Nous étions au début du mois d’août à Bregenz, juste à côté de la frontière Suisse… et à un jet de pierre du Liechtenstein et de l’Allemagne également. Nous avons profité de cette proximité pour rendre visite à des amis en Suisse.
(Bregenz et le lac de Constance. Photo Shutterstock)
Ils vivent dans un château, perché sur une colline qui domine toute la vallée jusqu’au lac de Constance. Dans la partie basse du château, qui est aujourd’hui une cave à vin, se trouve un fronton qui a été érigé au Xè siècle. Au-dessus de ce fronton s’élevait le château, remanié après les dégâts causés par des méfaits, des incendies et de nombreuses années d’abandon. Le château était surmonté d’une tour circulaire. C’est de ce point de vue, après le dîner, que nous avons attendu les feux d’artifice.
Ce jour-là, nous attendions également des feux d’artifice à Wall Street. L’agence de notation Fitch venait d’abaisser la note de la dette américaine. CNBC :
« Le Nasdaq chute de plus de 2% ; c’est la pire journée depuis février pour l’indice, l’abaissement de la note de Fitch ayant déclenché un mouvement de repli.
Fitch Ratings a abaissé la note de défaut de l’émetteur à long terme en devises étrangères pour les États-Unis de AAA à AA+ mardi soir, citant ‘la détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années’.
La dernière fois que les Etats-Unis ont été dégradés par une grande agence de notation, c’était en 2011, lorsque Standard & Poor’s avait abaissé leur note de AAA à AA+. »
Des bombes qui éclatent
Comme prévu, les prix des obligations américaines ont tout de suite baissé. Et les rendements ont augmenté. Bloomberg :
« Les rendements des obligations du Trésor atteignent leur plus haut niveau en 2023.
Le rendement des obligations américaines à 10 ans ont grimpé de 10 points de base pour atteindre 4,12%. »
L’augmentation du coût des prêts – dans un pays dont la dette s’élève déjà à 32 600 Mds$… et qui prévoyait d’emprunter 1 000 Mds$ par mois durant le trimestre actuel – ne peut qu’avoir des conséquences. Ce sont ces « conséquences » auxquelles nous nous attendons.
Loin de tout cela, nous assistions à la fête nationale suisse, commémorant un événement qui s’est produit il y a bien longtemps. En 1291, trois cantons – Uri, Schwyz et Unterwald – se sont réunis, formant le noyau de ce qui est devenu la Confédération suisse. Il est remarquable que les cantons aient pu conserver leurs droits et leur pouvoir. Aujourd’hui encore, peu de gens savent qui est le président de la Suisse ou s’en préoccupent. Cela n’a pas d’importance, car le véritable pouvoir se situe au niveau local, dans les cantons.
La nuit est tombée, les feux d’artifice ont commencé. Des grappes d’étincelles blanches… de grandes bombes retentissantes… des spectacles éblouissants d’étoiles rouges filantes et d’incendies éclatants – tout le monde semblait désireux de faire exploser quelque chose.
« Je suis déçu », a cependant indiqué notre hôte. « D’habitude, c’est plus spectaculaire. Les gens rivalisent avec leurs voisins pour offrir le plus grand spectacle. Je suppose que les Suisses ont moins le cœur à la fête. »
Du fouet au salaire
Les Etats-Unis ont également débuté leur histoire en tant que confédération d’Etats indépendants, à l’instar des cantons suisses. Mais les Etats américains ont perdu leur indépendance au profit de leur gouvernement central, à la suite d’une série de prises de pouvoir par Washington. Aujourd’hui, les Américains ont du mal à se souvenir ou à imaginer qu’il pourrait en être autrement. Dans la récente décision de la Cour suprême sur l’avortement, par exemple, la plupart des gens ont été surpris lorsque la Cour a décidé que les droits en matière de reproduction relevaient des Etats, et non du gouvernement fédéral.
La plus grande prise de pouvoir par le gouvernement fédéral a eu lieu durant la seconde moitié du XIXè siècle. Lincoln a envoyé l’armée américaine pour mettre au pas les Etats de la confédération sudiste. Depuis lors, aucun Etat américain n’a sérieusement contesté le pouvoir de Washington.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. A l’époque, la révolution industrielle rendait l’esclavage obsolète ; cela coûtait tout simplement moins cher de faire travailler les gens en échange de salaires de misère qu’avec des coups de fouets. Le monde entier s’est retourné contre l’esclavage. Mais pas au même rythme. Dans les grandes plantations du Sud profond des Etats-Unis, l’esclavage était encore rentable. Dans le Nord, ce n’était pas le cas. Est-il si surprenant que les nordistes se soient appropriés l’opposition à l’esclavage ? Ils pouvaient jouir de la piété de s’opposer à l’esclavage, sans avoir à renoncer à quelque chose.
Dans la boue
En fin de compte, ce sont les combustibles fossiles qui ont mis fin à l’esclavage, et non les bonnes intentions des yankees abolitionnistes. La révolution industrielle a permis aux machines de faire bien plus de travail qu’un esclave humain. Après des milliers d’années, réduire des individus en esclavage est devenu mauvais pour les affaires… et ensuite, tout simplement une mauvaise chose.
Aujourd’hui, la révolution industrielle a fait son temps. Les abolitionnistes ont le charbon, le pétrole et le gaz naturel en ligne de mire. Ils pensent pouvoir rendre le monde meilleur en détruisant le moteur à combustion interne et la centrale électrique au gaz.
Mais attendez, ils doivent leur richesse au charbon, au pétrole et au gaz… n’est-ce pas ? Comment pourraient-ils se retourner contre eux ?
Oh, cher lecteur… nous allons devoir nous enfoncer un peu plus dans la boue de la mégapolitique, n’est-ce pas ?