La Chronique Agora

Comment prévoir la fin de la baisse des marchés

Par Simone Wapler (*)

L’optimisme printanier a provoqué un fort rally boursier mondial, que l’Europe n’a pas boudé le mois dernier : +4% pour le CAC 40 en une semaine et +16% en un mois. Encore plus d’enthousiasme en Allemagne (une semaine à +6% pour le DAX et un mois à +18%). Le Footsie conserve un flegme tout britannique avec respectivement +2% et +13%. L’Euro Stoxx 50, qui regroupe les cinquante plus grosses valeurs européennes, s’adjuge 5% en une semaine et 20% sur le mois.

Il n’en faut pas plus pour que certains caressent l’espoir du retournement des marchés. Les bourses seraient reparties comme en 2003 et le point bas atteint. Ces optimistes s’appuient sur le constat que les marchés ont toujours au moins six mois d’avance sur l’économie. Et, comme banquiers centraux et politiques s’accordent pour voir une sortie du tunnel dès le début 2010, il est logique que le retournement se produise dès maintenant.

Pour certains, le point bas est derrière nous
Alain Bokobza, responsable de la stratégie actions européenne pour la Société Générale, voit le CAC 40 à 3 200 points à la fin de l’année et estime que le point bas boursier est derrière nous. C’est lorsque les indicateurs économiques sont fortement ancrés dans le rouge que l’heure est propice à un retour sur les marchés, explique-t-il dans La Tribune et Les Echos.

Autres indicateurs justifiant pour certains la fin du grand marché baissier : l’indice VIX de volatilité et la sortie des investisseurs des fonds monétaires. Le trouillomètre VIX retrouve son niveau de la mi-2008. Mais beaucoup d’investisseurs européens restent très sceptiques quant à la reprise américaine, proclamée en vue pour 2010 et à la solidité des dernières statistiques qui ont causé le rebond des marchés.

Morgan Stanley, le 6 avril, passait vendeur des actions, estimant que la hausse n’était pas justifiée par la conjoncture économique. Chez Seven Capital, fonds alternatif qui a toute latitude pour être investi ou non sur les marchés actions, on remarque que "la hausse de mars porte toutes les caractéristiques techniques d’un rebond technique dans un marché baissier. […] Les fondamentaux restent très préoccupants avec, en particulier, une poursuite du recul de la production industrielle dans la plupart des grandes économies."

Mais la crise financière n’est pas soldée
Enfin, beaucoup font remarquer que la crise bancaire n’est pas finie. La Tribune cite le milliardaire George Soros : "le système bancaire est dans son ensemble insolvable".

L’économiste Philippe Simonnot remet les pendules à l’heure : "Etats et banques centrales sont en fait à l’origine du cataclysme actuel. Des investissements sont financés qui ne mériteraient pas de l’être, et des emplois sont créés qui ne correspondent pas à des besoins réels. Le résultat final, quand la bulle explose, ne peut être que faillites en chaîne et chômage de masse."

Nous sommes au coeur d’une crise historique, sans équivalent autre que 1929. Les observateurs s’accordent sur ce point. Par comparaison, les récessions antérieures ne sont que des accidents de parcours. Par le passé, on a constaté que les actions touchaient leur point bas quelques mois avant celui des résultats des entreprises et des prix de l’immobilier. Mais durant la Grande Dépression, ce décalage avait été différent : les actions européennes et américaines ont touché leur point bas six mois après celui des prix de l’immobilier américain.

La configuration actuelle rappelle plus celle des années 30 que celle des crises postérieures de moindre ampleur. Une taille de bulle sans précédent historique s’est gonflée avec 62 000 milliards de dollars de dérivés de crédit. Les bilans des banques sont encore douteux et le ménage financier loin d’être terminé, même si le G20 aimerait nous le faire croire.
[NDLR : Echappez au faux rebond… et surmontez la crise avec une plus-value potentielle de 600% — Simone Wapler vous montre comment faire ici même]

Meilleures salutations,

Simone Wapler
Pour la Chronique Agora

(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.

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