La Chronique Agora

Combien de möngös dans un tugrik ?

▪ Question du jour : combien de möngös y a-t-il dans un tugrik ?

Si vous avez répondu 100, félicitations ! Si vous n’avez pas su répondre, ne vous inquiétez pas. De toute façon, les Mongols eux-mêmes n’en ont cure. On ne parle sans doute pas beaucoup du tugrik, leur monnaie nationale, si ce n’est dans la capitale au nom le plus bizarre de la planète, Ulaanbaatar (Oulan-Bator en français). Pourtant, le tugrik est la monnaie qui a le mieux performé dans le monde en 2010 — c’est-à-dire la meilleure monnaie-papier.

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Au 1er janvier en un an, le tugrik a bondi de 15% par rapport au dollar américain, talonné de près par le dollar australien, à la deuxième place et qui a progressé de 12% (ce qui est déjà pas mal !) par rapport à la monnaie "préférée" de la planète, à leur plus haut. Le yen japonais s’est hissé à la troisième place.

Qu’ont donc en commun les deux premières monnaies au classement 2010, qui leur donne un tel attrait à l’achat ? D’abord, toutes les deux ne sont pas le dollar américain. Ni l’euro d’ailleurs. Ce dernier est largement considéré comme ayant eu la pire performance parmi les principales monnaies cette dernière année et a perdu un terrain considérable face aux autres monnaies fiduciaires — USD, JPY, GBP, CHF, AUD, et CAD.

Voilà donc ce qu’elles ne sont pas. Toutefois, ce que sont ces deux monnaies est sans doute plus intéressant. Ces deux moyens d’échange sont, ipso facto, des monnaies soutenues par des matières premières. C’est-à-dire qu’elles tirent une bonne partie de leur dynamisme de la valeur sous-jacente des vastes dotations de ressources naturelles très abondantes dans les deux pays.

Il n’est pas surprenant que d’autres monnaies soutenues par des matières premières se soient également mieux comportées par rapport à la "monnaie hélicoptère" soutenue par la foi de Bernanke. Par exemple, le dollar canadien a terminé 2010 à un plus haut de 30 mois par rapport au dollar. Encore plus impressionnant : le real brésilien qui, après avoir bondi de 37% en 2009, a ajouté 4,4% supplémentaires l’année dernière.

Naturellement, ce n’est pas pour dire que ces monnaies fiduciaires en particulier sont imperméables à l’enthousiasme du banquier central. En effet, les pages de l’histoire monétaire sont jonchées des restes carbonisés des prétendus remplaçants de l’or. Même durant l’empire romain, lorsque l’or et l’argent-métal étaient utilisés en tant que monnaie, les rogneurs de monnaie ne pouvaient pas garder leurs cisailles dans leurs tuniques

Non content d’avoir brûlé sa propre capitale, Néron mit le feu à la monnaie de son empire en 58 après Jésus-Christ, ouvrant la voie à une série d’empereurs pyromanes qui suivront. Lorsque Claude II le Gothique accéda au trône (268-270 ap. JC.) la quantité d’argent-métal dans un denier (qu’on supposait à 100%) en argent n’en avait plus en réalité que 0,02%.

Les banquiers centraux, déterminés à ne pas tirer les leçons de l’histoire, se sont donné du mal pour répéter les erreurs du passé tout au long du 20ème siècle. Il ne fait pas de doute que l’introduction de plus de papier-monnaie combustible a aidé leur cause. Du nouveau kwanza de l’Angola (AON) au dramatique dollar du Zimbabwe (ZWD), plus d’une vingtaine de monnaies fiduciaires sont mortes sous le fouet ardent de l’hyper-inflation au cours de cette période.

En 1923, l’Allemagne de la République de Weimar a souffert d’une inflation à un point tel qu’elle voyait les prix doubler tous les deux jours. Mais les banquiers centraux commençaient tout juste à affûter leur technique. En 1946, le prix des biens libellés en pengos hongrois doublait dans ce pays toutes les 15 heures. Plus tard, en 2008, le taux d’inflation a atteint un niveau si problématique au Zimbabwe que les économistes avaient du mal ne serait-ce qu’à savoir comment le mesurer.

Finalement, après avoir épuisé plusieurs calculateurs, sans aucun doute possible le professeur Steve H. Hanke parvint à obtenir un chiffre. La mesure de l’Indice d’Hyperinflation Hanke pour le Zimbabwe (HHIZ) indiquait que le taux d’inflation annuel atteignait 89,7 sextillions pour cent (89 700 000 000 000 000 000 000%) mi-novembre 2008. Gideon Gono, gouverneur de la Reserve Bank of Zimbabwe, avait réalisé une prouesse que Néron lui-même n’aurait pu imaginer possible.

Entre temps, l’or était plus ou moins relégué au second plan. L’or n’étant le passif de personne, M. Midas observait les monnaies monter et descendre au gré du flux et du reflux. Certaines monnaies devenaient plus fortes, d’autres plus faibles. En effet, la seule chose qu’ont en commun toutes les monnaies fiduciaires, les fortes comme les faibles, est qu’elles ne sont pas de l’or. Elles sont un passif, un acte de foi, un engagement envers cette caractéristique bien particulière et tenace de l’esprit humain qui refuse d’écouter l’histoire ou d’en tirer des leçons.

Le tugrik et le dollar australien sont des monnaies fortes aujourd’hui. Mais elles gagnent par défaut. D’un autre côté, l’or a bondit de près de 30% en dollars l’année dernière, battant haut la main ces deux monnaies papier "gagnantes". Autrement dit, même le papier monnaie le plus fort perd par rapport au métal précieux. Il serait alors plus juste de dire que le dollar australien et le tugrik ont simplement été les plus petits perdants.

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