Vous avez reçu une proposition d’investissement qui semble intéressante, mais peut-être un peu trop… Des moyens existent pour vérifier que ça n’est pas une arnaque.
La semaine dernière, nous avons commencé à faire la liste des arnaques financières qui menacent notre épargne. Certaines ont désormais plus d’un siècle tandis que d’autres sont apparues ou se sont fortement développées en parallèle d’Internet.
Ces dernières années, la course aux arnaques les plus sophistiquées s’est accélérée. Les arnaqueurs débordent de créativité pour proposer des placements plus ou moins atypiques, se faire passer pour une banque, ou même dupliquer un site de confiance comme celui de l’UFC-Que Choisir.
Intéressons-nous aujourd’hui aux derniers types d’arnaques dont il faut se méfier, avant de voir quels moyens sont disponibles pour aider à déterminer si une offre est une arnaque ou non.
Les arnaques au trading
L’escroquerie au trading est particulièrement répandue, notamment auprès des jeunes qui sont attirés à la fois par la perspective de gains rapides et importants et par l’adrénaline que procure les variations tout aussi rapides et importantes des cours.
Les arnaques au trading sont particulièrement nombreuses. Le Forex, le marché sur lequel s’échangent des monnaies du monde entier, est très souvent le terrain de jeu des escrocs. Notamment parce que c’est le plus gros marché financier du monde avec 6 000 Mds$ échangés par jour et qu’il est ouvert 24h/24.
La filouterie commence par exemple par une publicité pour une formation (qui peut coûter de 100 € pour la moins chère à 5 000 € pour la « plus pointue »), qui va faire de vous un trader professionnel.
Cette promesse est bien entendu irréaliste, car ce n’est pas en quelques heures ou quelques jours que vous deviendrez un véritable pro, qui plus est sur des marchés où il est très difficile de prévoir l’évolution des cours à quelques minutes ou quelques heures de distance. En attendant, le « formateur » aura été rémunéré.
Une autre arnaque, celle dit « aux signaux », est l’une des plus courantes. L’escroc se fait passer pour un émetteur de signaux, c’est-à-dire d’informations qui vont permettre de déclencher une vente ou un achat. Ces signaux sont non seulement erronés, mais en plus ils sont payants. Vous perdez donc de l’argent pour obtenir le signal… qui vous en fera perdre encore plus si vous le suivez.
Quelquefois, les signaux sont conditionnels, c’est-à-dire qu’ils sont gratuits à condition que vous ouvriez un compte auprès d’un courtier précis qui versera une commission à l’émetteur. Ce ne serait pas bien grave si, encore une fois, l’émetteur n’était pas un charlatan qui vous a refilé un tuyau percé.
Il existe bien sûr des formations sérieuses, des intermédiaires honnêtes et des émetteurs de vrais signaux, et il est possible de gagner sur le Forex. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la grande majorité des personnes y ayant investi ont perdu la totalité de leur mise et certaines se sont même endettées.
Selon une étude menée par l’AMF sur un échantillon de 15 000 investisseurs sur le Forex et/ou via des CFD – contracts for difference, un produit financier qui permet de parier sur les variations à la hausse ou à la baisse d’un actif sous-jacent (indice, action, devises ou cryptoactifs, etc.), et qui a un effet de levier censé multiplier les gains – 9 sur 10 avaient perdu de l’argent. La perte moyenne était de 10 900 € par client.
Les influenceurs, pourvoyeurs de fausses « bonnes affaires »
Enfin, la dernière fraude en vogue en ce moment implique les influenceurs, ces nouvelles « stars » des réseaux sociaux suivies par des dizaines de milliers de fans, parfois des millions. Ils font la promotion de produits et de services moyennant, la plupart du temps, une rémunération de la part de la marque concernée (en plus de la rémunération provenant de la publicité qu’ils diffusent sur leur site).
Une loi est actuellement en préparation pour contraindre ces influenceurs à indiquer très clairement, sur leurs vidéos, le caractère commercial de celles-ci. Il s’agit également de leur interdire de promouvoir certains produits et services. Dans le collimateur du législateur, la chirurgie esthétique, les médicaments et dispositifs médicaux, les boissons alcoolisées, les jeux d’argent et de paris sportifs.
Certains produits et services financiers risqués sont également visés, comme les CFD, les options binaires, les cryptoactifs ou encore les NFT. Ces interdictions, si elles sont votées, doivent beaucoup à la célèbre influenceuse Nabilla, qui s’était précédemment distinguée dans des émissions de téléréalité.
Mais Nabilla a surtout été épinglée par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour avoir vanté, sur son compte Snapchat, les mérites d’une formation de trading en ligne. Elle a été contrainte de payer une amende de 20 000 € pour « pratiques commerciales trompeuses sur les réseaux sociaux ». Elle aurait dû, en effet, selon le code de la consommation, signaler qu’elle était rémunérée pour promouvoir cette formation.
La dernière affaire en date est celle de Marc et Nadé Blata, un couple d’influenceurs aux 4 millions de fans, installé à Dubaï, qui faisait la promotion de deux produits financiers – la NFT « Animoon » et le canal de trading « Blatagang ». Des milliers de leurs abonnés auraient investi dans ces produits sans recevoir les gains promis. Le préjudice va de quelques centaines d’euros pour les plus chanceux à 100 000 € pour les moins prudents. Au total, il serait question de 6,3 M€.
Un peu moins de 90 victimes françaises ont lancé une action collective. Pour leur avocat, « Animoon » est une arnaque au « tir de tapis » qui consiste, pour un escroc, à attirer des investisseurs, avec l’aide d’influenceurs, vers un nouveau projet de crypto-actif. L’escroc se retire avant que le projet ne soit construit, laissant aux investisseurs une monnaie sans valeur.
Quant à « Blatagang », c’est une plateforme qui misait les fonds récoltés sur le marché des produits dérivés du Forex qui ont enregistré entre 70 et 80% de pertes.
Ces exemples ne sont que trois parmi des milliers. Quoi qu’il arrive, méfiez-vous toujours des recommandations venant de non-professionnels de la finance.
Quelques règles à suivre pour se protéger
Nous l’avons vu, personne n’est à l’abri des arnaques aux placements sur internet. Il est cependant possible de se prémunir de la plupart en suivant quelques règles élémentaires.
Tout d’abord, sur internet et les réseaux sociaux, évitez de donner vos coordonnées postales et mail, vos numéros de téléphone, bien sûr vos coordonnées bancaires, vos numéros de carte bancaire qui, même utilisés par des personnes honnêtes, peuvent être volés pour être ensuite revendus à des escrocs de haut vol.
Aujourd’hui, grâce à l’intelligence artificielle, il est tout à fait possible pour eux de consolider les données provenant de différentes sources. Ils agrègent votre nom et votre numéro de téléphone, par exemple trouvés sur LinkedIn, à un numéro de sécurité sociale et un RIB interceptés ailleurs sur le web. Moins vous laissez de traces, moins vous serez susceptible d’être ciblé.
Ensuite, méfiez-vous des promesses de rendement élevé garanti, trop belles pour être vraies, surtout si l’on ne vous met pas en garde du risque élevé qui lui est nécessairement associé. L’arnaque est presque toujours certaine. Tenez-vous également sur vos gardes si vous avez affaire à des vendeurs trop insistants ou qui vous poussent à signer rapidement.
Gardez également toujours en tête que les placements dits de diversification ou atypiques doivent être abordés avec la plus grande prudence. Avant toute chose, vous devez vous demander si le placement envisagé correspond à vos objectifs patrimoniaux, à votre horizon de placement et à vos moyens financiers. N’oubliez jamais que le capital, pas plus que le rendement, n’est pas garanti, et que la revente du produit peut être très difficile.
Renseignez-vous sur la société porteuse de l’offre (identité, siège social, organisation, numéro d’enregistrement dans le cas d’un investissement en biens divers, etc.) et sur le produit (fonctionnement, prix d’achat et de vente, frais, modalités de revente et délais…). Lisez attentivement l’ensemble de la documentation ainsi que les mentions en petits caractères.
Qu’il vous propose un placement, un crédit ou une assurance, votre interlocuteur doit être inscrit sur l’un des quatre registres tenus en France : le Regafi (entreprises autorisées à exercer une activité bancaire, financière, de monnaie électronique ou de services de paiement), le Refassu (entreprises autorisées à exercer une activité d’assurance), l’Orias (courtiers, agents généraux et mandataires d’assurance, courtiers en crédit, conseillers en investissement financier, intermédiaires en financement participatif) et le Geco (OPCVM, OPCI, SCPI).
Vous pouvez aussi faire des recherches sur internet car vous n’êtes probablement pas le premier à être contacté. Certains de ceux qui ont déjà été escroqués par la même offre ou une offre similaire se sont répandus sur les réseaux sociaux ou des sites spécialisés pour narrer leur mésaventure. Les sites de l’AMF et de l’APCR sont à consulter, ainsi que ceux des associations de consommateurs comme l’UFC-Que Choisir ou encore d’ADC France.
Sachez aussi que l’AMF et l’APCR publient cinq listes noires, régulièrement tenues à jour, pour :
- les crédits, livrets d’épargne, services de paiement et contrats d’assurance ;
- les investissements sur le Forex ;
- les produits dérivés sur cryptoactifs ;
- les options binaires ;
- les investissements en biens divers (diamants, vin, cryptoactifs, etc.).
Ces listes noires recensent les sites et entités non autorisés à proposer leurs produits en France. A côté, il existe aussi des listes blanches pour :
- les investissements en biens divers ;
- les Initial Coin Offerings (ICO) ;
- les prestataires de services sur actifs numériques (PSAN).
Enfin, si vous avez le moindre doute sur une offre ou un professionnel, vous pouvez contacter la plateforme abe-infoservice.fr.