La Chronique Agora

Chili : le "Jaguar" reste combatif

Par Alexandra Voinchet (*)

"Quand le monde parlera de contraction, nous parlerons de croissance", assure la présidente du Chili. Selon les dernières estimations de la Banque centrale chilienne, le PIB devrait croître de 1,5% en 2009, alors que, jusqu’à l’été dernier, Santiago comptait sur 4% de croissance.

Le Chili, qui a prouvé l’an dernier sa bonne résistance à la crise, a toutefois pris des mesures pour contrer le ralentissement économique, annonçant un plan de relance.

Le pays reste pour autant "un refuge dans une région volatile" comme l’Amérique latine, souligne MarketWatch. "En 2008, l’indice MSCI Chili, exprimé en dollars, a perdu 37% et 20%, exprimé en devises locales [NDLR : en pesos]. Par contraste, l’indice MSCI Marchés Emergents a chuté de 55% en dollars l’année dernière, l’indice MSCI Brésil dévissant par exemple de 58%."

Cependant, certains indicateurs économiques passent au rouge. Les prévisions de croissance du PIB ont été revues à la baisse. L’an dernier, la flambée des matières premières a servi le pays, premier producteur mondial de cuivre, mais la chute des prix a terni les perspectives d’un des secteurs les plus importants pour l’économie nationale.

Le Chili, par sa géographie et son appartenance à des organisations commerciales régionales comme le Marché commun du Sud (Mercosur) ou la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), est très ouvert. Il exporte, principalement ses matières premières (cuivre, or, argent), vers l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Asie.

Néanmoins, entre décembre 2007 et décembre dernier, sa balance commerciale a vu son solde divisé par deux : les exportations sont restées stables, les importations ont nettement augmenté.

Volonté réformatrice
Le gouvernement de Michelle Bachelet a donc annoncé un plan de relance de quatre milliards d’euros, "l’équivalent de 2,8% du PIB" chilien, selon le quotidien espagnol El País. Le gouvernement a mis les moyens, fort du souvenir de bien mauvaises périodes économiques sous les dictatures et d’une volonté réformatrice solidement ancrée.

Aujourd’hui, le Chili, surnommé le "Jaguar" de l’Amérique latine, à l’image des Tigres et des Dragons asiatiques, est l’un des pays les plus stables du sous-continent. Selon l’agence S&P, il possède "un système politique stable" et une économie faiblement endettée et bien armée pour "résister à l’impact du déclin mondial", rapporte MarketWatch.

Preuve de cette bonne gestion : l’argent de la relance est, en partie, issu du Fonds de stabilisation économique et sociale, valorisé fin novembre à 19 milliards de dollars. "Ce plan ne met pas en danger les finances publiques car, à la différence des autres pays, il est déjà financé", se félicite l’économiste en chef de Santander GBM, cité par le journal chilien El Mercurio.

Cela n’empêchera toutefois pas le déficit fiscal de déraper cette année, à hauteur de 2,9% du PIB. Mais il faut ce qu’il faut, dit en substance Michelle Bachelet. Son credo : "chaque peso sera alloué de façon opportune et efficace", rapporte El Mercurio.
 
L’objectif de ce plan : "assurer un niveau de croissance de 2 à 3% pour cette année et créer cent mille nouveaux emplois", ajoute le quotidien. Dans ce texte, 11 mesures, qui vont de la baisse des impôts à l’envoi de bons de 40 000 pesos (environ 45 euros) aux citoyens, en passant par des dépenses en infrastructures. Bref, un plan presque plus complet que tout ce que l’on a pu voir jusqu’à présent.

Seule ombre au tableau : la Banque centrale vient d’abaisser son taux directeur à 7,25%. La dernière baisse de cette ampleur, d’un point, remonte à novembre 1998, alors que "le Chili entrait dans une récession d’une année", rappelle Bloomberg. De quoi susciter chez certains observateurs d’UBS ou de Goldman Sachs une inquiétude, qui contraste avec la sérénité apparente du gouvernement chilien. Le "félin" reste fier et sauvage.

Meilleures salutations,

Alexandra Voinchet
Pour la Chronique Agora

(*) Journaliste, Alexandra Voinchet est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, dans la spécialité Médias. Elle est également titulaire d’un master de Presse économique de l’université Paris-Dauphine. Après deux ans d’expérience en presse financière et boursière, elle a rejoint l’équipe de MoneyWeek. Elle participe régulièrement à la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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