La Chronique Agora

Bill Bonner décrypte pour vous la Première Crise Mondiale

** Un banquier suisse nous a écrit pour nous dire que selon son indicateur personnel de Santé Economique Mondiale, "les conditions actuelles sont 2,5 fois pires" que lors de la dernière crise en 1990.

* Nous dirions qu’elles sont pires que tout ce que nous avons déjà vu. Tout d’abord, nous n’avions jamais vu une correction qui soit aussi répandue dans le monde et aussi violente. Ensuite, nous n’avions jamais vu un effort aussi téméraire de la part des gouvernements mondiaux pour empêcher la crise.

* C’est la guerre. C’est mondial. Tout le monde sera pris dans la bataille – les entreprises, les investisseurs, les consommateurs, les retraités. Et cela se terminera par une crise mondiale. (Nous avons décidé de nommer cette crise à venir PCM – Première Crise Mondiale pour que cela soit plus facile à retenir.)

* Mais les guerres prennent du temps. La guerre éclair de septembre et octobre de M. le Marché va laisser place à une campagne hivernale plus calme. Il se peut même que nous soyons entrés dans une autre période de paix… comme celle de la "Grande Modération" dont le monde a profité pendant tant d’années. Si c’est le cas, nous conseillons à nos chers lecteurs de profiter de cette nouvelle opportunité pour se débarrasser de leurs actions et autres positions spéculatives.

* Le moment viendra où vous pourrez racheter en bourse… mais il se peut que ce moment soit très court. Le rendement moyen des actions du Dow Jones a augmenté (parce que les prix ont chuté), il est monté à 3,7%. Quand nous pourrons obtenir un rendement sûr de 6%, il sera temps de racheter en bourse.

* Lundi, le Dow Jones et l’or se sont maintenus. Le pétrole a perdu 3,90 $ pour atteindre les 63,91 $. Et le dollar est remonté à 1,26 $ pour un euro.

* Pour l’instant, M. le Marché gagne la guerre… et M. le Marché aime les liquidités.

* "J’ai appelé ma mère ce week-end," nous a dit un collègue anglais. "Je lui ai expliqué qu’avec son bon vieux compte épargne elle avait gagné plus que pratiquement tous les investisseurs du monde au cours du dernier trimestre. Elle en était très contente."

* M. le Gouvernement pourrait lui aussi avoir son jour de gloire. Les tentatives du gouvernement pour arrêter la correction… et regonfler la bulle du crédit… pourraient créer une crise plus importante et plus grave – une crise monétaire. Les devises ne vaudront plus rien. Quand cela se produira, vous serez contents d’avoir des pièces d’or et non pas des billets dans vos coffres-forts. Vous serez heureux de contempler les faces brillantes d’une pièce, plutôt que les portraits des présidents morts imprimés sur papier vert. Oui, quand la fusillade sera terminée et que la poussière sera retombée, l’or sera le seul survivant.

* Mais ce jour n’est pas encore arrivé. Pour l’instant, la devise est reine et le dollar est d’or, tandis que M. le Marché continue de s’acharner sur toute la structure de l’économie mondiale.

* La fabrication chinoise vient juste de subir sa pire contraction de l’histoire, d’après les journaux de mardi.

* L’index industriel américain n’est pas bien haut lui non plus.

* En Chine, la fabrication est terriblement importante. Sans elle, des centaines de millions de personnes vont perdre leur emploi. Que se passera-t-il quand les usines chinoises vont cesser de fonctionner et que les travailleurs chinois auront faim ? Nous ne savons pas… nous ne voulons même pas le savoir…

* Aux Etats-Unis, les usines n’ont pas autant d’importance. L’économie américaine dépend de la consommation, pas du ronronnement des usines. Bien évidemment, s’ils veulent consommer, les Américains ont besoin d’argent. Et il y a un hic ; ils n’en ont pas du tout. Ils n’ont pas d’épargne. Le crédit se resserre. Et maintenant… attention ! …le marché de l’emploi se resserre lui aussi.

* Résultat, les dépenses du consommateur américain ne se contentent pas de baisser… elles s’effondrent.

* Les ventes de voitures, par exemple, sont à leur plus bas niveau depuis 17 ans.

* Circuit City annonce la fermeture de 155 magasins.

* Et la consommation de pétrole aux Etats-Unis a chuté encore plus bas que ne l’avaient imaginé les analystes – moins 9% par rapport à l’année dernière.

* Vous voyez, cher lecteur, les marchés fonctionnent. Augmentez les prix et, ceteris paribus, vous réduirez les ventes. Augmentez la production et ceteris paribus, vous ferez baisser les prix. Provoquez une correction et les gens seront obligés d’abandonner leurs méthodes inadaptées pour en trouver de nouvelles.

* Mais une arnaque laisse place à une autre. Pendant la "Grande Modération" nous étions convaincus que nos autorités financières avaient trouvé la formule magique ; dorénavant une gestion économique éclairée, ainsi que des instruments financiers sophistiqués, qui repoussent les risques, élimineraient pratiquement les crises et les krachs. Il n’y avait donc plus aucune raison d’épargner pour les jours pluvieux, nous étions rassurés ; puisqu’il n’y aurait plus de jours pluvieux ! Mais nous sommes maintenant sous une averse… les marchés s’effondrent et le monde doit faire face à la pire crise qu’il ait jamais connue. Et on nous dit maintenant que les marchés ont échoué. Nous avons désormais besoin de Barney Frank, Ben Bernanke et Hank Paulson pour gérer notre système financier.

* Attendez une minute… nous ne nous souvenons pas d’avoir entendu Ben Bernanke nous mettre en garde contre un effondrement quand il a pris les rennes de la Fed en février 2006. Et Barney Frank n’était-il pas le président du comité des Services Financiers Internes quand Wall Street s’est déchaîné et a provoqué la plus grosse bulle des actifs de toute l’histoire ? Nous ne nous souvenons pas d’une quelconque intervention de sa part pour prévenir des dangers que cela représentait, ni de la moindre mise en garde avant que tout n’éclate. Et Hank Paulson… pendant que tout ça se passait, n’était-il pas à la tête de l’une des entreprises de Wall Street les plus spéculatives, les plus saturées de dérivatifs et dirigées par des milliards de dollars de bonus ?

* Peu importe…

Mais nous sommes désormais censés croire que les marchés ne fonctionnent pas… et que ces fonctionnaires bien intentionnés vont nous sauver des démons du capitalisme… et que les bureaucrates pourront fixer les prix et gérer le capital bien mieux que M. le Marché.

La déception laisse place aux hallucinations… la correction laisse place à la crise. 

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile