Sauf à vous être enfermé dans un bunker, il n’y a aucune chance que vous ayez pu échapper à la nouvelle du week-end : vendredi 12 mai, le ransomware WannaCrypt0r 2.0 s’est répandu sur plusieurs centaines de milliers d’ordinateurs dans plus de 150 pays, cryptant ainsi des milliers de téraoctets de données. Certains médias spécialisés évoquent « l’une des plus grandes cyberattaques jamais organisées ». Tout cela pour quel résultat ?
Ce à quoi nous avons tous échappé en revanche, c’est à une énième dénonciation du bitcoin par notre personnel politique comme une monnaie utilisée par les cyberterroristes et autres mafias et dont il conviendrait à ce titre de bannir l’usage.
Sans doute nos politiciens étaient-ils trop occupés avec la passation de pouvoir élyséenne de ce dimanche… Les Français se sont en tout cas dotés d’un président qui a tenu au moins une fois dans sa vie un portemonnaie électronique. Reste à savoir quel sort il réservera aux cryptodevises…
Source : https://bitcoin.fr/le-ledger-wallet-demmanuel-macron/
La dernière fois que je vous parlais du bitcoin, c’était en novembre 2016. Donald Trump venait d’être élu à la présidence des Etats-Unis et la cryptodevise cotait autour de 640 €. Six mois plus tard, ce n’est pas loin de 1 000 € supplémentaires qu’il vous faut débourser pour acquérir un bitcoin. A l’heure où j’écris ces lignes, il vaut autour de 1 600 € sur les plus grandes plateformes, après un pic à un peu plus de 1 700 € le 11 mai.
J’ai souvent rappelé dans mes articles sur le sujet que « pour ceux qui aiment la volatilité, le bitcoin offre un terrain de jeu comparable à celui des indices actions occidentaux depuis 1995, mais en version condensée : deux bulles magistrales – et peut-être une troisième en formation – en seulement trois ans, soit presque une bulle par an en moyenne ».
Eh bien nous y voici : nous sommes en plein dans la troisième bulle, à la nuance près que ce mouvement haussier aura cette fois-ci mis beaucoup plus de temps à se former que les précédents :
Cliquez sur le graphique pour l’agrandir
Source : https://bitcoincharts.com/charts/btcdeEUR#tgSzm1g10zm2g25zv
Quels sont les facteurs de la hausse ?
Vous souvenez-vous de ce graphique ?
Il représente la répartition moyenne du volume des échanges de bitcoins au cours des 30 derniers jours ; il est issu de l’article Comment et pourquoi les Chinois s’approprient le bitcoin, publié dans ces colonnes en novembre 2017.
Voici le même graphique, mais cette fois-ci en date du 16 mai 2017, six mois plus tard :
Source : https://bitcoincharts.com/charts/volumepie/
Le bitcoin est désormais négocié dans toutes les grandes devises mondiales, ce qui laisse entendre que les Chinois ne sont plus les seuls amateurs.
Le Japon, laboratoire de l’officialisation du bitcoin
Comment en est-on arrivés là ? Pour répondre à cette question, il semble qu’il faille revenir au début du mois d’avril qui a vu en particulier le Japon octroyer au bitcoin le statut de moyen de paiement légal avec effet au 1er du mois. Il n’a ensuite pas fallu attendre très longtemps pour que « deux grands groupes de distribution nippons [annoncent] qu’ils accepteraient prochainement les paiements en bitcoins : le géant de l’électronique Bic Camera […] et Recruit Lifestyle qui fournit la solution de paiement AirREGI, utilisée par plus de 200 000 entreprises à travers le monde », rapporte bitcoin.fr. Le Japon a donc décidé d’être le laboratoire de l’émergence du bitcoin en tant que moyen de paiement ordinaire.
[NDLR : Le bitcoin, cette monnaie électronique indépendante de tout gouvernement est-elle vraiment de « l’or numérique » ? A quoi peut-elle vraiment vous servir, à vous, en France ? Tout est expliqué ici.]
Il y a quelques jours, Martin Armstrong écrivait : « le bitcoin doit changer sa structure, sans quoi il ne deviendra jamais une devise valide permettant de stocker de la valeur de manière stable, ce qui est censé être le coeur du sujet. C’est juste une classe d’actifs à haute volatilité. Pour cette raison, bitcoin n’est pas prêt pour le prime time [NDT : c’est-à-dire l’utilisation par le grand public ou « vu à la télé »]. Cependant, c’est un problème distinct de lui de la technologie. »Les mois à venir nous permettront de juger qui du sulfureux blogueur financier Martin Armstrong ou du Parlement japonais est dans le vrai.
CNBC rapportait mi-avril que la Russie, pays où l’usage des cryptodevises est interdit depuis 2014, « cherchait à réguler la devise digitale », à « reconnaître le bitcoin et les autres cryptomonnaies comme des instruments financiers à horizon 2018 pour mieux s’attaquer au blanchiment d’argent ».
L’objectif des Etats est naturellement de « savoir à chaque instant qui se situe des deux côtés de la chaîne financière », comme le souligne Alexey Moiseev, ministre adjoint russe des Finances. Or, à la différence de certaines autres cryptodevises, bitcoin permet de réaliser cet objectif, constat qui motive sans doute ces changements de discours de la part de certaines autorités publiques.
Que voilà une position bien plus finaude que celle des Bernard Debré et autres Marine Le Pen qui réclamaient pas plus tard que l’année passée l’interdiction pure et simple du bitcoin…
Au 1er mai, ces différents assouplissements des positions de grandes puissances étatiques ont donné le résultat suivant :
En somme, ce sont les Japonais qui ont commencé à souffler dans cette nouvelle bulle, accélérant le mouvement haussier qui avait débuté cet hiver sur un rythme assez « calme » (en tout cas selon les standards en matière de bitcoin !), avant qu’une partie des épargnants occidentaux ne les rejoignent.
La question qui vous taraude est sans doute la suivante : est-il encore temps de rentrer sur ce marché dans une optique de court terme ? Je vous donne rendez-vous dès demain pour essayer d’y apporter une réponse.