La Chronique Agora

Chaos politique : quelles conséquences sur les marchés ?

Nos OAT annoncent des temps plus difficiles pour le refinancement de notre dette.

Non, nous ne rêvons pas, ce n’est pas un « thriller » politique écrit par un élève de CM2 fan de la BD Iznogoud (du regretté René Goscinny), ni une sitcom de série « Z » tentant d’imiter le bluffant « Baron Noir » (des très inspirés Benzekri et Delafon) avec de mauvais acteurs, débitant des répliques archiconvenues, écrites par un dialoguiste ayant 500 mots de vocabulaire et la finesse d’esprit d’un phacochère…

Ce que vit notre pays est au-delà de la caricature, avec un président mauvais perdant, dont chacune des décisions politiques s’est soldée par un pas de plus vers le déclassement du pays et de sa population, chaque parole humiliante adressée à ses concitoyens (à chaque fois depuis l’étranger, ça évite l’éclosion de manifestations spontanées sous ses fenêtres) semblent avoir été pensée pour faire monter le vote protestataire, afin de le diaboliser (« les extrêmes pourraient bientôt mettre notre pays à feu et à sang ») et de transformer les victimes en coupables.

Ces derniers se partagent en deux catégories infamantes : l’ultra-gauche bolivarienne pro-Hamas d’une part, puis les vilains fachos, des graines (ou héritiers) de Nazis d’autre part.

Et ceux qui combattent les « Zextraimes » ont tous les droits – dont celui de multiplier les coups bas – puisqu’ils se revendiquent du « camp du bien et de la raison » en plus de s’affirmer comme les garants de la probité.

Au fait, le saviez-vous, l’ex-ministre Jerome Cahuzac, menteur pathologique et gestionnaire de l’argent occulte du PS, veut se représenter aux législatives dans le Lot-et-Garonne, avec une étiquette « anti-RN » (en mode, « la gôche, c’est nous les gentils »).

Les observateurs un peu critiques de la vie politique depuis 2017 se sont beaucoup gaussés d’un parti présidentiel composé majoritairement de socialistes défroqués, puis de traîtres ambitieux glanés – tels des trophées – dans les rangs de toutes les formations ayant exercé le pouvoir depuis l’ère Chirac (lorsque la France avait encore une vraie politique industrielle et une diplomatie indépendante).

Il n’aura pas fallu 48h pour que les alliés du vendredi 7 juin s’écharpent devant leurs militants, retournent leur veste et leur pantalon, multiplient alliances et mésalliances, trahissent leur parole (« ah ben non, en fait nous n’avons jamais fait cette promesse, c’était une idée électoraliste qu’on a testé juste pour voir »), et accusent leurs adversaires de vouloir reproduire toutes les erreurs qu’ils ont pu commettre au fil des ans… mais en pire, naturellement.

Car il était difficile d’échapper après trois minutes de débat électoral – où personne ne s’écoute – à cet argument définitif : « Vous ne savez que critiquer, et ce serait bien pire avec vous. »

Comme s’ils se regardaient dans un miroir enlaidissant et oubliaient que c’est bien leur propre image qui se reflète.

Mais l’enjeu d’un débat politique, ce n’est plus depuis longtemps l’occasion de présenter des « pistes pour un avenir meilleur », mais de placer des dizaines d’éléments de langage concoctés par des « communicants ».

Ils sont basés sur l’analyse des « tendances » sur les réseaux sociaux par des « data scientists », afin de recenser les termes connotés positivement auprès d’une majorité d’internautes, puis ceux qui apparaissent négatifs… que l’on dégainera pour disqualifier l’adversaire.

Il en ressort des phrases vides de sens, avec une succession de termes plus ou moins bien assortis qui ressemblent à un « inventaire à la Prévert ».

En ce qui concerne les tâches indélébiles sur son bilan, au lieu de les déplorer et de faire amende honorables, il apparaît plus payant de les revendiquer avec un aplomb digne d’un Cahuzac (déjà cité) affirmant ne jamais avoir eu de comptes en Suisse, ou alors de prétendre que d’autres ont hypothéqué leur avenir en choisissant de faire tout l’inverse.

Une des stratégies constantes des faux-jetons qui n’assument rien, c’est de subvertir le sens des mots avec des formules telles que « ce qui vous paraît constituer la source de notre déliquescence budgétaire est au contraire ce qui nous a permis de ne pas faire faillite ».

Ou encore « le prix de votre facture d’électricité a triplé, mais sans notre bouclier tarifaire, ç’aurait été un quadruplement… et estimez-vous heureux car chez nos voisins, c’est multiplié par 6 ».

En oubliant de préciser que le « fois 6 », cela n’a duré que quelques heures ou quelques jours, le temps de remettre une centrale thermique en route, et que cela concernait uniquement quelques entreprises grosses consommatrices qui pouvaient alors choisir de mettre en sommeil leur activité sans que cela compromette leur compte de résultat.

Et surtout, ne rien dire d’un pays comme la Norvège, qui a connu des pics de production hydroélectrique, ce qui a amené les exploitants à offrir ponctuellement du courant gratuit à une partie de leurs abonnés, et parfois même à des villes entières durant plusieurs jours.

Les mensonges systématiques, les insultes à l’intelligence des citoyens semblaient avoir atteint des sommets insurpassables avant les législatives. Que nenni, au lendemain du scrutin – et de la dissolution de l’Assemblée – nous réalisons qu’en réalité, nous n’avions encore rien vu, et qu’il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Mettez-vous à la place d’un investisseur étranger avec un peu de « bouteille », qui a connu un pays – le nôtre – avec des élites relativement honnêtes (je dis bien « relativement ») et souvent compétentes (les ministres étaient nommés sur ce critère), et qui contemple le triste spectacle de notre médiocrité et d’une actualité politique qui ressemble à un (très) mauvais Vaudeville, avec un leader qui s’enferme avec quelques membres de sa garde rapprochée dans le siège de son propre parti, tandis que certains « cadres » tentent d’en forcer les portes, verrouillées de l’intérieur… avant de l’exclure « à l’unanimité » (moins quelques traîtres).

Des leaders des deux bords vont évidemment nouer des alliances contre nature, afin d’être en capacité – sur le papier – de gouverner. Ce n’est en réalité que la poursuite, mais qui ressemble soudain à un film en accéléré, des pratiques qui se sont banalisées depuis sept ans.

Et en matière de « gouvernement », avec des scénarios de majorité introuvable, celui ou celle qui acceptera le poste de Premier ministre devra louvoyer entre les motions de censure : l’aptitude la plus utile sera sa capacité à diviser les oppositions pour retarder au maximum le moment d’une inéluctable dissolution.

Si le président de la République ne peut utiliser ce joker qu’une fois par an, en revanche, notre Parlement peut s’auto-dissoudre autant de fois que la fantaisie lui en prendra, notre Constitution ne pose aucune limite aux motions de censures pouvant être adoptées par périodes de douze mois.

Donc, une fois encore, mettez-vous dans la peau d’un institutionnel – gros créancier de la France –, ou d’un fonds souverain qui a cru à un retour de la croissance économique en 2024 – à condition qu’elle soit bien pilotée – dans un pays devenu ingouvernable et dont la trajectoire de la dette est la pire que l’on puisse observer en Europe.

Les agences de notation n’ont pas tardé à tirer la sonnette d’alarme face au risque de creusement de nos déficits, suite à l’adoption de mesures « généreuses » (ce n’est pas arrivé depuis le « quoi qu’il en coûte » de 2020) mais non financées.

Et puis, il y a le risque d’instabilité sociale et de « troubles à l’ordre public », avec une hystérisation des anathèmes contre quiconque voudrait voter contre les responsables de la gabegie (industrielle, budgétaire et sociale) actuelle, et peut-être tenter de « faire tout oublier » en appelant à « sacrifier notre jeunesse » pour défendre la « démocratie » à 2 000 km de nos frontières.

Cette « démocratie” étant le pays le plus corrompu du continent, où toute opposition est interdite, la presse totalement muselée, certaines pratiques religieuses prohibées et leur clergé menacé physiquement, ses « 10 à 12 000 Mds$ de richesses » clairement préemptées par les Etats-Unis, de l’aveu même du sénateur Républicain Lindsey Graham, qui pousse également à la saisie des avoirs de la banque centrale russe (serait-ce un spécialiste de l’appropriation de ce qui ne lui appartient pas ?).

Avec un président de la République pro-guerre et versant de l’huile sur le feu du chaos social, on peut comprendre que certains détenteurs d’actifs comme des OAT, ou des valeurs moyennes françaises (les valeurs du CAC 40 font 80% à 95% de leur chiffre d’affaire à l’étranger) – ou même de l’immobilier – se sentent légèrement plus inconfortables qu’en début d’année, et carrément nerveux depuis le 9 juin dernier.

Sous 7 900 Pts, le CAC 40, par exemple, prend clairement le chemin de la consolidation, et nos OAT, avec un creusement de +15 points du rendement par rapport au Bund, annoncent des temps plus difficiles pour le refinancement de notre dette (qui va déjà nous coûter mécaniquement 2 Mds€ de plus).

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