,13 – en baisse par rapport à son sommet de 22,36 en 2018. Il nous conte une histoire plus profonde… à laquelle nous reviendrons ci-dessous.

« Soit les entreprises se développent, soit elles se contractent », expliquait un collègue hier.

« Lorsqu’elles se développent, elles sont nourries par les marchés… elles regardent vers l’extérieur pour trouver de nouveaux clients, de nouveaux produits, de nouvelles manières de faire les choses. Elles investissent dans de nouvelles usines et de nouveaux employés. Et elles n’ont pas peur de la concurrence ; elles l’accueillent à bras ouverts.

« Lorsqu’elles se contractent, en revanche, elles sont nourries par la politique. Elles se tournent vers l’intérieur, et tout le monde essaie d’obtenir le plus possible. Les actionnaires, les dirigeants et les employés essaient tous de se protéger… avec des primes, des clauses de non-concurrence, des parachutes dorés…

« Bien entendu, ce n’est jamais tout l’un ou tout l’autre. Même dans les entreprises en croissance, qui se développent, il y a toujours des gens qui la jouent politique. Il faut essayer de vous en débarrasser ».

Qui domine en ce moment ?

Il en va de même pour les pays, les sociétés et les économies. Parfois, ils sont alimentés par les marchés. Le plus souvent, par la politique.

Plus les marchés dominent, plus on a de liberté et de progrès. Plus on laisse les canailles et les vauriens de la politique dominer, en revanche, plus on a droit à la répression, la récession et au pigeonnage.

Pour nous assurer que nous sommes bien tous sur la même longueur d’onde… décrivons la différence.

Les marchés sont basés sur la coopération. On passe des accords gagnant-gagnant… en espérant sortir avec une longueur d’avance. L’émotion principale est l’avidité – le désir d’en avoir plus.

La politique est basée quant à elle sur la force et sur la soif non de progrès et de prospérité, mais de pouvoir. Comme le disait le président Mao, « le pouvoir est au bout du fusil ». L’émotion principale est la crainte – le désir de protéger ce que l’on a.

L’élection de Donald J. Trump a donné un petit coup de fouet à la politique. Avant que l’administration Trump n’arrive au pouvoir, le commerce se situait plutôt au bas de la liste des priorités des autorités. Il se déroulait principalement comme une activité de marché pure. A présent, des centaines de milliards de dollars de biens sont soumis à des caprices politiques et des dessous-de-vin pour initiés.

La Fed se prélassait déjà dans le Deep State avant l’avènement du Donald.

Désormais, la politique monétaire fait aussi partie des conversations lors des dîners en ville. Le président des Etats-Unis fait ouvertement pression sur la Fed – censée être indépendante en termes de politique – pour qu’elle stimule le marché boursier avec des taux plus bas.

La politique migratoire est elle aussi devenue plus politique. M. Trump a réalisé que de nombreux Américains préféraient le pays tel qu’il était, plutôt que tel qu’il devenait. Il a proposé de construire un mur afin de Rendre sa Grandeur à l’Amérique.

La voie naturelle des choses

L’expansion et la contraction ne sont que la voie naturelle des choses. Nous grandissons à mesure que nous quittons l’enfance. Nous nous affaiblissons à mesure que nous vieillissons.

Les pays sont eux aussi des choses naturelles. Après une période d’expansion, les élites commencent à regarder vers l’intérieur ; elles utilisent le pouvoir des autorités pour passer des lois, écrire des réglementations et émettre de la fausse monnaie afin de soutirer de la richesse aux classes moyennes.

Généralement, lors d’une période d’expansion, on veut participer à l’action ; on espère profiter du progrès.

Dans une période de contraction, en revanche, les écailles vous tombent des yeux… des projets échouent… des espoirs s’évanouissent… et l’on recherche la sécurité. Historiquement, les investisseurs privilégient l’or.

C’est pour cela que notre ratio Dow/or – que nous appelons aussi notre jauge avidité/crainte (A/C) – est si important.

Il voit loin, au-delà des gros titres et des cours boursiers. Il observe des cœurs sombres et désespérés… mesure des cycles de vie financiers… et surveille les marées.

Lorsqu’il grimpe, l’avidité règne. Lorsqu’il baisse, la crainte est en tête.

A présent, nous constatons que les gens achètent peut-être des actions, mais ils achètent aussi de l’or.

Bloomberg :

« L’or connaît un solide retour en grâce. 

Les prix se sont envolés après des mois sans relief, dépassant les 1 400$ l’once pour la première fois depuis septembre 2013 vendredi. Les investisseurs sont revenus sur les ETF [aurifères] et la Réserve fédérale américaine a apporté une aide majeure aux haussiers cette semaine lorsqu’elle a ouvert la porte à une réduction des taux d’intérêt, affaiblissant le dollar et augmentant l’attrait de l’or. »

La marée se retire

Nous sommes d’avis que la grande marée économique se retire. C’est le cas depuis 1999. Comme nous l’avons vu hier, les taux ultra-bas de la Fed ont stimulé les prix des actions mais empiré le déclin réel.

Si nous avons raison, le ratio A/C nous dira tout. Quoi que fasse le Dow Jones, notre jauge passera sous les cinq avant de finalement s’inverser.

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