La Chronique Agora

Cette clause pourrait accélérer la hausse des prix de l’or

or investissement

Si les banques centrales du monde entier augmentent leurs achats d’or, ce n’est pas sans raison, et la dédollarisation n’explique pas tout. Une institution majeure dont on parle peu pourrait être la plus importante source de hausse des prix du métal précieux cette année…

Comme nous l’avons déjà montré dans La Chronique Agora, les banques centrales ont depuis une dizaine d’années augmenté de manière très significative leurs achats d’or physique. C’est le cas des banques centrales de la Chine et de la Russie, mais aussi celles de la Thaïlande, du Brésil ou de la Turquie.

Depuis 2010, elles ont dans l’ensemble accru leurs réserves de 5 678 tonnes d’or. Cela représente 18% du total de leurs avoirs en or. Et le fait que le prix du métal jaune ait presque doublé sur les sept dernières années ne les a pas arrêtées pour autant.

Nous vous avions également expliqué qu’elles augmentent leurs achats d’or, car elles craignent l’inflation… même si en public, ces craintes sont minimisées.

Tout cela fait partie de la distorsion permanente entre le monde financier et l’économie réelle. Et c’est l’impressionnant programme de création monétaire des banques centrales leur a permis de payer tout cet or.

Dans les années à venir, tout nous laisse penser qu’elles continueront à acheter de l’or, en quantités encore plus importantes.

Les accords de Bâle, une opportunité pour l’or

Ce phénomène est dû à l’existence d’une institution basée en Suisse, dont vous entendez rarement, voire jamais, parler dans les médias grand public. Il s’agit de la Banque des règlements internationaux (BRI), qui a été créée en 1930 à Bâle, en Suisse… soit au lendemain du krach de 1929.

La BRI est connue comme « la banque des banques centrales ». Elle est constituée des 63 banques centrales du monde entier. Si vous deviez dessiner une pyramide des institutions les plus puissantes du monde, la BRI se situerait quelque part au sommet.

La BRI facilite les transactions entre les banques centrales. Elle publie également ce que l’on appelle les accords de Bâle. Il s’agit de recommandations de réglementations qui fixent les normes du secteur bancaire dans le monde entier.

A ce jour, elle a publié trois accords de Bâle…

L’accord Bâle I a été signé en 1988 pour minimiser le risque de crédit. Il a créé un système de classification des actifs bancaires, et il a établi les exigences minimales de fonds propres pour les institutions financières.

Bâle II a été mis en place en 2004. Il a élargi les règles relatives aux exigences minimales de fonds propres établies dans le cadre de Bâle I. Il a également fourni un cadre pour la surveillance réglementaire. Enfin, il a fixé de nouvelles exigences en matière d’information pour évaluer l’adéquation des fonds propres des banques.

Bâle III a été publié en 2009 en réponse à la crise financière de 2008. Il exige des banques qu’elles maintiennent certains ratios de levier et qu’elles conservent certains niveaux de capitaux de réserve. Il vise essentiellement à empêcher un nouvel effondrement financier mondial en incitant les banques à détenir des actifs plus sûrs. Et cela inclut l’or…

En 2017, la BRI a mis à jour Bâle III pour y inclure des clauses spécifiques à l’or. Elle a revalorisé le rôle officiel de l’or dans le système monétaire international pour la première fois depuis des décennies. Les nouvelles règles rendent la détention d’or physique plus attrayante pour les banques et autres institutions financières.

Par conséquent, elles pourraient devenir un puissant catalyseur. Elles pourraient inciter les principaux acteurs du marché mondial de l’or à augmenter leurs achats d’or… plus encore qu’au cours de la dernière décennie.

Tout or n’est pas égal

En effet, Bâle III accorde à l’or une reconnaissance officielle dans le système financier international.

Auparavant, l’or – sous quelque forme qu’il soit – était considéré comme un actif risqué à détenir pour les banques centrales. Les anciennes règles plaçaient l’or – tant les produits dérivés physiques que papiers – dans la catégorie d’actifs la plus risquée.

Mais Bâle III réduit cette classification de risque de deux manières. Premièrement, l’or alloué devient un actif de niveau 1. Il s’agit de la catégorie la plus sûre (comprenant les liquidités et les devises). Auparavant, l’or était classé comme un actif de niveau 3, la catégorie la plus risquée. Deuxièmement, il établit une distinction entre l’or alloué et l’or non alloué.

Avec l’or alloué, vous êtes le propriétaire entier d’un lingot ou d’une pièce physique spécifique. Il n’y a aucune autre revendication sur cet or. Avec l’or non alloué, vous n’êtes pas le propriétaire de l’or. Il reste la propriété de la banque. En tant que tel, vous devenez essentiellement un créancier de la banque.

L’institution à laquelle vous achetez l’or ne possède peut-être même pas suffisamment d’or pour couvrir la valeur totale de tous les investissements en or non alloué qu’elle détient. Et il pourrait y avoir de multiples revendications de propriété du même métal physique.

L’or non alloué est populaire auprès des banques, car il est plus facile à détenir et à négocier que l’or physique alloué.

Mais désormais, en vertu de Bâle III, les banques qui détiennent de l’or non alloué doivent constituer des réserves supplémentaires. Elles devront garantir 85% de leur or non alloué à l’aide d’autres actifs de niveau 1. A l’inverse, l’or alloué reçoit une pondération de risque de 0%. Il peut donc être traité comme de l’argent liquide.

Bâle III donne donc à l’or – en particulier à l’or alloué – une assise beaucoup plus solide dans le système monétaire international. Il vise à empêcher les banques de se contenter de dire qu’elles possèdent de l’or dans leur bilan. Et il les empêchera d’avoir plus d’un propriétaire pour leur or.

Cela incite donc inévitablement les banques à acheter des lingots physiques réels.

Cela pourrait déclencher une déferlante d’achats sur l’or

Lorsque ces changements ont été annoncés pour la première fois en 2017, les banques centrales ont fortement fait monter les enchères.

Jetez un coup d’œil à ce graphique. Vous pouvez voir une forte hausse de leurs achats d’or en 2018…

En 2018, les banques centrales du monde entier ont acheté 656 tonnes d’or. Soit 75% de plus que l’année précédente. Il s’agit de la plus grande frénésie d’achat d’or des banques centrales, de l’histoire.

Et si cela a eu lieu uniquement lorsque la BRI a annoncé les mises à jour de Bâle III en matière d’or… imaginez ce qu’il pourrait se passer lorsque les banques appliqueront réellement ce changement.

Cette politique sera officiellement mise en œuvre en janvier 2023. Elle pourrait déclencher une véritable ruée vers l’or dans les mois à venir.

Et si cela coïncide avec une hausse de l’inflation ou d’autres conditions de marché favorables à l’or, une hausse encore plus forte des prix de l’or pourrait suivre.

C’est donc le moment idéal pour se positionner…

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