Le marché de l’or est en détresse – c’est bien normal, la stratégie des banques centrales fonctionne. Gardez simplement en tête que les crises sont des processus lents… et que celle-ci est loin d’être terminée.
Capitulation en cours sur le marché de l’or, la spéculation dégorge.
La spéculation qui avait acheté l’or sur les risques de chaos après l’épisode de mars se rend compte qu’une fois de plus, l’arrosage monétaire a marché.
Les gens ont accepté de s’aligner sur la Fed. Ils anticipent maintenant une reprise mondiale synchronisée en 2021, laquelle éloignera et même fera oublier la double crise sanitaire et financière.
Toujours, le marché de l’or se trompe quand il joue le chaos.
Une arme mal identifiée
La Fed, avec son bilan à 7 000 Mds$, a encore et toujours les moyens de rendre les actifs papiers plus attrayants et plus séduisants dans le court/moyen terme. C’est son arme et bien peu l’ont identifiée ; la Fed est capable déclencher la loterie branchée sur le marché financier, et donc elle a toujours le pouvoir de le rendre plus attrayant.
Dans le système actuel il n’y a pas d‘acteur renégat – c’est-à-dire qui ne joue pas le jeu. Il n’y a pas non plus d’acteurs, de gros acteurs disposant de 1 000 Mds$, qui soient séditieux, c’est-à-dire qui rejettent la monnaie de la Fed.
La Fed peut toujours faire monter le marché financier et le rendre séduisant… et elle peut toujours, par ce biais, créer la demande pour la monnaie qu’elle injecte.
Le vice de ce système quasi parfait, c’est le fait que le système des marchandises ne répond pas. Ses prix ne montent pas, donc l’écart entre les futurs cash-flows provenant de l’activité réelle – sur les marchandises et services – et les cours des marchés financiers, cet écart, ce gap, se creuse sans cesse.
Gros lot quotidien
En mars la Fed a injecté, la hernie a repris son mouvement de gonflement, et depuis, c’est le tirage quasi-quotidien du gros lot. Il n’y a qu’à mettre !
L’or est victime de cette concurrence. Il le sera tant que les réflexes pavloviens joueront en faveur de la Fed. Quand la clochette du bilan de la Fed retentit, le marché se précipite sur les actifs-papier et ceux qui ont acheté de l’or, croyant que « cette fois, c’est la bonne », se retrouvent bloqués. Peu à peu, ils vendent pour rejoindre les moutons.
A noter que la hausse du secteur bancaire et la rotation en faveur des cycliques n’arrangent rien : on croit que le système se rééquilibre durablement.
Pourquoi ?
Parce qu’il est beaucoup trop tôt pour que la Fed perde le contrôle visible de la situation.
Cela ne se fera que lentement subrepticement, c’est-à-dire à l’échelle de l’Histoire. Il faut laisser le temps au temps.
La Fed a perdu le contrôle en septembre 2018, puis encore en 2019 et 2020 quand elle a dû monétiser le marché financier à la fois quantitativement et qualitativement, mais cela personne ne le sait.
La perte de contrôle est un processus lent et non pas un choc.
Ci-dessous les sorties des fonds spécialisés sur l’or
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]