La Chronique Agora

Ce qui monte doit redescendre

** Ce qui monte doit redescendre…

* Tous les pays du monde ont dû supporter les admonestations et les gronderies des officiels américains. L’économie US était la meilleure au monde pendant de nombreuses années — et les experts, les politiciens, les professeurs et les consultants américains ne se lassaient pas de le répéter.

* Mais à présent… ce sont les étrangers qui tapent sur les doigts des Etats-Unis.

* Bloomberg rapporte que les mises en chantier américaines sont à leur plus bas niveau en 17 ans. Les prix de l’immobilier baissent aussi, tandis que les prix à la consommation grimpent — apparemment à un rythme de plus en plus rapide.

* Les prix à la production US ont grimpé de 1,4% le mois précédent, après une augmentation de 0,2% le mois précédent… si l’on annualise les deux mois, on obtient un taux frôlant les 10%.

* L’inflation mondiale est à 7% environ, déclare Bill Gross, de PIMCO. Et dans la mesure où l’inflation des prix est désormais mondialisée, pas moyen d’y échapper. En Grande-Bretagne, par exemple, l’inflation officielle des prix à la consommation a atteint son taux le plus élevé des 10 dernières années.

* "Il n’y a vraiment rien y faire", déclarait un analyste lors d’une de nos réunions d’investissement. "Nous sommes une petite île. Nous devons importer des choses de l’étranger. Les prix grimpent partout. Comment pourraient-ils ne pas grimper ici ? On n’est qu’au début de cette tendance. Ca va empirer".

** Ca va empirer partout. L’inflation est dans les tuyaux. Bientôt, elle se sera accumulée dans les siphons des lavabos, et débordera des éviers. Ces 15 dernières années, le monde a vu d’immenses injections de "liquidités" — du cash et du crédit provenant de l’industrie financière et des banques centrales. Tout le monde était parfaitement heureux tant que ce liquide coulait dans les prix des actifs. Mais les bulles ont explosé les unes après les autres… et désormais, les liquidités vont là où elles ne sont pas les bienvenues — dans les matières premières, les denrées alimentaires et le carburant.

* Les consommateurs et les banques centrales sont pris au piège. Les banques centrales veulent baisser les taux et augmenter les liquidités afin de stimuler une économie faiblissante. Mais leur inflation ne vient plus gonfler les prix des actifs et nourrir la croissance économique ; elle fuit désormais vers les prix à la consommation.

* Nous assistons à un phénomène majeur. C’est un renversement historique. En termes financiers, c’est la fin de l’ère du crédit facile. En termes culturels, c’est la fin des Etats-Unis prospères tels que nous les connaissons.

* La dernière expansion du crédit a commencé avec la révolution Reagan, au tout début des années 80, avec des rendements obligataires dépassant les 15%. Elle s’est achevée en 2003 ou en 2005, ou peut-être il y a quelques semaines de ça. Les rendements du bon du Trésor US à 10 ans sont passés sous les 4% à plusieurs occasions — mais en ce moment, ils grimpent. Les investisseurs craignent la hausse de l’inflation. Même aux taux actuels, ils achètent encore des T-Bonds présentant des rendements inférieurs à l’inflation des prix à la consommation. Ils le regretteront, selon nous. La tendance semble être à la hausse. Nous sommes au début de ce qui sera probablement une longue période de hausse des taux d’inflation… de hausse des rendements obligataires… et de resserrement du crédit.

* Nous sommes également entrés dans une période de hausse des coûts de l’énergie. Le prix du pétrole a atteint les 140 $ en séance cette semaine. Il redescendra sans doute sous les 100 $… mais les jours du pétrole à 10 $… 20 $… ou même 50 $ sont probablement terminés pour de bon.

* Ce sont là de mauvaises nouvelles pour les gens qui ont organisé leurs vies autour du pétrole bon marché et du crédit facile — surtout ceux pour qui il est trop tard pour faire de grands changements.

* Le journal USA Today, par exemple, rapporte que le taux de faillite grimpe en flèche chez les vieilles personnes. Entre 1991 et 2007, le taux a grimpé de 150%. Mais pour les personnes âgées de 75 à 84 ans, il a littéralement explosé, à +433%.

* Pauvres ancêtres. Etre vieux, ce n’est déjà pas agréable. Alors si vous êtes ruiné, en plus…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile