La Chronique Agora

Le blues de la classe moyenne

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L’immobilier américain continue sa chute, Marx contre Lachmann, la division des élites et bien d’autres choses encore…

Oh, oh… Encore de mauvaises nouvelles pour la classe moyenne. Fortune rapporte :

« Les prix de l’immobilier aux Etats-Unis, tels que mesurés par l’indice national des prix de l’immobilier Case-Shiller ont baissé pour le septième mois consécutif en janvier. Depuis le sommet atteint en juin, les prix de l’immobilier américain ont baissé de 3% si l’on comprend les variations saisonnières, et de 5% si ces variations saisonnières ne sont pas prises en compte.

[…] Cette baisse de 3% des prix des maisons individuelles présente la deuxième plus forte correction des prix de l’immobilier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. »

Et voici ce que dit le Wall Street Journal :

« Selon un nouveau sondage du Wall Street Journal-NORC, une majorité écrasante d’Américains n’est pas convaincue que la vie de leurs enfants sera meilleure que la leur. Ce sondage révèle un scepticisme croissant quant à la valeur d’un diplôme universitaire, et un niveau de bien-être général n’ayant jamais été aussi bas. »

Entre aujourd’hui et demain, nous examinerons la question sous un angle différent… et nous verrons pourquoi la réalité risque d’être encore plus dure.

« Ne luttez pas contre la Fed »

Karl Marx pensait que la force motrice de l’histoire sociale, politique et économique résidait dans la lutte entre les classes.

Richard Lachmann pensait qu’il s’agissait plutôt de la lutte au sein de divers groupes faisant partie de l’élite.

Lachmann a probablement plus raison que Marx. Les masses paient des impôts. Elles votent pour leurs dirigeants. Elles meurent dans des guerres. Mais ce ne sont pas elles qui décident. Même les révolutions sont généralement menées par des membres désenchantés de l’élite, et non par des individus lambdas.

Lachmann a aussi probablement raison lorsqu’il dit que le vrai cours des événements est un accident… le produit d’une concurrence entre les différentes factions de l’élite, mêlée à des développements technologiques et sociaux imprévisibles.

Vous n’êtes pas intéressé par le bla-bla macro-socio-historique ? Nous non plus. Mais « ne vous battez pas contre la Fed » a été un conseil judicieux ces 40 dernières années. Le sera-t-il pour les 40 prochaines années ? La Fed contrôle la politique monétaire. Et le gouvernement fédéral contrôle la politique fiscale. A eux deux, ils décident de l’avenir du dollar… et de l’économie américaine. Naturellement, nous voulons savoir ce qu’ils préparent.

N’oubliez pas que ce n’est pas en devinant d’un jour à l’autre le cours des actions que l’on gagne vraiment de l’argent à Wall Street. C’est plutôt en étant au bon endroit au bon moment… et en y restant pendant que la tendance primaire suit son cours.

Rappelons également que la tendance primaire s’est inversée – après quatre décennies – en deux mouvements. Le marché obligataire a atteint un niveau record en juillet 2020. La dernière fois qu’il avait atteint un tel niveau, c’était à notre naissance, en 1948. Depuis 2020, il n’a cessé de baisser.

Quant au marché boursier, il a atteint un sommet à la fin de l’année 2021. Le Dow Jones a dépassé les 36 950 points. Depuis, il n’a cessé de chuter… avec des rebonds plutôt tentants en cours de route. (L’une des caractéristiques attachantes d’un marché baissier est qu’il tente d’entraîner dans sa chute le plus grand nombre possible d’investisseurs. Pendant 40 ans, de 1982 à 2922, les investisseurs ont appris à acheter les creux ; aujourd’hui, chaque rebond les incite à le faire… puis le marché plonge à nouveau.)

Mais revenons-en à Lachmann…

Diviser les conquérants

En bref, il avait peut-être raison. Et cela pourrait nous aider à comprendre ce qui nous attend.

L’élite dispose d’environ 50 000 Mds$ de nouvelles richesses, grâce aux choix politiques qu’ont fait leurs compères de la Fed et du gouvernement fédéral au cours des 30 dernières années. Le Congrès a dépensé de l’argent qu’il n’avait pas. Et la Fed a financé les déficits à des taux d’intérêt extrêmement bas. Ces taux bas ont été à l’origine d’une orgie d’emprunts et de dépenses qui 1) a fait grimper les bénéfices des entreprises et le prix des actifs, 2) a fourni de vastes fonds pour des projets menés par l’élite (tels que les rachats d’actions… l’invasion de l’Irak… le confinement…), et 3) a contribué à ce que le fardeau de la dette atteigne aujourd’hui les 90 000 Mds$.

Historiquement, les États-Unis pouvaient confortablement supporter une dette égale à 1,5 fois le PIB du pays. En d’autres termes, pour chaque dollar produit (PIB), nous pouvions nous permettre des créances d’une valeur de 1,50 $ (dette).

Mais la politique de la Fed qui a maintenu ses taux d’intérêt, bien trop bas et bien trop longtemps, a faussé les anciennes concordances. Si des taux d’intérêt normaux avaient produit des niveaux d’endettement normaux, nous aurions aujourd’hui une dette totale d’environ 40 000 Mds$. Au lieu de cela, elle est de 90 000 Mds$… soit 50 000 Mds$ de trop.

Qui décidera de ce qu’il adviendra de cet excédent ? Pas les électeurs ! Ce sont les décideurs qui décideront. Et il n’y a que deux possibilités qui s’offrent à eux. La déflation ou l’inflation. Soit on fait face aux excès de la façon la plus traditionnelle et honnête – via des faillites, des défauts de paiement et des krachs boursiers. Soit, on les fait disparaître par l’inflation.

Il est clair que l’élite préfère l’inflation, pour la raison qu’une grande partie du coût final se répercutera sur le peuple, et non sur elle-même. Mais c’est là que les choses deviennent intéressantes. Lachmann nous dit que lorsque l’élite est divisée, elle ne peut souvent pas obtenir ce qu’elle veut. Républicains contre démocrates… conservateurs contre libéraux… gauche contre droite – les divisions internes sont-elles si profondes que l’élite ne puisse pas s’unir…

…et s’en prendre au citoyen lambda ?

Rendez-vous demain pour en savoir plus…

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