La Chronique Agora

Comme le bouffon le disait au voleur (1)

Par Bill Bonner (*)

L’an de grâce 2008 est mort dans la disgrâce. On l’a jeté dans une tombe creusée à la hâte… et on lui a jeté de la boue sur le visage, comme à un dictateur mort. "Bon débarras" était l’avis quasi général. Mais ici, sur la dernière page, nous portons le deuil. 2008 a peut-être été la pire année de l’histoire boursière, mais nous ne nous souvenons pas nous être autant amusés. Parmi les moments forts de 2008, on a appris qu’un adulte sur 100 aux Etats-Unis est en prison ; à mesure que l’année progressait, ce chiffre semblait bien insuffisant.

Le 11 janvier 2008, l’un des plus grands prêteurs hypothécaires des Etats-Unis — Countrywide Financial — a fait faillite. Le 17 février 2008, le Britannique Northern Rock a été nationalisé. Pourtant, les dirigeants n’ont pas vu la calamité qui était en train de se dérouler juste sous leur nez.

"Je ne pense pas que nous nous dirigions vers une récession", déclarait George W. Bush. "Je n’envisage pas de scénario où le contribuable américain sera mis à contribution […]", ajoutait Henry Paulson. Puis, le 11 mars, le secrétaire au Trésor US continuait en expliquant que les conséquences des prêts subprime étaient "en grande partie contenues".

Dès le lendemain, Alan Schwartz, PDG de Bear Stearns, affirmait au monde entier que sa société n’était pas confrontée à une crise des liquidités : "nous avons terminé l’année, et nous avons déclaré que nous avions 17 milliards de dollars en dépôt dans la société mère de la banque, faisant office de matelas de liquidités", a-t-il déclaré. Cette même semaine, Christopher Cox, président de la SEC, ajoutait que son organisation était tout à fait satisfaite des "matelas de capitaux" dans les cinq plus grandes banques d’investissement américaines.

Quatre jours plus tard, les matelas semblaient avoir mystérieusement disparu. Bear Stearns se trouvait confronté à la faillite suite à l’effondrement des prix des subprime. Dans une mesure désespérée, la société s’est vendue à JP Morgan le jour suivant pour 2 $ l’action — une remise de 98% par rapport à son sommet de 171 $.

En juillet, plusieurs choses étaient très claires : le problème des subprime n’était pas "contenu", les banques n’avaient pas assez de liquidités et tous les officiels — publics ou privés — qui ouvraient le bec étaient soit des bouffons soit des voleurs. Le 16 juillet, Bernanke, président de la Fed, déclarait que les fragiles géants du prêt hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, n’étaient "pas en danger de faillite". Le lendemain, la chaîne de télévision ABC interrogeait Daniel Mudd, PDG de Fannie Mae. L’organisation aurait-elle besoin d’un renflouement, lui demanda-t-on. "C’est très improbable", telle était l’opinion du numéro un.

La suite dès demain…

Meilleures salutations,

Bill Bonner
la Chronique Agora

(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres L’inéluctable faillite de l’économie américaine et L’Empire des Dettes.

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