La Chronique Agora

Le blues du peso argentin

▪ « 6,45 ? D’accord, ça ira ».

« Non, il a dit six 85 ».

« Six 85 ? Vraiment ? Waouh… Ca augmente vite ».

Si vous vous trouviez devant le bureau de change qui fait face à mon lieu de travail à Buenos Aires hier en début d’après-midi, vous auriez pu capter les bribes d’une conversation de ce genre. Elle se tenait entre deux turistas permanentes qui s’étaient aventurés hors des sentiers battus, à la recherche d’un taux de change plus favorable pour leurs dollars américains.

Le taux de change officiel en Argentine est de 4,94 pesos par dollar. Mais personne ne croit une seule seconde à cette affabulation, ni les vendeurs, ni les acheteurs. Les dollars sont très recherchés ici, dans la troisième économie d’Amérique latine, du fait du recours, abusif et pathologique, à la planche à billets par le gouvernement.

Le gouverneur de la Banque centrale de la République argentine (BCRA), Mercedes Marcó del Pont, est une inflationista dans tous les sens du terme. Autrement dit, c’est une voleuse… Elle perpétue un crime contre les gens les plus pauvres de son pays, ceux qui sont sans défense, dont le salaire de misère est le moins capable d’absorber la stupidité de sa politique monétaire. Naturellement, Madame Marcó del Pont n’est pas une voleuse comme les autres… elle ne fait pas partie de ceux qui acceptent poliment de vous prendre en photo avant de prendre la poudre d’escampette avec votre appareil. Elle n’est ni une voleuse à l’arraché, ni un pickpocket… mais plutôt un bandit à col blanc, une voleuse éminente, qui réduit la valeur de la monnaie du pays en augmentant généreusement son approvisionnement.

Comme ses camarades faussaires plus au nord, « la patronne de la Fed argentine » maintient un programme constant de « création » de pesos tout en embobinant la population avec le type de justifications absurdes que seul un haut responsable avec une carrière politico-universitaire peut espérer mener.

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« La plupart des informations dont je dispose ne peuvent pas être diffusées dans les médias. Pourtant, certaines pourraient vous permettre de réaliser des plus-values de 25%… 34,5%… 60%… et bien d’autres »

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Dans un rejet stupéfiant des principales causes qui sous-tendent la tragique histoire monétaire de son pays, Madame Marcó del Pont a déclaré à la presse l’année dernière : « il est totalement faux de dire qu’imprimer plus de monnaie génère de l’inflation. La hausse des prix est due à d’autres phénomènes tels le comportement dans les approvisionnements et les exportations ».

Nous l’avions remarqué à l’époque, la première partie de phrase, « des phénomènes tels le comportement dans les approvisionnements », est vraie… en particulier les approvisionnements de billets fraîchement sortis des presses de Madame Marcó del Pont.

▪ Comment cela fonctionne-t-il ?
Les quelques privilégiés qui naviguent dans les hauteurs, ceux qui ont des relations haut placées et à qui on accorde la primauté d’accès aux billets nouvellement imprimés, gagnent gros en les dépensant en premier, en les injectant dans le système avant qu’ils ne se déprécient.

Ceux qui se retrouvent au bout de la liste… les gens ordinaires, les travailleurs qui tentent de joindre les deux bouts… ce sont eux qui pâtissent financièrement de la politique gouvernementale de « diminution de l’inflation ». Ce sont eux les pauvres types qui vivent d’une paye à l’autre, pour qui 10% d’inflation signifie un dixième de nourriture en moins… un dixième de toit en moins… un dixième de tout en moins.

Naturellement, l’inflation ne grimpe pas à un rythme de 10% par an, comme le clame sournoisement le gouvernement. Là non plus, personne ne croit à ses discours déments. Selon les estimations établies par des sociétés de conseil privées, comme celle contre laquelle le gouvernement a porté des accusations criminelles l’année dernière, les chiffres se situeraient plutôt entre 25% et 30%. Même ces chiffres semblent bas. Pour ceux qui possèdent des économies, leur valeur chute rapidement.

Sans surprise, par conséquent, les porteños locaux paient une forte prime pour échapper aux pesos mis à mal par le gouvernement, ce qui augmente le change des monnaies étrangères — et du dollar américain en particulier — jour après jour. Ici, les journaux ont observé que l’écart — la brecha — entre le taux de change officiel dollar-peso et le taux de change officieux avait atteint il y a quelques jours un record de 42,7% (de 4,94 pesos pour un dollar officiellement, à plus de sept pesos par dollar officieusement).

C’est véritablement l’histoire de deux marchés parallèles bien que nécessairement interconnectés. L’un déborde de mensonges et de statistiques gouvernementales (mais nous nous répétons) ; l’autre est peuplé d’individus en fuite, réagissant par désespoir à des injustices qui leur sont imposées par des leaders kleptomanes. Il y a un jeu pour les pillards et un jeu pour ceux qui tentent de fuir. Ou plutôt, il s’agit de deux aspects du même jeu… les faces opposées d’une même pièce de monnaie, de plus en plus dévalorisée.

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