L’empire du Milieu a changé d’attitude. Un revirement brutal, qui a pu en surprendre certains, mais qui trouve ses racines dans un phénomène bien précis…
Les risques augmentent de façon exponentielle dans le système mondial.
Je n’insisterai pas sur le sujet car là n’est pas mon propos aujourd’hui. Que l’on sache simplement que les risques s’accumulent à tous les niveaux : économique, financier, monétaire, politique et géopolitique. Le système ne tient que par un fil – et, comme je le dis souvent, il est « pricé » pour la perfection.
Cela va faire sourire mais nous sommes en phase finale. Cela peut durer longtemps, mais cela peut aussi se disloquer demain.
Je suis persuadé que les autorités chinoises partagent mes analyses et que leurs décisions doivent être interprétées à la lueur de mes hypothèses. Pékin est persuadé que cela va tanguer.
Dans un premier temps j’ai considéré que les mesures décidées étaient des mesures préventives destinées limiter les effets d’une crise financière et bancaire. Par exemple une crise qui serait provoquée par un futur taper, une raréfaction et une hausse du dollar mettant en difficulté toute la périphérie mondiale – dont la Chine.
Cette analyse était insuffisante, trop courte.
Une révolution profonde
Pékin ne s’est pas contenté de prendre des mesures décisives pour freiner les excès, en particulier dans les prêts et la spéculation sur les appartements ; il est allé bien au-delà.
Selon un média d’Etat chinois, une « révolution profonde » balaye le pays. Cette annonce est assortie d’un avertissement : quiconque résisterait s’exposerait à des sanctions.
L’article ajoute que « c’est un retour de la classe du capital aux masses populaires, et c’est une transformation du capitalisme nous remettons le peuple au centre », marquant un retour à l’intention initiale du Parti communiste. « Par conséquent, il s’agit d’un changement politique, et le peuple redevient le principal acteur du changement, et tous ceux qui bloquent ce changement centré sur le peuple seront écartés. »
Ce qui se déroule va bien au-delà des mesures visant à contenir les excès de crédit ; il s’agit d’une remise en cause systémique radicale, une remise en question du modèle mixte chinois… avec brimade du secteur de pointe internationalisé ouvert sur le monde global et des mesures en faveur du système domestique.
La Chine a entamé une phase de transition vers un autre régime.
Ceci étant posé, ce qui fait mystère, ce sont les causes. La Chine a fait un diagnostic de la situation domestique et de la situation mondiale, elle juge qu’il est nécessaire d’imprimer une nouvelle orientation à son régime, pourquoi ?
Je vois plusieurs hypothèses.
Une survie essentielle
Le cœur de toutes les hypothèses, c’est la survie du régime et de l’ordre actuel.
Les dirigeants chinois pensent que l’ordre actuel est menacé et ils veulent soit le préserver soit gérer les réaménagements. Ils veulent en particulier préserver la classe dirigeante et le rôle du Parti communiste.
De façon complémentaire, les dirigeants estiment que la probabilité d’un conflit anticipé avec les USA et l’OTAN se rapproche.
Le désengagement des Etats-Unis de l’Afghanistan est interprété comme une volonté américaine de se concentrer sur le risque chinois et sur Taïwan.
Ce qui est clair, c’est que la Chine ne joue plus la globalisation et l’égalisation des valeurs sur le marché mondial. Elle veut empêcher que les valeurs occidentales ne se transfèrent au système chinois – et ceci concerne aussi bien les valeurs des marchandises que les valeurs sociétales ou civilisationnelles.
C’est une analyse synthétique inspirée par l’exemple soviétique : l’URSS s’est effondrée pour avoir subi la tendance à l’égalisation sur les valeurs occidentales.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]