La Chronique Agora

Comment Bill Bonner a perdu sa main gauche

« L’inflation ou la mort » : un piège qui se referme sur de nombreux pays. Lequel sera le prochain sur la liste ?

« Que s’est-il passé ? » nous a demandé un ami.

Nous avons tenté d’en faire une histoire intéressante.

« Nous étions au marché à Riyad ; j’ai essayé de tâter un kumquat pour voir s’il était mûr, et le maraîcher m’a coupé la main.

« ‘Allahu Akbar !’ a-t-il hurlé. ‘C’est comme ça qu’on traite le vol à l’étalage chez nous !’

« Heureusement, c’était ma main gauche.

« Nous nous sommes précipités à l’hôpital mais, dans la panique, nous avons renversé un orphelin qui vivait dans la rue.

« ‘Vite, installe-le à l’arrière’, ai-je crié à Elizabeth. ‘C’est bien de l’avoir sous la main, haha.’

« Hélas, une fois arrivés à l‘hôpital, nous avons découvert que sa main gauche manquait elle aussi.

« ‘Il a sans doute fait ses achats chez le même maraîcher’, a noté Elizabeth.

« Heureusement, les Saoudiens venaient d’exécuter quelqu’un dont la main gauche fonctionnait parfaitement – comme il l’avait démontré en étranglant sa femme. »

J’ai levé le bras pour le montrer à notre ami. « Ils me l’ont donnée. En seconde main. »

« Ne t’approche pas de moi avec ça », a dit Elizabeth.

« Non mais sérieusement. » Notre ami semblait insensible à nos talents de conteur. « Accident de bricolage ? »

« Non, contracture de Dupuytren ».

« Oh. »

A présent, de retour au travail, nous sommes handicapé. Estropié.

Taper nous est difficile, nous allons donc faire court !

Terminé, les sottises superflues. Fini, les adjectifs qui fatiguent les doigts. Chaque mot soigneusement forgé, méticuleusement choisi, compte.

Et les mots qui comptent le plus pour nous sont ceux qui décrivent un futur désastre…

« Tout le monde le fait »

Mercredi dernier, nous avons vu que le piège de « l’inflation ou la mort » est passé de l’Allemagne au Zimbabwe puis au Venezuela… faisant de nombreux arrêts en chemin. Nous nous demandions aussi où il apparaîtrait ensuite.

« Quasiment partout », pensons-nous. Toutes les grandes puissances mondiales essaient désormais de regonfler leur économie avec de l’argent factice.

« Tout le monde le fait », dit le président américain. Et puisque tout le monde le fait – baisses de taux, quantitative easing, déficits, etc. – tout le monde DOIT le faire afin de garder le rythme.

M. Trump veut que les Etats-Unis en fassent plus (nous y reviendrons) : cela met toute la planète dans le piège « l’inflation ou la mort ».

Personne ne veut voir sa devise grimper – à moins d’être en vacances à l’étranger ou de rechercher des bonnes affaires en matière d’investissement.

Personne, non plus, ne veut voir son économie baisser – c’est pour cela que l’on peut compter sur de nouvelles mesures de relance. Barron’s :

 « Il est temps d’en venir à de gigantesques dépenses gouvernementales pour éviter une crise économique. »  

Accidents de devises

Notre vieil ami Chris Mayer, désormais gestionnaire de fonds chez Woodlock House Family Capital, voit là une opportunité :

 « La livre britannique a récemment atteint un plancher de 34 ans par rapport au dollar… ce qui signifie [pour un investisseur américain], en adoptant une perspective de long terme, qu’il est temps d’aller faire son marché au Royaume-Uni (R.U.).

 Une livre équivaut à 1,24 $ environ actuellement. En mars 2018, elle était à 1,4 $ – soit 14% plus élevée… et si l’on remonte à cinq ans, elle était à 1,63 $ – ou 31% plus haut. 

Si l’on tient pour acquis que la livre pourrait rebondir à un moment ou à un autre, les actifs libellés en livres sont actuellement en soldes.  

Evidemment, je ne suis pas le seul à réfléchir en ces termes…  

La famille la plus riche de Hong Kong vient d’acheter un brasseur britannique vieux de 220 ans, qui gère également des pubs, Greene King, pour 2,7 Mds£.  

[…] Je n’ai pas été surpris qu’une famille ait passé un tel accord. Les familles ne se soucient pas de jouer au jeu des trimestriels. Elles peuvent réfléchir à long terme, au-delà des problèmes actuels. (Peut-être veulent-elles aussi sortir de Hong Kong !) 

C’est en partie pour cela, selon plusieurs sources de recherches, que les sociétés de gestion familiales ont de meilleures performances que d’autres sur les marchés boursiers.
Pour en revenir au R.U. : de nombreuses personnes passent à côté du fait que les entreprises basées au Royaume-Uni se concentrent sur l’international. Environ 70% des revenus des entreprises du FTSE 100 [un indice regroupant les 100 entreprises cotées à la Bourse de Londres] proviennent de l’extérieur du R.U. Même si l’on est d’avis que le Brexit pourrait nuire à l’économie britannique, les entreprises basées au R.U. pourraient quand même très bien s’en sortir… »

Il y a eu un autre gros accident de devise cette année : l’Argentine, où des élections vient de donner un bon coup sur la nuque du peso et du marché boursier.

Nous y serons d’ici une semaine environ, pour voir cela de plus près. Mais demain, nous allons jeter un œil à ce qui nous attend.

Un avant-goût : ce pays est lui aussi dans le piège « l’inflation ou la mort ». Son président pro-entreprises, Mauricio Macri, a tenté de résister à l’inflation. Il est « mort ».

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