En Europe, un scandale chasse l’autre… jusqu’au 18 décembre ?
Le choix de la thématique de cette chronique a été difficile, tant il y avait d’actualités économiques qui font bouger les lignes (à haute tension), et d’autres plus anecdotiques mais hautement symboliques (le prix du mégawatt/H importé du continent payé par le Royaume Uni a dépassé le prix de l’once d’or pour la 1ère fois de l’histoire ce 10 décembre, soit plus de 1 800 $).
Et puis, il y a celle qui semblent relever de la bouffonnerie, ou d’un « grand bêtisier » mais qui en réalité s’avèrent d’une exceptionnelle gravité, comme cette vice-Présidente du Parlement Européen – Eva Kaili – inculpée et placée en détention pour corruption au profit du Qatar (qui prend très à cœur nos actuels soucis énergétiques) suite à une perquisition à son domicile où de fortes sommes en liquide (en petites coupures usagées et dont les numéros ne se suivent pas) ont été découverts, et ce, sans même devoir forcer son coffre-fort.
Car par chance, ces liquidités n’étaient pas cachées à l’intérieur : ce coffre aurait pu s’enfuir sans laisser de traces, comme celui d’Alexandre Benalla quelques heures avant que la police obtienne un feu vert – étrangement tardif – pour fouiller son appartement : adieu les jolis billets aux parfums orientaux, et zéro preuve pour la justice.
Là au moins, l’accusation de recel tient la route et cet argent supposé illicite est enfin en sécurité, et entre de bonnes mains.
Ironie de l’histoire, Eva Kaili, ainsi que quelques autres hauts responsables siégeant à Bruxelles (comme l’italien Pier Antonio Panzeri, président de la commission des Droits de l’Homme de l’UE, président de l’ONG « combattre l’impunité ») étaient chargés de la lutte contre la corruption dans l’Union européenne, et en particulier celle de la Hongrie qui semble les obnubiler depuis des années.
La Hongrie est devenue l’Empire du mal, comme l’était le Danemark du temps de Shakespeare : avec ce même avantage… on peut le clouer au pilori, le maudire, le punir pour se donner bonne conscience, sans craindre de représailles.
C’est parfait pour détourner l’attention du public de ses propres turpitudes.
Il y a tout de même une lueur de cohérence dans l’océan d’absurdité et de compromissions dans lequel sombre l’Europe : comme pour Cahuzac il y 10 ans, la lutte contre la corruption et la fraude n’avait pas été confiée à une amatrice.
Eva Kaili connaissait bien le sujet.
En revanche, sa mémoire de court terme lui joue parfois des tours : elle ignorait « l’existence de l’argent retrouvé chez elle » et ne se souvient pas d’avoir touché des pots de vin du Qatar.
Tout aussi surprenant : les lobbyistes de l’Emirat sont atteints de la même amnésie.
Eva Kaili se souvient-elle de son passé de mannequin, puis d’ex-présentatrice à la TV grecque, ce qui lui avait servi de tremplin pour devenir députée socialiste (du Pasok à Athènes) ? Cela pourrait lui servir dans une prochaine vie, si elle passe par la case prison !
Le groupe socialiste du Parlement européen se souvient-il d’avoir appuyé sa candidature et de ne s’être jamais étonné de ses nombreux entretiens avec des Qataris… parce que trop occupé à dénoncer les méfaits de Viktor Orban, responsable de tous les maux démocratiques de l’Europe…
Mais cocorico, tout pourrait rentrer dans l’ordre grâce à un français, le député socialiste Raphaël Glucksmann, lequel dirige la commission spéciale sur les « influences étrangères ».
Ses investigations pourraient permettre de mettre à jour certains faits troublants : l’attribution de la Coupe du Monde – qui se déroule actuellement à Doha – pourrait ne pas avoir résulté du seul amour pour le football de l’émir Al-Tani, propriétaire du PSG (c’est du second degré bien sûr).
En creusant un peu du côté des rumeurs malveillantes et en développant des raisonnement complotistes, certains n’hésitent pas à prétendre que des valises de billets en provenance du Qatar circulent en Europe depuis une quinzaine d’années, depuis la Présidence Sarkozy.
Mais ce sont de vils racontars, aucune « valise » n’a jamais été saisie… et d’ailleurs, pour les 600.000E en liquide (sur 1,5 millions saisis) qui auraient été trouvés chez un suspect, il n’y a pas besoin d’une valise, une simple mallette, ou une grosse sacoche, suffisent amplement.
Et puis si les députés européens et les décideurs appartenant à d’obscures commissions touchaient des pots de vin, cela se saurait, depuis que l’on installe des éoliennes et des panneaux photovoltaïques dont l’essentiel des composants proviennent de Chine.
Et que dire d’Ursula Von der Leyen – dont le mari multimillionnaire doit son poste actuel de directeur d’un labo américain à Pfizer – qui a commandé pour 70MdsE de vaccins ARN en ayant la pudeur de ne pas dévoiler les termes des contrats et en effaçant ses SMS concernant les négociations.
Elle a surement agi ainsi pour ne pas encombrer les instances dirigeantes de l’UE avec de la paperasse et des procédures décisionnelles fastidieuses : il y avait urgence, priorité à la santé des européens.
Qui pourrait la soupçonner d’avoir bénéficié d’une énorme rétrocommission alors qu’elle a tout fait pour accélérer la livraison du précieux sérum, avant même qu’on ait testé son efficacité réelle et vérifié sa capacité à empêcher la transmission.
Certains mauvais esprits complotistes estiment que si nous avions connu sa relative absence d’efficacité et la profusion de ses effets secondaires, les commandes auraient été beaucoup moins massives : c’est facile à dire, après coup, n’est-ce pas ?
L’empressement à commander des centaines de millions de doses pourrait donc s’expliquer – selon les détracteurs de la chef de nos élites bruxelloises – par des « intéressements » se chiffrant en centaines de millions d’E ou de $… ce qui ravalerait les dons en espèces qataris versés à la vice-présidente à des pourboires en pièces jaunes… tellement insignifiants qu’Eva Kaili en a perdu le souvenir, et on la comprend !
En ce qui concerne les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, il est assez troublant que les rendements annoncés avant les passages de commandes (600MdsE pour l’Allemagne) soient très éloignés de l’énergie effectivement produite… et que cela n’interroge personne.
Mais le vent souffle par intermittence, l’ensoleillement est aléatoire (surtout l’hiver) … et même le niveau des rivières n’est pas totalement maîtrisé par les exploitants de barrages hydro-électriques lors de grandes sécheresses comme cet été.
Donc, la nature a ses caprices qu’aucune valise de billet ne saurait atténuer.
En revanche, par caprice ou par dogmatisme, certains écologistes -donc Dominique Voynet- se vantent d’avoir fait capoter la filière nucléaire française pour la seule satisfaction de faire aboutir leur détestation de l’atome (filière que la France maîtrisait de A à Z, sauf l’uranium) … ce qui a ouvert le formidable marché du « renouvelable » à la Chine et du gaz (pas très « eco-friendly ») à la Russie.
Mais qui irait soupçonner la Chine ou la Russie de se comporter comme le Qatar auprès de nos parlementaires européens qui placent – naturellement – l’idéal de la décarbonation et de la dénucléarisation au-dessus de toute considération matérielle ?
A moins que, à moins que les complotistes aient raison (un « complot » s’avère souvent être une vérité qui s’est simplement réveillée 3 mois plus tôt que les médias « mainstream ») et que des lobbyistes aient arrosé des députés et des politiciens sans éthique et sans scrupules pour saborder notre filière nucléaire, au profit de toutes sortes d’intérêts, comme amoindrir la puissance relative de la France par rapport à l’Allemagne (laquelle pensait pouvoir s’appuyer durablement sur un gaz russe surabondant et bon marché).
Ou comme offrir des débouchés au GNL qatari, aux éoliennes et aux panneaux solaires constitués de composants majoritairement chinois.
Mais le chef d’œuvre de la technocratie européennes et de ses présidents de commissions aura été le démantèlement du monopole d’EDF, la création d’une fausse concurrence parasitaire et la conception d’un mécanisme européen de fixation des prix que l’on croirait inventé par les pires ennemis de l’Europe afin de ruiner son industrie et de plonger ses habitants dans un cocktail diabolique de misère et de pénuries.
Il suffirait de dire « stop », comme les espagnols et les portugais pour voir le coût du Mégawatt divisé par 4 et retomber de 400 à 100 euros… mais aucun de nos dirigeants ne fait mine de vouloir faire cesser ce qui ne mérite pas d’autre appellation que celle de « scandale ».
Mais en Europe, la règle c’est qu’un scandale chasse l’autre : celui de la corruption par le Qatar chasse celui des SMS de Von der Leyen, qui lui-même chassait celui des éoliennes qui produisent moitié moins que ce que nous vantait la notice, etc.
Combien de temps cette Europe-là va-t-elle encore tenir ?
Combien de temps les européens vont-ils encore la supporter ?
La parenthèse footballistique s’arrête ce 18 décembre… le 19, le temps de la distraction sera révolu.