La Chronique Agora

Capitalisme sans faillite et zizanie en zone euro

SVB, euro, faillite

Les incertitudes qui pèsent sur l’Eurozone doivent vous inciter à vous protéger d’une crise monétaire, même quand des faillites semblent impossibles.

Nous sommes dans une nouvelle époque où la faillite n’est plus possible. Si une entreprise est trop grosse pour faire faillite, elle sera sauvée.

La Silicon Valley Bank (SVB pour les intimes) détenait les dépôts d’entreprises de la tech (une start-up sur deux y avait un compte, bien souvent les liquidités résultant de levées de fonds). L’an dernier encore, elle rassemblait 35 000 clients et détenait environ 200 Mds$ de dépôts. Pendant des années, ces dépôts ne rapportaient rien, puisque les taux d’intérêt étaient bas. SVB les a placées dans des obligations à long terme. Mais la valeur de ce portefeuille s’est effondrée sous l’effet de la hausse de taux.

A chaque fois qu’un client de SVB voulait reprendre son argent, la banque matérialisait des pertes. Et beaucoup de clients ont voulu retirer leur argent… Les comptes ont donc été gelés. Les dépôts ne sont assurés qu’à hauteur de 250 000 $ aux Etats-Unis. Face à un début de panique, les autorités ont indiqué que l’ensemble des dépôts seraient garantis.

Après cet incident, la Fed va-t-elle interrompre ses hausses de taux ? Selon notre point de vue sur les marchés, cela n’a aucune importance.

Le grand principe de gestion patrimoniale à conserver à l’esprit est le suivant :

Lorsque les taux sont bas, vous achetez cher.

Lorsque les taux sont hauts vous achetez bon marché.

Tout simplement parce que lorsque les taux sont bas, les acheteurs à crédit se multiplient et font monter les enchères.

Les taux ont monté, certes, mais les actions ne sont pas encore correctement valorisées et nous attendrons patiemment qu’elles le soient.

Un début de zizanie dans l’Eurozone ?

Il y a douze ans, la monnaie unique était sur le point d’exploser et la Grèce était en faillite. Mais dans ce XXIème qui prétend instaurer le capitalisme sans faillite, ce qui est vrai pour le secteur privé l’est aussi pour le secteur public. La Grèce fut donc sauvée et nous avons eu droit aux taux négatifs.

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale grecque indiquait qu’il s’attendait à ce que la dette grecque voit son classement revu à la hausse par les agences de notation et redevienne « investment grade ». Pourtant, la Grèce est endettée à hauteur de 190% de son économie.

Tous les manuels d’histoire financière indiquent qu’on ne revient jamais d’un tel niveau sauf à faire défaut (ne pas payer) ou à gagner une guerre et piller le vaincu pour se renflouer. La Grèce importe plus qu’elle n’exporte ; le déficit public est supérieur à 7% soit largement au-dessus de la croissance de l’activité économique qui n’est que de 5% (et encore : en incluant l’effet du dopage post-Covid). Les agences de notation – si elles relèvent la note de la Grèce – semblent spéculer sur le fait que les Allemands paieront de nouveau.

Pourtant rien n’est moins sûr…

La guerre russo-ukrainienne montre quotidiennement que les intérêts des pays qui partagent la monnaie unique ne convergent pas (c’est un euphémisme), notamment dans les domaines énergétique et militaire.

Récemment, les Allemands ont rué dans les brancards européens en remettant en cause l’interdiction de la commercialisation des moteurs thermiques à horizon 2035. « Il faut la liberté des choix de technologie. La décision sur les moteurs, c’est une question pour les clients, pour les constructeurs, et pas pour des politiques », a indiqué Christian Lindner, ministre allemand des Finances, pour justifier que son pays ne voterait pas le texte.

Avec la hausse des taux, les dissensions entre les fourmis et les cigales devraient refaire surface, ce qui n’est pas de bon augure pour le cours de l’euro et le prix des énergies fossiles dont les factures sont payées en dollars.

Cette incertitude sur l’Eurozone est une raison puissante de se protéger d’une crise monétaire avec de l’or.


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