Nous avons toujours écrit qu’il s’agissait pour la Grèce non pas de savoir "si" elle allait faire faillite mais "quand".
A ce stade, le mot faillite n’apparaît pas dans les titres des journaux. "Restructuration", disent L’Agefi et le LeMonde.fr du jeudi 20 janvier. "Rachat d’obligations", préfèrent le Financial Times et le Wall Street Journal. "Le tabou de la restructuration", commentait La Tribune. Le cahier saumon du Figaro est muet comme une carpe, tout comme Les Echos.
Peu importe ces euphémismes — restructuration, décote, moratoire — pour un état, ils sont tous synonymes de faillite.
Comment cela va-t-il se passer ?
Jacques Cailloux, chef économiste Europe de la Royal Bank of Scotland, nous explique le procédé. L’EFSF (c’est le "machin" créé par l’Europe pour s’occuper de cette question) rachète sur le marché de la dette grecque à 80% du nominal puis la revend à la Grèce à 90% de ce nominal.
Dans cette affaire :
– Le marché perd 20 (il accepte de vendre 80 ce qui vaut 100)
– L’EFSF gagne 10 : il achète 80 et revend 90
– La Grèce qui devait 100 ne doit plus que 90
Et hop ! Magique, la Finance…
Précisons au passage que l’EFSF n’a pas d’argent et qu’il doit être alimenté par des pays qui sont obligés de lever de la dette (puisque tout le monde est en déficit, même l’Allemagne).
Précisons aussi que mercredi la dette grecque se négociait déjà avec 29% (source Financial Times) de décote sur le marché secondaire et que la BCE a racheté pas moins de 76 milliards d’euros de dettes souveraines (source Wall Street Journal) la semaine dernière. Pour vous mettre les points sur les i, ce ne serait pas 80% mais 70% qu’il faudrait que "le marché" accepte.
▪ Au fait, qui est "le marché" ?
Les banques européennes et la Banque centrale, nous indique complaisamment le Financial Times.
Mmmmmm, vraiment ? Que ça ? Non, bien sûr : les assureurs, ceux-là même qui vous vendent leurs contrats d’assurance-vie.
Nous sommes dans une crise de solvabilité des états, pas de liquidité
Nous n’arrêtons pas de le clamer, l’EFSF et autres machins prétendent résoudre une crise de liquidité, mais il s’agit d’une crise de solvabilité. Le Financial Times mentionne que la restructuration envisagée rayera 12,5 milliards d’euros de dette grecque, ce qui ramènera son ratio d’endettement de 158% à… 153%.
Alors voilà, vous seriez prêt, vous, à prêter dans de meilleures conditions à quelqu’un qui, au lieu d’être surendetté à 158% baisse son endettement à 153%. Vous diminueriez vraiment le taux d’intérêt que vous lui réclamez en compensation de votre risque ?
Non, évidemment.
▪ Combien cela va-t-il vous coûter ?
A MoneyWeek, nous en avons plus qu’assez de toutes ces simagrées. Pendant que nos élites se chipotent sur d’éventuels nouveaux stress tests des banques, nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes.
Nous avons déjà mené nos propres stress tests. Sur les assureurs (là où est votre argent) et non sur les banques. Donc nous savons vous chiffrer les faillites grecques, irlandaises, portugaises. Et nous vous proposons des solutions pour couvrir les pertes probables que vous allez endurer si vous ne réagissez pas.
Notre rapport spécial, rédigé par un spécialiste du risque crédit, est prêt. Il sera disponible dès samedi prochain, avec toutes les solutions pour couvrir vous-même vos risques et conserver votre patrimoine dans ce qui tourne à la plus grave crise financière de tous les temps : la faillite des Etats-Providence.
[Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières, Simone Wapler est passionnée par les investissements "tangibles" et c’est ce qu’elle met chaque semaine au service des abonnés de L’Investisseur Or & Matières. Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances. Simone est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.]
Première parution dans MoneyWeek le 21/01/2011