La Chronique Agora

Chine/Etats-Unis : la rivalité s’intensifie

guerre commerciale

Argent factice contre produits bon marché, tel est le lien commercial qui lie les Etats-Unis et la Chine pour le meilleur et surtout le pire.

Nous avons passé le week-end dernier à jouer les guides d’aveugle.

Notre fille nous a demandé de garder son chien. A quoi d’autre servent les parents ? Le chien en question, un golden retriever, a perdu la vue. Il faudra s’occuper un peu plus particulièrement du bon vieux Billy, nous a-t-elle dit.

Nous avons donc emmené Billy avec nous à la ferme et n’avons pas tardé à découvrir l’ampleur de son infirmité. Enthousiasmé à l’idée d’accompagner votre correspondant dans son tour du propriétaire, Billy est parti en courant vers la grange… et a foncé droit dans un tracteur.

Billy était plus aveugle que nous le pensions. Cependant, nous nous sommes vite habitué à l’aider en attrapant son collier lors des situations difficiles.

« Non Billy… ici… Attention Billy. Arrête, Billy. Au pied. Attention à la palissade ».

Les abrutis de l’autre parti se mettent à la TMM

Nous avons aussi essayé de garder un oeil sur l’argent.

Le phénomène le plus intéressant du moment, dans ce domaine, est le fait que le public est de plus en plus à l’aise avec des politiques extravagantes et absurdes.

Donald Trump a grandement contribué à leur ouvrir la porte avec sa réduction d’impôts en fin de cycle économique… ses « guerres commerciales » avec le Canada, l’Europe et la Chine… et son déficit à 1 200 Mds$ — il a montré que tout était possible, aussi idiot que ce soit.

A présent, les abrutis de l’autre parti s’y mettent.

Nous avons mentionné hier que la TMM (la théorie monétaire moderne) commençait à être largement acceptée dans certains cercles intellectuels. Comme une nouvelle variété de grippe, elle s’étend rapidement… et est utilisée pour justifier l’accroissement du rôle des autorités.

L’annulation de la dette étudiante est probablement le premier élément au programme. Ce sera suivi par l’université gratuite, les soins de santé gratuits et un revenu minimum garanti.

Ces bombes budgétaires s’accompagnent d’une nouvelle attitude envers les riches. En deux mots, les riches ne seront plus des modèles qui inspirent les autres… ils seront bientôt des parias.

Dans ces lignes, nous nous sommes plaint des riches nous aussi — et nous avons été pratiquement le seul. Non parce qu’ils sont riches. Les inégalités nous importent peu.

Ce qui nous importe, c’est un système monétaire honnête et équitable. Et si les riches sont devenus aussi riches, c’est parce que le système actuel n’est ni l’un ni l’autre.

A présent, bien qu’elle ne comprenne pas le crime… la foule est prête à juger. Elle fait chauffer le goudron et rassemble les plumes. Bientôt, elle se dirigera vers les beaux quartiers.

Nous y reviendrons…

De dangereux rivaux

Ces derniers jours circulait la rumeur que les Chinois avaient proposé une solution à la « guerre commerciale ». Ou plutôt, ils avaient proposé d’acheter plus de choses aux Etats-Unis.

Bloomberg donnait les détails :

« La Chine a proposé de se lancer dans des achats massifs durant six ans afin d’augmenter ses importations de produits américains — une manœuvre qui reconfigurerait la relation entre les deux plus grandes économies de la planète, selon des personnes au courant des négociations.

En augmentant les importations de biens depuis les Etats-Unis de plus de 1 000 Mds$ au total sur la période, la Chine chercherait à faire passer son excédent commercial — qui se montait à 323 Mds$ l’an dernier — à zéro d’ici 2024, selon l’une des sources. Ces personnes ont demandé à garder l’anonymat, les discussions n’étant pas publiques ».

Cette histoire ne se limite pas au commerce.

Charles Freeman Jr., ex-ambassadeur, résumait ainsi la situation :

« Regardons les choses en face. La Chine et les Etats-Unis ne sont plus désormais simplement rivaux ; ce sont des adversaires régionaux et mondiaux. Les Etats-Unis tentent d’arrêter ou au moins de ralentir la Chine en termes d’économie, de technologie et de défense. La Chine est déterminée à continuer son ascension ».

Dans l’esprit populaire — s’il existe une telle chose — la Chine est une menace. Voici un extrait du New York Times de la semaine dernière :

« La Chine est une dangereuse rivale, et les Etats-Unis devraient la traiter comme telle : assez de discussions interminables et de poignées de main. Nous devons détacher l’économie américaine de la Chine ».

Chaque fois que l’on voit « nous devons » dans un éditorial, on peut être certain que la suite sera idiote.

Fausse monnaie contre produits bon marché

Déconnecter l’économie américaine de la Chine n’est pas possible. Leur relation est malsaine… mais symbiotique. Les Etats-Unis fournissent la fausse monnaie. La Chine fournit les produits bon marché.

Désormais, l’économie mondiale tout entière dépend des deux. Et à cause du lien qui relie les deux économies — des politiques idiotes des deux côtés du Pacifique –, toutes deux ont des problèmes.

Dans les deux pays, les autorités ont entravé, faussé et corrompu leur économie. Aux Etats-Unis, de l’argent factice prêté à des taux factices a non seulement rendu les riches plus riches, cela a rendu l’économie entière si fragile et vulnérable qu’elle ne peut pas survivre dans une économie de marché normale.

Quant à l’économie chinoise — guidée par les génies du parti communiste –, elle a investi des milliers de milliards de dollars pour accumuler de la surcapacité dans quasiment tous les secteurs.

Acier, béton, gadgets… à présent, elle doit se débarrasser de tout cela. C’est pour cette raison qu’elle doit maintenir ses canaux de vente ouverts… même au prix d’une concession humiliante au président américain.

Dans les deux pays, également, de gigantesques piles de dettes menacent de s’effondrer. La semaine dernière, il semblait que la Chine serait la première à être enterrée.

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Bloomberg nous en dit plus :

« La croissance économique au troisième trimestre a chuté à 6,5% [en Chine], son rythme le plus lent depuis le creux de la crise financière mondiale en 2009. Les achats d’automobiles ont chuté l’an dernier pour la première fois en plus de deux décennies. L’avertissement d’Apple Inc., début janvier, que les ventes d’iPhones en Chine ralentissaient a alerté le monde sur le fait qu’une contraction dans l’Empire du Milieu pèserait sur la croissance mondiale et les profits des entreprises.

 Les locaux l’avaient compris depuis longtemps. Même après un récent rebond, le marché de Shanghai a perdu plus de 25% par rapport à son sommet de 2018″.

Nous ne tirons ni plaisir ni réconfort des problèmes de la Chine : là où elle va, nous allons aussi.

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